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    Millénium, Prometheus, Lamb... Noomi Rapace revient sur 5 rôles marquants de sa carrière
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    À l'affiche du singulier "Lamb", le 29 décembre au cinéma, l'actrice suédoise Noomi Rapace se livre sur 5 expériences qui ont changé sa carrière, du rôle qui l'a révélée dans "Millénium" à son retour au cinéma islandais.

    La première fois que Noomi Rapace apparaît à l’écran c’est en 1988 dans un film islandais intitulé L’Ombre du corbeau de Hrafn Gunnlaugsson. Elle n’a alors que 9 ans. Trente-trois ans plus tard, l’actrice revient en Islande avec Lamb de Valdimar Jóhannsson. Ce conte folklorique, lauréat du Prix de l’Originalité dans la section Un certain regard à Cannes, met en scène un couple isolé dont la vie va basculer après la découverte d’un étrange agneau.

    Qu’elle soit au cœur d’un blockbuster ou à l’affiche d’un film indépendant, la star suédoise s’est souvent illustrée dans des rôles de femmes empathiques, complexes et combatives. De passage à Paris, elle est revenue sur sa carrière, en particulier sur 5 films, qui ont eu un impact important sur son parcours. Rencontre sans filtre.

    Son regard sur… Millénium

    Rôle : l’énigmatique et punk Lisbeth Salander

    C’est en 2009 que Noomi Rapace est révélée au monde entier avec la trilogie Millénium, adaptée des romans de Stieg Larsson. Devenu emblématique, ce rôle de hackeuse est rapidement devenu son personnage signature.

    UGC Distribution

    Lisbeth Salander me ramène à une période de ma vie qui était compliquée. À cette époque, je gardais en moi une grande souffrance. C’est une femme qui est associée à un chapitre de mon passé avec beaucoup de cicatrices. Et en même temps, c’est grâce à elle que je me suis sentie représentée de la manière la plus honnête possible. Lisbeth et moi ne formons qu’une seule personne, et dans mon métier, je crois beaucoup en la sincérité.

    C’est pourquoi ce rôle a changé ma carrière et m’a permis de vivre toutes les expériences qui ont suivi. En tant qu’actrice, je ne veux pas faire semblant, je veux m’effacer derrière mon personnage, je veux être honnête. D’ailleurs, Maria, mon personnage dans Lamb et Lisbeth se ressemblent. Elles sont très proches de moi, elles me ressemblent beaucoup.”

    Son regard sur… Prometheus

    Rôle : la scientifique Elizabeth Shaw

    En 2012, elle est choisie par Ridley Scott pour interpréter le premier rôle du préquel d’Alien, Prometheus. Dans le monde, le film est un beau succès, récoltant plus de 400 millions de dollars.

    Twentieth Century Fox

    Ridley Scott m’a offert une place à Hollywood en me disant : “Je veux travailler avec toi, je veux que tu joues l’héroïne de mon prochain film et tu n’as rien à me prouver.” Je n’ai même pas eu besoin d’auditionner ! Il savait déjà ce qu’il voulait. Mais surtout, il m’a considérée avec énormément de respect et m’a fait beaucoup de place. Je n’ai jamais eu à me battre pour exister, ce qui m’a permis d’être… simplement moi-même.

    C’est quelque chose que je continue de chercher pour chaque rôle. J’essaye d’être moi-même. Donc, pour moi, c’est bien plus que Prometheus ou l’héritage d’Alien, c’est un film qui m’a permis de créer un pont entre la Noomi des films scandinaves et celle des films hollywoodiens. Et j’adore Elizabeth Shaw. Elle a beaucoup d’empathie et une bonne compréhension du genre humain.”

    Son regard sur… Passion

    Rôle : la discrète, mais dangereuse Isabelle

    Dans la foulée, toujours en 2012, Noomi Rapace travaille sous la direction d’un des plus grands réalisateurs d’Hollywood : Brian de Palma. Sur ce remake du film français Crime d’amour d’Alain Corneau, elle donne la réplique à Rachel McAdams, qu’elle avait rencontrée sur le tournage de Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres.

