La nuit tranquille protège le sommeil des Indonésiens, bercés par une musique douce et que suit une caméra assurée (Wyler apprécie beaucoup ce genre d'introduction). Soudain, un coup de feu éclate dans l'obscurité. Dans cette première scène du film, on voit une femme, Bette Davis, tuer un homme de sang-froid : alors qu'il est déjà à terre, elle décharge sur lui tout son pistolet. Et lorsque la pleine lune se libère des nuages, la femme se rend compte avec terreur de ce qu'elle a fait.
S'ensuit les scènes de mensonges, de soupçons, de procès et de corruption, typiques des films américains, sous l'œil blasé d'un Wyler habitué aux personnages troubles et passionnés.
Les personnages qui étaient droits, bons et honnêtes sont tous secoués par cette histoire. Certains y perdent leur honneur, leur honnêteté, tous victimes de leur passion. Passion amoureuse, passion conjugale, passion de la justice, tout y passe comme atteint d'une fièvre tropicale.
La photographie qui n'est pas de Gregg Toland comme les autres films de Wyler de la période, mais de Tony Gaudio, est admirable car elle effectue un contraste saisissant sur les visages et les objets lors des nuits de meurtres. La seconde est aussi impressionnante que la première :
Quand surgit le fantôme de la lune, Lelsie entend l'appel de la mort. Elle se souvient de celle de son amant, qu'elle aime encore, et qui la tue.