Je n'avais pas aimé "Killer Joe", "Paperboy" et "Mud", autant pour leurs scénarii que pour la prestation que j'avais trouvée très moyenne de Matthew McConaughey. Ici, bien au contraire, ce dernier crève littéralement l'écran dans le rôle de Ron, un Texan, cowboy bon teint, hétéro et homophobe (comme il se doit), qui se trouve un "beau" jour de 1986 atteint du sida, maladie à l'époque considérée comme "le cancer des pédés" (sic) et ne pouvant donc frapper que la communauté "gay" comme une sorte de malédiction divine sensée les punir de leur "vice" (ceci est la pure vérité !). Cette maladie va devenir une bénédiction pour les laboratoires pharmaceutiques qui parviendront à convaincre les hôpitaux de procéder à des tests sur l'homme, en utilisant des médicaments expérimentaux tels l'AZT, dont la toxicité à long terme a été totalement sous-évaluée. En même temps, avec la complicité implicite de la FDA (Food & Drugs Administration), ces mêmes laboratoires vont verrouiller le territoire américain en empêchant l'importation de médicaments alternatifs étrangers, sans doute aussi efficaces mais beaucoup moins toxiques. Ron, dans un premier temps rejeté par ses anciens "amis", va alors développer un business assez juteux en important de illégalement ces autres médicaments, ce qui lui vaudra d'abord de gagner pas mal d'argent, puis d'avoir de gros ennuis avec l'administration et la justice américaines. Mais l'originalité de ce film au sujet grave, pourtant truffé d'humour et de gags, c'est de montrer comment un type peut évoluer dans le bon sens, changer son regard sur le monde et sur les autres, les gens "différents" dont il fait désormais partie. Initialement condamné par les médecins "sous 30 jours", Ron survivra 7 années durant lesquelles il contribuera, à son échelle, à faire changer les choses... A souligner, à côté de l'acteur principal, les performances remarquables de Jared Leto ("Rayon", un homosexuel bien dans sa peau et bouleversant) et de Jennifer Garner (Dr. Eve Sax, ravissante doctoresse au grand cœur, faisant passer ses patient avant la médecine et le profit). Très beau film, à voir en VO si on n'est pas trop intimidé par l'accent texan, parfois un peu rugueux pour la compréhension...