Rarement distribués en France, les films polonais sont devenus des productions un peu fantômatiques, peu présentes dans nos salles obscures. C'est l'une des bonnes raisons d'aller voir ce Conte d'été polonais, un beau film empli d'une naïveté enfantine et symbolique sur le sens de la vie. Avec une nostalgie touchante et un amour évident pour son pays, Jakimowski dessine quelques paysages pittoresques, filme l'enfance au bord des rails, l'amour à moto. Il oppose Stefek, 10 ans, qui voit la vie comme une série de chances et de soldats de plomb, à sa grande soeur Elka, qui flirte avec un jeune homme en voiture. Il y a la découverte de la vie, des gens, du monde, à travers ces deux destins contradictoires et pourtant si proches. La force du film est d'installer le spectateur dans un confort splendide ; à travers des paysages d'été filmés tout en souvenirs et un monde urbain presque desaffecté mais toujours ensoleillé, le cinéaste signe une épopée de mots et de gestes qui confine à une absolue vision de cinéma infime. Il s'agit de capter ça et là, des petites lignes plutôt que des grands drames. La redécouverte d'un père longtemps absent, véritable suspense dramaturgique, est rangée an second plan pour varier la multitude de péripéties à l'intérieur de ce drame (un rendez-vous, des ballades à moto, un après-midi au bord de l'eau, une fugue, croquer dans une pastèque comme l'on croque la vie à pleine dents). Dommage alors que Jakimowski peine à offrir plus de variations à son cadre (souvent ensorcelant de liberté et de naturel). La multitude de décors, additionnés entre eux puis repris plusieurs fois, immobilise souvent une action déjà minime, emprisonnant alors toute spontanéité et toute liberté esthétique et narrative dans une sphère close qui invite souvent à l'ennui. Mais il y a toujours trop de vie là-dedans pour que l'on puisse vraiment s'ennuyer, il y a trop d'attachement à l'imparfait pour prendre ce petit film comme une oeuvre symbolique intello et prétentieuse,