Thomas, dessinateur quinquagénaire en panne d'inspiration, se trompe de train au retour d'un Salon de la B.D en province. En s'arrêtant dans la première gare pour reprendre son voyage dans le bon sens, il a la surprise de se retrouver à Nantua, la calme sous-préfecture ainoise de son enfance. Ayant de longues heures à tuer avant le prochain passage d'un TGV pour Paris il décide de traverser la petite ville et de gagner le cimetière où sa mère est enterrée. Devant la tombe délaissée il suit du regard un papillon, est victime d'un malaise, et se réveille bientôt, plus jeune de ... 40 ans (nous sommes donc dans les années 60, reconstituées de manière soignée, presque trop léchée d'ailleurs, façon chromo). Sam Garbarski signe ici son troisième long (après "Le Tango des Rashevski" e le très réussi "Irina Palm" - en anglais) sur un scénario co-adapté d'un célèbre manga. Un intervalle providentiel dans l'espace-temps permet à Thomas de revivre quelques jours de sa fin de Quatrième, et de tenter ainsi de réécrire les plus importants de ses souvenirs d' adolescence : son premier amour, impossible, pour cette Sylvie qui inspirera plus tard son héroïne fétiche, et le retour d'une figure paternelle oubliée à dessein. Le nouveau Thomas, aimé de Sylvie dans son autre vie, va essayer de retenir le père qui les abandonna, sa mère, sa petite soeur et lui, un jour de juin où l'on fêtait - avec retard - ses 40 ans. En vain : le tailleur taciturne partira encore, sans explication et en cachette, laissant sa famille sans plus de nouvelles et dans la gêne. Thomas reprend alors connaissance, et retourne à sa vie d'adulte vieillissant. L'idée est jolie et son traitement est délicat (ambiance onirique réussie, musique intrigante), mais cela reste bien trop sage pour susciter autre chose qu'un intérêt poli. Côté interprètes, si l'on a bien du mal à imaginer le Thomas adulte (Pascal Greggory - sans doute trop âgé pour le rôle) sous les traits juvéniles du Thomas de 14 ans (Léo Legrand), le choix du couple de comédiens figurant les parents de l'adolescent (Jonathan Zaccaï et Alexandra Maria Lara) est beaucoup plus judicieux.