    Ascot Elite Filmverleih

    J’étais très intriguée par la relation entre mon personnage et celui de Rachel McAdams. Ce sont des femmes très complexes et si désespérées, avec tout un jeu d’admiration, de séduction et de haine. J’avais l’impression d’être dans un champ de mines, on ne sait jamais quand ça va exploser. C’était un tournage très difficile, psychologiquement. J’ai fait beaucoup de recherches sur les psychopathes et j’ai rencontré un professeur spécialisé sur le sujet. Je jouais une femme avec des troubles sociopathiques, ce qui signifie qu’elle n’a aucune empathie. C’était une façon différente de travailler.

    Avec Brian De Palma… [elle marque un temps de pause, NDLR] il y a eu pas mal de clashs ! Il vient d’une autre époque et j’ai moi-même pas mal de caractère. Je pense qu’il avait l'habitude de tourner avec des femmes qui font tout ce qu’il demande. Nous nous sommes assez accrochés, puis nous avons finalement trouvé un rythme de travail. C’était un monstre du vieux cinéma qui rencontrait une jeune rebelle donc évidemment… Mais c’était un tournage très intéressant et stimulant.

    Son regard sur… Seven Sisters

    Rôles : les sœurs Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi…

    Dans le thriller de science-fiction Seven Sisters de Tommy Wirkola, elle incarne pas un, mais 7 rôles différents. Noomi Rapace prête ses traits à 7 personnalités dont les prénoms sont associés aux jours de la semaine. En France, Seven Sisters a rassemblé près de 2 millions d'entrées.

    Splendid Film

    Ce film a été l’une des expériences les plus difficiles pour moi. Il fallait tout planifier, il m’était impossible d’improviser. D’habitude, jouer c’est être dans le moment. Je réagis à ce qu’on me donne, c’est un partage. Seule, je devais créer la communication. C’était presque à moi de réaliser les scènes avec le réalisateur, Tommy Wirkola. Je devais répéter et prendre des décisions bien avant de tourner. C’était un vrai défi. Par exemple, lorsque l’un de mes personnages meurt, les autres se mettent à pleurer. Je dois donc réagir à ma propre mort et trouver 5 façons différentes d’exprimer le chagrin et la douleur.

    Il fallait donc être très préparée et mettre sa vanité de côté. De toute façon, la vanité n’a pas sa place dans le métier d’acteur. On ne peut pas jouer en se demandant si on passe bien à la caméra. Je me regardais dans le moniteur pour savoir si tout était cohérent, pas si j’étais jolie ou pas. Au total, le tournage a duré 94 jours et c’était comme ça du début jusqu’à la fin. Quand je suis revenue à Londres, je ne pouvais même plus parler aux gens. J’étais vidée.

    Son regard sur… Lamb

    Rôle : la mutique María

    Avec Lamb, elle retourne en langue islandaise pour la première fois depuis son enfance. Surtout, elle joue devant la caméra de Valdimar Jóhannsson, qu’elle avait croisé sur le tournage de Prometheus une décennie plus tôt. À cette époque, le cinéaste travaillait en tant que technicien sur le film de Ridley Scott, dont une partie avait été tournée en Islande.

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    Quand je tournais le film, j’avais le sentiment que l’on préparait quelque chose de spécial, en tout cas ça l’était pour moi. Mais j’étais loin de penser que ça allait l’être pour autant de monde. Je ne m’y attendais pas. J’en parlais à Valdimar à Londres il y a quelques jours et je lui disais que tout ce qui se passe autour du film depuis sa première à Cannes, c’est que du bonus, encore et encore.

    Ce film m’a déjà tellement donné. Être en Islande, filmer avec les agneaux, jouer une femme comme María, lui donner vie… tout ça, c’était déjà des cadeaux pour moi. Et prendre part à cette histoire sur la réparation, la guérison et la maternité, c’est quelque chose que j’avais besoin de faire dans ma vie.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 13 décembre 2021.

    Reportage en Islande - sur les traces du cinéma islandais :

     

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