Euuh oui bon je ne vous cache pas que j’aurai bien été facilement tenté de rééditer au mot près mon commentaire à propos de "Funny games" premier du nom. Mais je ne peux me résoudre à réaliser un honteux copié-collé. C’est pourtant ce qu’a fait Michael Haneke, tout simplement parce qu’il n’avait pas atteint le public américain, et ce en dépit du fait que tout le Festival de Cannes ne resta pas insensible à ce film, un film qui força l’admiration tout en suscitant une profonde gêne, voire une vive inquiétude, jusqu’à ce qu’on peut apparenter comme étant de l’effroi. Pour ce "Funny games U.S.", il y a deux écoles. D’abord pour ceux qui ne connaissent pas la version originelle : ils seront irrémédiablement pris dans le récit. A la limite, les spectateurs seront indubitablement obnubilés. Une tierce personne arrivant là au beau milieu du visionnage pourrait demander « mais qu’est-ce que tu regardes, comme débilité ? », auquel cas le spectateur répondra simplement « c'est chauuuuud, faut que je sache !». Cette réflexion, il y a fort à parier que nous l’avons plus ou moins tous eue un jour, que ce soit sur la version américaine, ou autrichienne, ou encore sur d’autres films tels que "Old boy" (made in Corea). Quant à la deuxième école, c’est-à-dire ceux qui connaissent la version 1997, eh bien ils n’auront aucune surprise. Ou plutôt si. La seule et unique surprise réside dans le fait qu’il n’y en a aucune ! Car la version U.S. est une retranscription plan par plan de la version originelle au détail près, ou presque. On ne va pas chipoter pour les plus petits détails, parce que l’entame est la même, la musique aussi, cette dernière ne se manifestant qu’à l’occasion des génériques (à une exception près si on excepte l'entame). Même les proportions de la maison dans laquelle se déroule l’intrigue sont identiques ! On retrouve aussi l’utilisation du 4ème mur, cette politesse trop grande pour être vraie au point d’en devenir inquiétante, ainsi que cette extrême violence, jamais montrée à l’écran mais développée seulement par la suggestion. Et pourtant, on reste devant, dans l’attente inavouée d’un changement quelconque, aussi minime soit-il. Mais non. Il ne manque plus qu’à "Funny games U.S." le tampon « copie certifiée conforme ». Dès lors une question se pose : était-il nécessaire de livrer un remake en tout point identique à son modèle ? Parce que le jeu d’acteur n’a pas été changé lui non plus. Etonnant. Etonnant et dommageable dans le sens que le jeu ne correspond pas vraiment à la psychologie des américains, tout du moins à l’idée que nous, français, nous faisons d’elle. On peut cependant féliciter les comédiens d’avoir su reproduire avec autant de fidélité le jeu de leurs aînés, dont au moins l’un d’entre eux a une forte ressemblance physique avec son collègue, en l’occurrence Michael Pitt dans le rôle de Paul dit « Bouboule » (interprété alors par Frank Giering). A faire un remake, j’aurai plutôt vu des jeunes (européens ou pas) s’improviser en imitateurs d’une épouvantable affaire ayant eu lieu 10 ans plus tôt quelque part en Autriche. Mais au moins, Michael Haneke a plus ou moins réussi son coup dans sa quête de gloire outre-Atlantique. Au-delà de ça, préférez tout de même la version 1997, dans laquelle Arno Frisch est bien meilleur que Brady Corbet, lequel m’a véritablement fait froid dans le dos dans le rôle de Peter.