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    Mr. Robot sur Amazon Prime Video : pourquoi l'ultime saison est une totale réussite
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Lancée en 2015, Mr. Robot a touché à sa fin après 4 saisons. Les derniers épisodes de la série, disponibles sur Amazon Prime Video, ont apporté une fin en apothéose au personnage sublime et complexe incarné par Rami Malek. Bilan, avec spoilers.

    Attention, spoilers. Les paragraphes suivants contiennent des éléments d'intrigue de la saison 4 de Mr. Robot, désormais disponible sur Amazon Prime Video. Il est conseillé d'avoir vu les épisodes avant de poursuivre la lecture de cet article.

    Mr. Robot
    Mr. Robot
    Sortie : 2015-06-24 | 45 min
    Série : Mr. Robot
    Avec Rami Malek, Christian Slater, Portia Doubleday
    Presse
    4,3
    Spectateurs
    4,3

    Bye, friend. Après quatre saisons, Mr. Robot a tiré sa révérence avec un double épisode final intense qui a clos en beauté le labyrinthe psychologique formé dans la tête d'Elliot Alderson. Le génie torturé, le hacker intrépide, l'être associable qu'est le personnage incarné par un incroyable Rami Malek a enfin trouvé le chemin de la sortie. Après un premier épisode violent où Angela (Portia Doubleday) se fait tuer, la saison 4 de Mr. Robot continue de perdre lentement les protagonistes qui ont gravité autour d'Elliot. Mais ses pertes et sa lutte contre Whiterose (B.D. Wong) et la Dark Army ont permis à notre héros de renouer avec son passé et de découvrir enfin qui il est.

    Sauf qu'Elliot n'est pas Elliot. Le personnage que l'on a suivi pendant quatre saisons est en réalité une des personnalités que le vrai Elliot a créé pour se protéger et enfouir des souffrances de l'enfance. De même que l'"ami imaginaire" Mr. Robot (Christian Slater) est une version améliorée de son père, qui se révèle être un bourreau, un prédateur sexuel qui a maltraité et agressé Elliot dans son enfance dans la vraie vie. Elliot a aussi créé une meilleure version de sa mère et une version plus jeune de lui pour se protéger des souvenirs de ses années de sévices. La vérité se révèle alors dans ce qu'elle a de plus pure et crève le coeur dans un épisode parfait où l'émotion règne en maîtresse.

    Fin de partie pour Elliot

    Dans cette saison 4, les révélations s'enchaînent dans des séquences dont la mise en scène est à couper le souffle. Sam Esmail est animé par un souci du détail précis et un perfectionnisme sensible qui offrent un résultat plus que sublime. Rien n'est laissé au hasard et chaque fragment de jeu d'acteur, de décor ou de lumière apporte des indices précieux. Sam Esmail nous perturbe en mêlant moments d'émotion et scènes psychédéliques. Il joue avec nos peurs, nos fantasmes et nos désillusions cristallisés dans l'être perturbé qu'est Eliott. Et ce, jusque dans les derniers épisodes où il arrive encore à nous faire douter et à pencher du côté fantastique avant de nous ramener les pieds sur terre. Elliot "Le Cerveau" qu'on a suivi pendant 4 saisons était sur le devant de la scène pour protéger le vrai Elliot qui était dans un monde confortable : des parents aimants, une soeur inexistante et un mariage avec Angela.

    Elizabeth Fisher/USA Network

    Mais il est indéniable que cet univers fictif n'est pas la solution idéale et il est essentiel, voire même vital, d'aller de l'avant. Le double épisode final de Mr. Robot est aussi un hommage jouissif au cinéma de David Fincher avec la fameuse réplique "What's in the box ?" de Seven lorsque dans le monde doux et rassurant créé pour le vrai Eliott, il est confronté à Dom (Grace Gummer) en policière municipale. Mais aussi surtout à ce plan d'Eliott le Cerveau contemplant les buildings devant les grandes baies vitrées qui rappelle le même sentiment de triste et fatale plénitude de Tyler (Edward Norton) dans Fight Club. Sauf qu'Eliott le Cerveau nous invite à lâcher prise pour enfin sortir de la torpeur.

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    Nous, ses "amis", qui l'avons épié durant quatre saisons, qui avons tenté de comprendre cette histoire rocambolesque racontée par un narrateur peu fiable, emmêlé dans ses personnalités singulières mais indissociables les unes des autres tant le vrai Eliott a souffert. Parce que sa famille n'a pas été à la hauteur, Eliott en a créé une nouvelle pour survivre. Et il nous a invité à en faire partie. Après avoir enfin compris que le cocon inventé pour échapper à sa réelle existence ne pouvait perdurer et que la personnalité de justicier hacker n'était qu'une façon de gagner du temps, Eliott revient à la surface et reprend enfin possession de son corps sur son lit d'hôpital en retrouvant Darlene (Carly Chaikin), seul membre de sa famille restant et un pilier qui le connecte à la réalité.

    Peter Kramer/USA Network

    Après avoir protégé son secret pendant quatre saisons en se lançant dans des missions de hacking de niveau international contre une société capitaliste en déclin, notre ami brise enfin les barrières et déchiffrent les codes. Rien que les titres des épisodes de la saison 4, très différents des noms codés donnés aux chapitres des saisons précédentes, donnent le ton de cette ultime salve d'épisodes : plus de pistes brouillées, plus de jeu du chat et de la souris, plus de déchiffrage, plus de faux semblants. La vérité brute éclate enfin grâce à deux twists forts racontés par la thérapeute d'Elliot.

    Mr. Robot était bien plus qu'une série sur un génie de l'informatique souffrant d'anxiété sociale qui se glissait parmi les anonymes pour faire exploser notre société. Le bijou sériel de Sam Esmail traitait avant tout de la maladie mentale, des troubles dissociatifs de l'identité, des traumatismes de violence sexuelle et familiale, de la reconstruction d'un être humain brisé. En tant que spectateur et "ami", nous avons été un outil indispensable dans le processus de guérison et d'acceptation d'Elliot. Sam Esmail nous a donné une place royale dans la construction de son récit, souvent compliqué mais tellement passionnant, et rien que pour cette expérience télévisuelle hors du temps, on peut lui dire merci.

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