Une œuvre magistrale de Jacques Becker, un chef d’œuvre. Ce qui est le plus étonnant en le renvoyant en 2023 c’est sa modernité et son côté intemporel. Tout d ‘abord le milieu de la mode, de la haute couture, si bien décrit. C’est probablement le meilleur film sur le sujet, jamais réalisé. Le stress de la création, les petites mains, les couturières, les ateliers de filles populaires, les défilés, tout y est , toujours d’actualité , on se croirait au côté de Christian Dior , ou même d’ Olivier Rousteing. Passionnant, très bons seconds rôles dans ces équipes, avec par exemple Jeanne Fusier ou Gabrielle Dorziat formidables. Et puis il y a cette histoire d’amour impossible entre la sublime Micheline Presle, jeune provinciale ambitieuse montée à Paris, et le couturier. Là aussi une modernité, étonnante, cette jeune femme libre, qui hésite à s’engager avec cette star de la mode, mais coureur de jupons. Elle l’aime, mais ne croit pas à sa sincérité et préfère la sécurité de son fiancé promis, plus solide , bourgeois , soyeux lyonnais . Le créateur, très bien joué par Raymond Rouleau, qui pourtant n’a pas laissé une marque très forte dans le cinéma français, mais il est là parfait en séducteur qui tombera lui-même dans le piège de l’amour passion. Et puis il y a ces 15 mn finales époustouflantes, on bascule du tragique au fantastique, à la transgression, on perd pied, jusqu’à la chute finale effrayante, terrifiante, si magiquement filmée. Une réalisation exceptionnelle, un noir et blanc sublime et bien sûr des gros plans magistraux , sublimes sur le visage de Micheline Presle, quelle beauté ,une sorte de mystère , on ne sait pas si elle est ingénue ou manipulatrice. Une des plus grandes actrices française qui n’a pas eu la carrière qu’elle méritait , en tout cas pas servi par tant de grands 1er rôle.