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    Les Visiteurs sur TF1 : le film a failli ne jamais voir le jour

    En écrivant Les Visiteurs, Christian Clavier et Jean-Marie Poiré se sont heurtés à la réticence des producteurs face à certaines de leurs exigences, ce qui aurait pu être préjudiciable au film, au point qu'il ne voit jamais le jour.

    "Il parle un sabir, moitié latin, moitié vieux français", analyse l'interne Beauvin joué par Didier Bénureau lorsqu'il est pour la première fois confronté à Godefroy de Montmirail, tout droit venu du temps de Louis VI le Gros et débarqué en 1992 dans Les Visiteurs. Pourtant, ce langage en partie inventé pour le film, a bien failli ne pas voir le jour, comme du reste le film tel que nous le connaissons.

    Au moment de concevoir le projet et surtout de le financer, le duo de scénaristes Christian Clavier / Jean-Marie Poiré. se heurte à un obstacle de taille : le producteur Alain Terzian a d'énormes réticences à donner son aval à cet élément désormais clé du film.

    Les Visiteurs
    Les Visiteurs
    Sortie : 27 janvier 1993 | 1h 45min
    De Jean-Marie Poiré
    Avec Jean Reno, Christian Clavier, Valérie Lemercier
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,8
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    "Le fait que [les personnages] puissent parler en vieux français faisait très très peur à Terzian", raconte Christian Clavier dans le riche documentaire Les Visiteurs revisités. Paraphrasant les propos du producteur, il déclare :

    Comment voulez-vous que les jeunes des banlieues aillent voir un film qui s'exprime dans cette langue-là ? Le Moyen-Âge, c'est ce qui coûte le plus cher, ce n'est pas ce qu'il y a de plus drôle, c'est un langage qui ne va pas être compréhensible, supprimez tout ça, ça sera beaucoup plus simple pour faire le film.

    "Il a fallu qu'on se batte beaucoup avec Christian pour imposer ça, que ça soit en vieux français", confirme Jean-Marie Poiré. "Et c'est vraiment un vieux français qui existe, j'ai trouvé avec beaucoup de difficultés (...) un dictionnaire pour les universitaires et j'ai passé quelques heures à chercher les mots qui sonnaient bien, comme la souplette, la merdasse et que l'on peut comprendre. (...) Je pense que ça parlait beaucoup aux gens et ça amusait beaucoup les enfants".

    Gaumont

    A la sortie du film, ces derniers s'échangeront en effet les répliques des Visiteurs dans la cour de récréation, contribuant à la popularité du film et à ses entrées record. Sauf que Terzian veut non seulement couper le vieux français, mais aussi toutes les scènes se déroulant au Moyen-Âge, ce qui pour Poiré relève de l'absurdité :

    "Si vous commencez avec deux acteurs en costumes qui se baladent sur une route (...), tout le monde va dire 'bon ben c'est deux figurants d'un feuilleton télé qui sont partis avec leurs costumes'. C'est assez mignon."

    "Alain Terzian est un homme tout à fait sympathique et très drôle, que j'aime beaucoup", surenchérit Poiré, "mais il est comme tous les producteurs. Il s'amuse [davantage] avec une scène de deux personnes qui discutent dans une chambre qu'avec une scène avec 5000 figurants, un bateau traversant le quai ou un avion qui s'écrase", souligne-t-il avec humour, avant de poursuivre :

    Gaumont

    "J'ai toujours entendu les producteurs dire 'ce n'est pas tellement drôle, ce truc-là'. Alors que jamais on ne vous embête pour une scène trop longue qui se passerait dans un restaurant et qui ne coûte pas cher à tourner."

    Christian Clavier, toujours das le documentaire Les Visiteurs revisités, souligne que la coupe de la partie moyenâgeuse du film n'aurait pas eu de sens et aurait même nuit au film :

    C'est là qu'on se rend compte qu'un financier peut être tout à fait à l'encontre des idées des artistes, parce qu'on aurait fait ça, le film ne tenait plus la route.

    "Donc on a eu trois à quatre mois d'une discussion très compliquée jusqu'à ce que Gaumont prenne la décision et nous fasse confiance, en partant sur un budget plus important", relate l'acteur comique. "Car qui dit Moyen-Âge dit costumes, chevaux, extérieurs et c'est beaucoup plus cher, pour que l'on puisse faire le film tel qu'il était pensé par nous".

    Gaumont

    Il faut reconnaître que leur vision était la bonne, puisque Les Visiteurs a réuni lors de sa sortie 13,78 millions de Français dans les salles obscures, loin devant les autres succès de l'année comme Aladdin (2e, avec 7,3 millions d'entrées), Jurassic ParkGerminal et Le Fugitif.

    Deux suites ont vu le jour, en 1997 Les Visiteurs 2 : Les couloirs du temps, puis en 2016, Les Visiteurs - La Révolution. Un remake américain de triste mémoire est également sorti, Les Visiteurs en Amérique, co-écrit par John Hughes, avec Jean Reno et Christian Clavier dans les rôles principaux, mais aussi Christina Applegate, Matt Ross, Tara Reid et Malcolm McDowell (dans le rôle de l'apothicaire).

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