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    Marianne sur France 2 : comment Marilou Berry s’est transformée pour la série
    Tiffany Pintado
    Tiffany Pintado
    Passionnée de sitcoms depuis sa jeunesse, elle dévore les épisodes de "The Big Bang Theory", "How I Met Your Mother", "Friends" et suit avec assiduité les différentes quotidiennes françaises ("Ici tout commence", "Demain nous appartient"...)

    Dans "Marianne", diffusée ce soir sur France 2, Marilou Berry s’est totalement transformée pour incarner le rôle d'une juge d’instruction excentrique et passionnée. Elle nous raconte plus en détail comment elle a créé le personnage de toutes pièces.

    AlloCiné : Grâce à Marianne, vous incarnez pour la première fois le premier rôle d'une série. Quel est votre sentiment à ce propos ?

    Marilou Berry : Je n’ai jamais vu les choses sous cet angle car j'ai la sensation de toujours incarner des premiers rôles. Je conçois que cela puisse paraître étrange, mais j’aborde toujours mon personnage comme si c’était le personnage principal. Tous les personnages sont des premiers rôles, ils sont tout aussi importants les uns que les autres.

    La différence, c’est qu’il y a plus de travail sur Marianne dans le sens où c’est 60 jours de tournage, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Sinon, dans le processus de création, cela ne change pas grand-chose.

    Comment vous a-t-on présenté ce projet et pourquoi l’avez-vous accepté ?

    Comme pour tous les projets, c’est mon agent qui m’a appelée en m’indiquant qu’elle avait une nouvelle proposition à me transmettre. À cette époque-là, je tournais la deuxième saison de Je te promets que je réalisais. Au départ, j’ai hésité parce que je savais que la série allait se tourner à Toulon et je n’avais pas forcément envie de partir loin de chez moi.

    Puis, lorsque j’ai lu le projet, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité. Je connaissais déjà le documentaire Ni juge, ni soumise qui a inspiré Marianne et j’avais adoré ce personnage. Et je trouve l’adaptation des réalisateurs et scénaristes Franck Magnier et Alexandre Charlot brillante dans l’écriture, les enquêtes, les personnages surréalistes et pourtant tellement réels. Car c’est aussi cela la vie, des situations surréalistes il y en a partout, tous les jours. Et retranscrire cela dans une série, sans que ce soit un pastiche ou une parodie, je trouve que c'est une démarche incroyable.

    Qu’est-ce qui vous a touché dans l’histoire de Marianne ?

    Déjà, le fait que ce soit une femme qui exerce un métier dans lequel il y a beaucoup d’hommes. Mais aussi, que ce soit une femme forte, extrêmement autonome, indépendante, sans enfant, célibataire et qui pourtant ne subit pas du tout son quotidien puisque ce sont ses choix de vie. Je trouve cela très fort de pouvoir incarner un personnage comme Marianne. Et sa manière d’interagir avec la réalité est l’espace rêvé pour un comédien.

    Marianne (2022)
    Marianne (2022)
    Sortie : 2022-09-07 | 52 min
    Série : Marianne (2022)
    Avec Marilou Berry, Alexandre Steiger, Drimi Gouttebel
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    3,3

    La personnalité de votre personnage se retrouve vraiment dans son style vestimentaire. Comment avez-vous participé à l’élaboration du look de Marianne ?

    Dieu est dans les détails ! Dans le sens où le mieux est toujours l’ennemi du bien. Et je pense que ce qui fait qu’on aime une image, ce sont les détails. Je trouve que le véritable drame de l’ère moderne c’est que nous les perdons. Que ce soit dans le design ou dans la vie, on tend vers quelque chose d’extrêmement simplifié. Alors que, selon moi, les détails font le plaisir du regard humain.

    Par exemple, je regarde en ce moment Manifest sur Netflix et, à mon sens, la série est très addictive. Et pourtant, le grand reproche que je peux lui faire, c’est qu’on est dans une série américaine assez lisse dans laquelle il n’y a pas de détails. Pourtant, elle reste addictive puisque le sujet arrive à nous tenir. Mais sinon, les décors et les vêtements sont neufs, les comédiens sont tous bien maquillés et coiffés, tout le monde est lisse et on arrive tout de même à prendre du plaisir.

    Mais moi, ce que j’aime davantage, c’est ce que l’on peut retrouver dans des séries comme Stranger Things, c’est le travail énorme de la direction artistique. J'adore cet aspect-là au cinéma ou à la télévision, car je pense que la vérité provient des détails.

