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    Quand Disney sabordait un jeu vidéo adapté de Pirates des Caraïbes
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Attendu en 2011, très ambitieux, censé être la première tentative de créer un jeu en monde ouvert basé sur la franchise Pirates des Caraïbes, "L'armée des damnés" fut malheureusement sabordé par Disney...

    Propaganda Games

    Comme à peu près toutes les franchises cinématographiques, la saga Pirates des Caraïbes de Disney n'a pas échappé à la règle des produits dérivés, notamment en jeux vidéo. Vous avez peut être vu passer le jeu Lego Pirates des Caraïbes, édité à l'époque par Disney et sorti en 2011, dans le sillage de Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence. Le jeu intégrait d'ailleurs les intrigues, lieux et personnages du 4e opus de la saga orchestré par Rob Marshall.

    Si le jeu Lego, développé par le studio TT Games, spécialisé sur la licence, était tout à fait sympathique et plein d'humour, marque de fabrique des titres estampillés Lego d'ailleurs, la firme aux grandes oreilles débrancha malheureusement un an plus tôt, en octobre 2010, un projet autrement plus ambitieux.

    Il s'agissait rien de moins q'un jeu Pirates des Caraïbes en monde ouvert. Son titre ? Pirates des Caraïbes : l'armée des damnés. Avant l'ensemble des événements de La Malédiction du Black Pearl, le jeu devait suivre James Sterling, un capitaine pirate dont la mission principale était de voyager à travers la mer des Caraïbes pour se faire une réputation.

    Un pirate presque mort-né

    Le développement du jeu d'action - aventure / jeu de rôle Pirates des Caraïbes : l'armée des damnés fut confié aux bons soins du studio Propaganda Games, propriété de Mickey à l'époque. Fort d'un bataillon de 200 personnes, le studio avait carte blanche pour créer l'univers d'un jeu voulu par Disney comme canon à la franchise.

    Après un an de développement, il fut présenté en grande pompe en 2009 au salon de l'E3, et fit sensation. Un an plus tard, le titre dévoilait une jolie cinématique; il reste de cette présentation un trailer, que voici...

    En parallèle du développement de ce jeu à venir, Propaganda Games travaille aussi sur une autre licence : un jeu censé soutenir la sortie de Tron legacy, baptisé Tron Evolution. Seul ce jeu sortira finalement, en décembre 2010, tandis que le couperet tombera sur le jeu Pirates des caraïbes, dont la rumeur disait que Disney avait trouvé le titre trop violent.

    Propaganda Games ne se relèvera d'ailleurs pas : une restructuration du studio, imposée par Disney, laissa sur le carreau plus de 100 salariés. L'équipe de développement restante travailla à l'achèvement de Tron: Evolution, incluant également l'équipe concernée par les licenciements. Après quoi le studio fut définitivement fermé.

    Le feu couve sous la glace

    En réalité, l'explication de l'annulation du jeu Pirate des Caraïbes va, évidemment, bien au-delà de la question de la supposée violence du titre à venir.

    Avant même que Bob Iger, le PDG de Disney à l'époque, ne se décide sans état d'âme à sabrer le mythique studio LucasArts en 2013, un vent mauvais soufflait sur les studios de développement de jeux vidéo rachetés à tour de bras par Disney au fil des ans. En 2010-2011, Disney n'en était pas encore à vouloir désormais se contenter de vendre les licences d'adaptations et ne plus développer de jeux en interne. Mais elle lorgnait avec gourmandise le marché des jeux vidéo sur Smartphones, qui explosait.

    C'est dans cet intérêt bien compris qu'elle déboursa en juillet 2010 la coquette somme de 763 millions $, pour racheter la société Playdom, grand concurrent de Zynga, spécialisé sur les jeux pour mobile. Les grosses contre-performances de ventes sur les jeux Tron Evolution et hélas Epic Mickey 2 ont achevé de convaincre Disney de liquider la quasi totalité des studios travaillant sous son pavillon.

    L'empire Disney a beau nager dans des rivières de dollars côté cinéma, notamment grâce à l'exploitation des licences Marvel et Star Wars, l'échec de la firme aux grandes oreilles au rayon jeux vidéo est cinglant. Avec une perte s'élevant à 147 millions de dollars pour sa division jeux vidéo en 2016, la firme annonça qu'elle mettait fin à l'édition de jeux sur consoles, enterrant de facto Disney Infinity, le jeu - jouet avec ses figurines, censé représenter une véritable martingale avec dans son catalogue des licences aussi fortes que l'écurie Marvel ou Star Wars, mais aussi Pixar et les productions maisons. Sorti deux ans après la franchise des jeux - jouets Skylanders côté Activision, Disney Infinity n'aura finalement pas survécu.

    Durant des années, la société a cherché à rencontrer le même succès que sa rivale Warner Interactive; l'une des rares Majors survivantes à avoir une division interne consacrée aux développement de jeux vidéo et à avoir racheté plusieurs studios de développement pour parvenir à ses fins.

    Mais Disney n'a jamais cessé de donner l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser en matière de stratégie de développement concernant les jeux vidéo. Avec une perte cumulée sur la division jeux vidéo et web de 1,3 milliards $ depuis 2008, la firme a préféré arrêter les frais.

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