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    Daratt
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Daratt" et de son tournage !

    Primé à Venise

    Daratt (saison sèche) a décroché le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 2006. La Présidente du Jury était Catherine Deneuve.

    Après la guerre

    Le cinéaste précise ses intentions : "Daratt ne traite pas de la guerre civile, mais de ses conséquences. Ce qui m'intéresse, c'est le paysage après la tempête. La vie, obstinément à l'oeuvre, dans les champs de ruines et de cendres. Comment en effet continuer à vivre ensemble après tant de violence et de haine ? Quelle attitude adopter face à l'impunité ? Se résigner ou se faire justice soi-même ? Et quand on choisit cette dernière option, c'est quoi tuer un homme ?" Il ajoute : "J'ai vu une fois un homme abattu devant moi. Vous savez, on ne l'oublie pas. Cela se passe en une fraction de seconde, mais c'est une image qui vous poursuit pour toujours."

    La guerre dans la chair

    Né au Tchad en 1960, Mahamat Saleh Haroun connaît de près la situation qu'il décrit dans son film : "Au Tchad, la guerre civile dure depuis 1965 ; elle a fait de nombreuses victimes. Parmi les 40 000 tués ou disparus sous le règne d'Hissène Habré, j'en connaissais beaucoup. Un de mes oncles en faisait partie... Après avoir été enlevé, on ne l'a plus jamais revu. Moi-même j'ai été blessé - j'ai dû quitter mon pays sur une brouette, embrassant les chemins de l'exil ; autant dire que j'ai vécu ce drame dans ma chair... À chaque fois que je retourne au Tchad, je suis confronté à cette réalité de l'après-guerre ; elle est là, omniprésente, comme une histoire en suspens, jamais terminée, une page qu'on n'a pas encore tournée... Je connais nombre des acteurs ayant participé à cette tragédie ; il m'arrive même de les côtoyer. Ils ont tué, violé, brûlé, endeuillé, pillé... s'en sont pris aux plus vulnérables qui, en définitif, sont les laissés pour compte d'aujourd'hui. Les bourreaux d'hier, eux, sont devenus des gens de pouvoir et paradent sans être inquiétés. Ce qui est terrible dans les guerres civiles, c'est qu'elles légitiment toutes les atrocités, tous les crimes et, tout compte fait, les absolvent. C'est ce sentiment d'injustice qui nourrit le désir de vengeance - qui n'est, au fond, qu'un désir de justice."

    Le réalisateur

    Daratt (saison sèche) est le troisième long métrage de Mahamat Saleh Haroun. Né à Abéché (Tchad) en 1960, il étudie le cinéma à Paris et le journalisme à Bordeaux, puis travaille comme journaliste avant de réaliser son premier court métrage en 1994, Maral Tanie. Il passe au long avec Bye bye Africa, primé à Venise en 1999. Trois ans plus tard, il signe son deuxième long métrage, Abouna (notre père), remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes. Il est également l'auteur de plusieurs documentaires, dont Sotigui Kouyate, un griot moderne, consacré au célèbre comédien.

    Au nom du père

    La question de la filiation, de la transmission est au coeur de Daratt (saison sèche), comme c'était déjà le cas dans Abouna (notre père), le précédent long métrage du cinéaste. "[Le film] traite de l'apprentissage mais il traite aussi du pardon et de sa nécessité impérieuse pour pouvoir " grandir "", explique Mahamat Saleh Haroun. "Comment créer son propre chemin lorsqu'on hérite d'une situation historique et familiale et des devoirs qu'elle impose ? Comment trouver sa voie quand un ancien vous confie une mission aussi lourde à porter que celle que le grand-père de Atim lui confie ?"

    La situation au Tchad

    Ancienne colonie française, le Tchad devient indépendant en 1960. Une opposition ancienne entre le nord du pays, majoritairement musulman, et le sud, chrétien et animiste, est alors ravivée. Le chef de l'état, François Tombalbaye, mène en effet une politique autoritaire, qui met à l'écart les populations du Nord, et suscite la rébellion de ces derniers. En 1979, les hommes du Nord prennent le pouvoir par la force, et le pays continue de s'enfoncer dans la violence, à laquelle viennent s'ajouter la famine et la sècheresse.

    Les comédiens

    Tous les comédiens du film sont non-professionnels. A propos du travail avec ces acteurs, et notamment ceux qui interprètent Atim et Nassara, le cinéaste note : "J'ai voulu toucher à quelque chose qui est de l'ordre du théâtre sans pour autant faire du théâtre. Sur le plateau, j'ai interdit aux deux comédiens de se parler, avant et après les prises. Pendant la préparation, je n'ai pas fait de répétitions. Ils se regardaient, sachant qu'ils allaient jouer ensemble, mais ils ne pouvaient se parler. Cela a créé une tension (...) Le jeune est lycéen. Il est né à l'étranger et a vécu la guerre à travers sa famille, ses oncles etc. Je l'ai d'abord choisi pour l'intensité de son regard (...) Le comédien qui joue le boulanger s'est déjà servi d'une arme. Il connaît bien la guerre pour avoir côtoyé des soldats et vécu avec eux. De plus, les histoires de vendetta sont assez courantes au Tchad. La connaissance du contexte a donc beaucoup aidé les acteurs à composer leur rôle."

    L'imaginaire au pouvoir

    A travers l'histoire d'Atim, Mahamat Saleh Haroun parle du pouvoir de la fiction, sur un individu ou même sur un peuple : "Comment un jeune peut-il sortir du cercle infernal de l'histoire et de la mémoire familiale ? En mettant en scène l'exécution de l'homme qui a tué son père, Atim sort, par la fiction, de ce cercle infernal. La fin du film témoigne d'une croyance dans le pouvoir de la fiction. La fiction offre la possibilité de créer un imaginaire commun possible, une utopie. L'Afrique, et le Tchad qui est en guerre civile depuis plus de quarante ans maintenant, ont besoin de se créer une nouvelle identité. Le cinéma permet aux gens de s'accaparer les histoires qu'on leur raconte et, ainsi, de façonner l'identité d'un pays. Je m'étonne que le cinéma d'aujourd'hui refuse d'adopter un point de vue moral sur les sujets qu'il traite. Comme si on voulait à tout prix se déresponsabiliser."

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