    Finalement, si j’ai mes lunettes, mon bureau, mes feuilles en face de moi, je n’ai pratiquement pas besoin de jouer. Il ne me reste plus qu’à me laisser porter par la situation et c’est à partir de ce moment-là qu'on prend du plaisir en tant qu’acteur puisque, paradoxalement, on essaie de jouer le moins possible. C’est-à-dire que je préfère courir avant une scène et être vraiment essoufflée, plutôt que de faire semblant de l’être. Je peux bien entendu l’interpréter mais cela implique d’y penser en plus de la situation et de mes collègues.

    Après, il y a autant de méthode que de comédien mais, de mon côté, j’essaie de trouver des moyens pour jouer le moins possible pour vraiment me laisser porter.

    Donc, cela passe par les chaînes de lunettes de Marianne, ses bijoux, l’accord entre son maquillage et ses vêtements, ce sont pleins de petites choses qui racontent le personnage puisque ce sont ses traits de caractère qui amènent de la vie. Dans le tableau global, on ne pointe pas du doigt les détails, mais ils en font partie.

    Dans Marianne nous n’en savons pas beaucoup sur le personnage de cette juge que vous incarnez. Les accessoires nous permettent de la connaître d’une certaine manière...

    En effet, c’est pour éviter de justifier. L’ennemi de la créativité, c’est la justification. Malheureusement, à la télévision, comme il y a beaucoup de raccourcis, beaucoup de faits et beaucoup de personnages par épisodes, on n’a pas le temps d’expliquer ou de rappeler certaines choses.

    Et le travail des artistes, que ce soit les réalisateurs ou les acteurs, est de tout simplifier pour que les justifications soient présentes par elles-mêmes, sans passer par les mots puisqu’ils sont toujours moins forts que les faits ou que les ressentis.

    Nathalie GUYON

    Quelles ont été vos inspirations dans le processus de création de Marianne ?

    J’ai beaucoup été inspirée par la notaire de ma famille, Maître Le Boudec, que je connais depuis toute petite. Si son métier n’a rien à avoir avec la thématique de la série, elle évolue également dans un bureau mais ne va pas sur le terrain. Pour moi, elle a été la porte d’entrée de ce personnage tellement caractérisé.

    Par exemple, ce notaire a toujours porté une petite broche, la même coiffure, les mêmes lunettes et ce pendant plus de 20 ans. Et ce côté immuable est selon moi extrêmement caractérisé avec justement un plaisir sans même un mot, ce fut pour moi le moyen de créer Marianne.

    Après, concernant l’image du personnage, j’ai tout de suite eu la vision de cette femme qui a les cheveux bouclés en désordre et de ce look qui ne suit surtout pas la mode ou qui ne correspond pas à ce qu'on qualifie aujourd’hui de "joli", et qui est d’ailleurs différent de la beauté. Je n’avais vraiment pas envie d’aller dans la joliesse qui est inhérente à une époque ou à ce qu’on estime être la mode actuelle. Selon moi, c’était la manière justement d’atteindre une certaine beauté.

    En tout cas, j’avais cette idée dès le départ, et la plus grande partie du travail a ensuite été de la vendre aux réalisateurs. Et finalement ils ont compris ce que je voulais leur dire, mais ils m’ont aussi laissée essayer des choses et ont rebondi sur cette proposition. Puis, ensemble, on a créé quelque chose d'encore mieux et de différent de ce que j’avais en tête. Je pense que cela a été intéressant de créer Marianne en équipe. Finalement, c’est de cette manière que l’on élabore un personnage, avec les idées de chacun.

    Pensez-vous que les séries comme Munch ou HPI ont ouvert la voie à des personnages de femmes fortes dans les domaines policier et judiciaire ?

    Bien sûr. Je pense qu’aujourd’hui il y a une volonté de faire émerger des personnages féminins dans la fiction mais aussi d’avoir des équipes plus mixtes sur les tournages. Selon moi, les femmes ont de plus en plus de place et de pouvoir. Donc cela se traduit par avoir également davantage de personnages de femmes fortes, indépendantes, célibataires, sans enfants à la télévision.

    J’ai également apprécié de pouvoir montrer que tout cela ne signifie pas avoir une vie nulle comme certains peuvent le penser et c’est en ce point qu’il y a un véritable progrès. Il y a quelque temps, certaines personnes auraient dit : "La pauvre, elle n'est pas mariée, elle n’a pas d’enfant, elle est seule et triste". Mais Marianne, ce n’est pas du tout quelqu’un qui subit cette solitude, au contraire, elle l’a choisie et en est heureuse.

    Seriez-vous partante pour une deuxième saison de Marianne ?

    Je signe tout de suite ! Même pour 12 saisons car c’est un tel plaisir à jouer ! Marianne est un personnage si solaire. Vraiment je l’aime beaucoup.

    Retrouvez Marianne dès le mercredi 7 septembre à 21h10 sur France 2. La série est d’ores et déjà disponible en intégralité sur Salto.

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