Enfin ! Enfin la palme d'or à celui qui, depuis plusieurs années, est mon réalisateur préféré. Et, comme pour Ken Loach, pour un film qui n'est pas celui de lui que j'ai préféré. Il faut dire que mes préférés sont ceux de la période autrichienne, du "7ème continent" à "Funny Games". Cela n'empêche pas que cette palme d'or est parfaitement méritée. Pour au moins deux raisons : la qualité très, très moyenne de la sélection 2009 (En fait, seul "Le prophète" pouvait également prétendre à la Palme d'Or sans qu'on crie au scandale); et puis le fait que ce film, austère, peut-être assez difficile à "aimer" au moment où le voit, est une oeuvre qui s'incruste petit à petit dans la mémoire, une oeuvre qui marque. En sortant du film, on peut être amené à se dire : si je n'avais pas su qu'il était signé Haneke, peut-être, sans doute, je n'aurais pas reconnu son auteur. A noter, d'ailleurs, que j'avais eu le même sentiment à la vision du Ken Loach palmé en or ! Concernant "Le ruban blanc" pourtant, il y a des détails qui ne trompent pas : par exemple, quand le père veut fouetter ses enfants fautifs, on est dans le couloir, la porte est fermée, on ne voit rien et on n'entend rien, puis, après plusieurs secondes, on entend ce qui se passe mais on ne voit toujours rien. Haneke est le maître quand il s'agit de de faire croire qu'on a assisté à quelque chose de grave/violent/horrible alors qu'on n'a strictement rien vu. On peut se demander pourquoi beaucoup de critiques et Haneke lui-même veulent voir dans ce film la démonstration de la façon dont un style de vie et d'éducation a donné naissance au nazisme. On est dans un village d'Allemagne, juste avant la guerre de 14, l'éducation est stricte, il se passe des événements curieux. 20 ans plus tard, il y aura Hitler. Quel rapport entre les deux ?
Par ailleurs, la réalisation en Noir et Blanc de ce film donne des images somptueuses et, malgré la longueur du film (2 heures 24), on ne s'ennuie pas une seconde.