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    Avortement aux Etats-Unis : la série The Handmaid’s Tale n’est plus une fiction
    Emilie Semiramoth
    Emilie Semiramoth
    Cheffe du pôle streaming, elle a été biberonnée aux séries et au cinéma d'auteur. Elle ne cache pas son penchant pour la pop culture dans toutes ses excentricités. De la bromance entre Spock et Kirk dans Star Trek aux désillusions de Mulholland Drive de Lynch, elle ignore les frontières des genres.

    Alors que l’avortement vient d’être révoqué aux Etats-Unis, The Handmaid’s Tale vient de conclure le tournage de sa saison 5. Un de ses producteurs qualifie la série de dramatiquement pertinente.

    Les deux derniers épisodes de la saison 5 de The Handmaid’s Tale – adaptée du best-seller de Margaret Atwood – étaient en train d’être tournés vendredi dernier à Toronto lorsque la Cour suprême des Etats-Unis a révoqué l’arrêt Roe v. Wade rendu par cette même instance en 1973. Cette décision enlève aux femmes leur droit constitutionnel d’avoir accès à l’avortement et donne la possibilité à certains Etats d’interdire l’avortement sur leur territoire.

    Alors que des manifestants se sont aussitôt regroupés devant le siège de la Cour suprême à Washington pour marquer leur opposition à la décision, certaines femmes portaient le costume de June (Elisabeth Moss) dans The Handmaid’s Tale, celui de Servante qui réduit les femmes en esclavage. Au cours des deux dernières années, cette tenue est devenue un symbole de la lutte des femmes pour protéger leurs droits reproductifs, comme le montre ce tweet d'une journaliste de l'agence Reuters :

    "Nous avons dit à plusieurs reprises ces dernières années que nous aimerions être moins pertinents, mais malheureusement, la série a été d'une pertinence obsédante. Et aujourd'hui, cela semble encore plus vrai", déplore le producteur délégué de la série, Warren Littlefield, dans une interview que rapporte Deadline.

    Nous souhaitons tous n’être qu’un concept bizarre, dystopique, auquel personne ne croirait jamais. On aimerait tous n’être qu’un roman graphique totalement inventé.

    Margaret Atwood a écrit La Servante écarlate plus d'une décennie après la décision de l’arrêt Roe v. Wade qui protégeait le droit des femmes aux Etats-Unis. Son roman – qu’on pouvait encore qualifier de dystopique il y a peu – dépeint un futur proche inspiré de la Nouvelle-Angleterre du XVIIème siècle où un État patriarcal et totalitaire – connu sous le nom de République de Gilead – suppriment les droits élémentaires des femmes.

    The Handmaid’s Tale : la servante écarlate
    The Handmaid’s Tale : la servante écarlate
    Sortie : 2017-04-26 | 60 min
    Série : The Handmaid’s Tale : la servante écarlate
    Avec Elisabeth Moss, Yvonne Strahovski, Madeline Brewer
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    4,4
    Voir sur Prime Video

    C’est la plateforme Hulu qui a développé la série aux Etats-Unis, sous la supervision de son créateur Bruce Miller, durant le second mandat de Barack Obama. La première saison a immédiatement été commandée au printemps 2016 alors qu’il n’y avait encore aucune menace sur le droit des femmes à l’horizon à cette période.

    En novembre 2016, en plein cœur du tournage de la première saison, un changement politique majeur survient. "Nous avons tous veillé très tard le soir de l'élection où nous pensions célébrer l'arrivée de la première femme, présidente des États-Unis. Nous pensions que la série allait toujours être pertinente et importante", se souvient Littlefield. "Puis tout à coup, Donald Trump a été élu et le monde a changé. Quand nous sommes arrivés à l'antenne [en avril 2017, ndlr], c'était le début de l'administration Trump."

    La série comme symbole de résistance

    Au cours des six dernières années, menant à la décision de vendredi rendue par une majorité conservatrice de la Cour suprême nommée en partie par Trump, il y a eu une série de lois d'État qui ont restreint l'avortement dans des endroits comme la Géorgie, l'Ohio et le Texas. Alors que les femmes ripostaient, enfiler le costume de servante lors des manifestations est devenu une image de résistance.

    "C'est une immense fierté de voir des manifestations dans tout le pays – et aussi dans le monde entier – où les femmes mettent le costume de la Servante, la robe, le bonnet, et le voir devenir un symbole de la lutte pour la liberté des femmes et leurs droits", a poursuivi Warren Littlefield.

    "Mais aujourd'hui, je ressens une énorme tristesse, de la colère et de la frustration à cause de ce que nous sommes en ce moment en Amérique et de ce que cela dit. Au cours des dernières années, nous avons vu partout sur la planète la montée de l'extrême droite. Malheureusement, je pense que les États-Unis sont en tête, et avec la montée de ce mouvement, la restriction des droits et des libertés des femmes continue."

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    Dans la cinquième saison à venir, Littlefield déclare que "nous nous penchons sur la façon dont la droite s'est infiltrée même au Canada, qui était auparavant traité comme un lieu sacré ; nous montrons que Gilead s'y élève également."

    La décision de la Cour suprême est-elle une incitation à poursuivre l'histoire de The Handmaid’s Tale avec une sixième saison ? "Je pense que depuis le premier jour, le but est d'avoir un récit puissant et dramatique qui nous unit à June dans son combat, et nous donne de l'espoir. Elle n'a pas abandonné et nous ne pouvons pas abandonner", a-t-il déclaré.

    "Je pense que c'est un message puissant : que malgré tout ce à quoi June est confrontée à Gilead, il y a une lueur d'espoir dans son combat et son déterminisme. Je pense que c'est précieux et important. Nous sommes toujours pertinents, et tant que Bruce et l'équipe d’auteurs estiment qu'il y a encore des choses à dire, alors c'est ce que nous ferons."

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