Film maniéré, théâtreux, languissant, sur les rapports des "membres" d'une famille bourgeoise torturée, névrosée (entre autres à cause d'un bébé qui n'a pas pu être sauvé), déglinguée, décomposée... mais retenue par les liens du sang... et qui se réunit autour de la figure-totem de la matriarche, Junon Vuillard (pour l'ambiance "mythologie romaine" et sa cruauté). Ce n'est un conte que par ironie. On peut trouver l'atmosphère, nombriliste, facilement antipathique: à la fois lourde et légère, limpide et acérée. La mère qui couche avec son beau-frère, le calcul des chances de survivre à la maladie: liberté de ton totale, cynisme, décalage... on n'est plus à ça près. On semble tout pouvoir se balancer mais on cache quelque chose... On paraît transparent... il reste un masque. Bien sûr, la télévision n'existe pas, Internet non plus donc (coupure du divertissement comme de la communication). Dans cette maison, les personnages fonctionnent en vase clos, déconnectés de la réalité, en pleine représentation théâtrale. Ar. Depleschin s'offre une analyse au scalpel. Bien que le fond psychologique se veuille complexe, la touche intello-hermétique fait prétentieux ; on n'évite pas les clichés. Jeu d'Amalric irritant, peu naturel, malgré un rôle intéressant de provocateur imprévisible, maladif ; actrices fades excepté Em. Devos. Deneuve mamy-beauté-froide fait du Deneuve comme Amalric fait du Amalric: les deux font la paire. Scène d'hôpital ultra creuse. Il n'y a pas d'émotion. On parle de cancer... mais ils se détruisent, autant cérébralement qu'organiquement, avec leurs drogues (cigarettes pour tout le monde, alcool et anti-dépresseurs)! Lamentable! Musique pas trop mal. Intriguant, certes, mais aussi gonflant, étouffant et peu touchant.