Née Stanley, Bree est à une semaine de l'opération qui fera d'elle définitivement une femme. Dernière formalité, elle a besoin de la signature de la psychologue qui la suit depuis des années. Mais quand celle-ci apprend que Bree a reçu un coup de téléphone des policiers new-yorkais qui venaient d'arrêter un jeune homme qui s'avère être son fils, elle refuse de signer tant que sa patiente n'aura pas assumé cet aspect de son ancienne vie. Bree paie la caution (1$) et se fait passer pour une adepte de "l'église du père potentiel" missionnée pour raccompagner Toby. Commence alors une traversée de l'Amérique dans une vieille guimbarde qui les verra rencontrer le beau-père de Toby, une assemblée de transexuel(les), un hippie arnaqueur, un indien cow-boy et la famille de Bree.
Au cours de ce voyage, Bree découvre que son fils se drogue, se prostitue, et rêve d'aller en Californie pour tourner dans des films pornos gays. Quant à Toby, c'est progressivement qu'il apprend qui est en réalité cette improbable dame patronnesse...
Très bien accueilli par la critique, porté par la nomination aux Oscars de Felicity Huffman, ce film laisse finalement un petit goût d'inachevé, du fait d'un scénario trop prévisible et de personnages trop caricaturaux, délaissés au profit de celui de Bree. Il s'agit d'un road movie, genre typiquement américain. Comme dans "Thelma et Louise" ou plus récemment "Burt Monro" ou "Sideways", on retrouve ici le défilement des paysages, les motels miteux, les rencontres avec les laissés pour compte du rêve américain. Et la force de ce film est justement de décliner les lois du genre avec persévérance, évitant ainsi le piège du film à thème sur la transexualité. On retrouve plutôt l'affrontement classique entre l'adolescent révolté et mal dans sa peau et son père, à la différence près que ce père s'habille comme Jackie Kennedy et que l'ado ne sait pas qui il l'est.
Le film a été écrit pour Felicity Huffman, la mère de famille débordée de "Desesperate Housewife", et l'épouse de Willam H. Macy qui a produit le film. Elle a particulièrement travaillé ce rôle, et le résultat est très convaincant. Elle réussit à évoquer Dustin Hoffman dans "Tootsie", enfermant son corps dans une sorte de carapace et couvrant son visage d'un excès de fond de teint, censé masquer la pilosité qui a résisté au traitement hormonal.
Mais malheureusement, la sensibilité et l'ambiguité de Bree ne se retrouvent pas dans les autres personnages, et particulièrement celui de Toby, mal défini et finalement peu crédible à passer sans transition du révolté au pauvre petit gars docile en mal d'amour. Et que dire de la famille caricaturale de Bree, particulièrement la mère, croisement entre Line Renaud et Michel Serraut dans "La cage aux folles"...
"Transamerica" avait tout pour faire un film ovni, à l'instar d'un "Priscillia, folle du désert". A vouloir gommer les aspérités d'un sujet si original par un scénario aussi prévisible et plein de bons sentiments, il ne tient pas la route jusqu'au bout : dommage pour un road movie !
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