A la fois passionnant dans le découpage de l'histoire, surprenant par le jeu des acteurs, révoltant par son sujet, émouvant par les situations, répugnant par ce qui nous est montré, le film ne laisse guère indifférent. Une série européenne (Matrioshki, le traffic de la honte)abordait aussi le sujet, mais se perdait dans des scènes longues et inutiles, rendant la série, à mon goût, pas assez réaliste et surtout pas assez glauque pour véritablement choquer. Human trafficking rectifie le tir de manière beaucoup plus efficace et ne fait pas dans la dentelle, et ce dès le début. C'est sordide et glauque puisque même l'esclavagisme sexuel d'enfants de 10 ans est abordé. On ne peut rester de marbre sur certains plans ou scènes qui nous arrache des frissons, voire des larmes. Le film réussit là où échoue Matrioshki et ce, sans montrer un sein ou poil pubien (une gageure à notre époque où l'on montre plus que l'on suggère). Tel qu'il est, le film est bien plus suggestif et atteint pleinement son but durant ces trois heures de réquisitoire contre le tourisme sexuel, et les basses déviances humaines.
Les jeunes actrices sont toutes sincères et naturelles et Mira Sorvino, que l'on avait pas vu depuis longtemps dans un bon rôle, tient là une belle occasion de prouver son talent.
Robert Carlyle qui avait commencer à montrer ses capacités de méchant dans un James Bond récidive ici avec le professionalisme qu'on lui connaît face à ce vieux briscard de Donald Sutherland.
On notera bien une baisse de régime dans la deuxième partie du film, mais rien de grave qui nous fasse décrocher réellement, au regard de l'ensemble qui tient véritablement du prodige. Comme tout est suggéré, le film pourrait très bien servir de prévention aux adolescentes du monde entier. Le réalisateur, Christian Duguay, sort de son style habituel (action et SF), et bien lui en a fait car il nous livre une oeuvre puissante et qui deviendra, je l'espère, incontournable.