Des louanges à n’en plus finir, et une présence récurrente au sein des plus fameux tops, voilà de quoi éclipser un échec commercial presque minime pour Les Évadés de Frank Darabont, qui signait là un premier film en tous points mémorable. Pourtant, et comme bien souvent avec ce genre de chef d’œuvre, rien de sensationnel en terme de péripétie, et le long-métrage se fend d’une mise en scène irréprochable mais pas transcendante ; au bout du compte tout est concentré dans le fond, soit une histoire brillamment contée, prenante de bout en long, mais aussi diablement humaine. L’exemple typique du divertissement vous remuant comme il se doit, mais sans extravagance ici, tant l’ensemble se révèle être d’une justesse palpable ; l’excellente séquence d’ouverture donne d’ailleurs le ton, on comprend d’emblée que Les Évadés va nous emmener haut, très haut même, d’un point de vue émotionnel. L’intrigue simpliste mais superbement écrite accroît notre intérêt sans discontinuer, à mesure qu’une légère tension s’instaure pour ne plus nous quitter, et le suspense n’est pas en reste alors que le film parvient à nous faire douter sur sa finalité : dénouement tragique, larmoyant en vue, ou bien une ode délectable à la liberté ? Il y a aussi une magnifique mise en lumière du monde carcéral, fief d’un désespoir ambiant des plus manifestes, fort de ses nombreux travers et de la froideur de l’encadrement ; le duo composé du directeur Warden Norton et du capitaine Hadley est alors des plus marquants, tout en opérant dans des registres bien différents mais tout autant détestables. Néanmoins, ces derniers sont loin d’être formatés tels de classiques antagonistes, bien au contraire, et ce à l’image d’une galerie de protagonistes brillante comme pas deux : il y a assurément l’original Andy Dufresne, figure principale sublime, et l’inévitable Red, dont le capital sympathie semble sans borne. Du très bon en somme, si ce n’est plus, et Les Évadés a la chance de bénéficier d’interprétations magistrales, la paire Tim Robbins / Morgan Freeman en tête de file ; en somme, tout réussi à Frank Darabont, tant son scénario s’avère ni plus ni moins merveilleux, jouissif même. Car si dans sa globalité le film s’apparentait à un récit posé, au rythme peu marqué, notre attention toute entière lui était acquise, pour finalement nous sublimer au fil de son cultissime final, ultime preuve attestant de l’humanité vibrante composant son message premier… l’espoir. Alors, sans oublier de féliciter Thomas Newman pour sa remarquable BO, on peut conclure en disant que Les Évadés mérite sans conteste son extraordinaire renommée ; aussi, bien qu’arborant une forme peu impressionnante au premier abord, ceci masque en réalité une profondeur d’intrigue comme on en voit peu, marque des plus grands chefs d’œuvre. Encore un grand bravo concernant la qualité sans faille des prestations d’acteurs, qui auront donné vie à des protagonistes inoubliables… Un indispensable.