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    Somewhere
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    NicoMyers
    NicoMyers

    50 abonnés 302 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 janvier 2011
    La vie banale et les tourments quotidiens d'un jeune, riche et bel acteur qui s'ennuit. Voilà à quoi peut se résumer Somewhere de Sofia Coppola. Expérimentant de manière jusqu'au boutiste son cinéma de l'inaction, du petit questionnement, qu'elle avait déjà mise en scène de manière légèrement plus rythmée ou "ludique" dans Lost in translation, Sofia Coppola réalise ici un film singulier qui ne peut que diviser ses spectateurs ou en laisser de nombreux indécis.

    Arnaque prétentieuse et vide ? Oeuvre unique sur l'absurdité de nos vies ? Difficile de trancher, en effet. Si l'on prend au sérieux la première proposition, il est évident que l'indécision et l'ennui du héros, un acteur hollywoodien de films d'actions, n'est réservé qu'à une certaine couche social. Difficile, pour certains, de s'attacher aux tourments psychologiques d'un personnage qui a tout, confort, argent, conquêtes féminines. Or ce serait une erreur de condamner le film pour cela (certains critiques s'en sont donné à coeur joie, rapprochant le sujet du film à la vie personnelle de Sofia Coppola, qui se voit affublée d'un nouveau surnom, la "pauvre petite fille riche" du cinéma). Car la réalisatrice montre un certain recul, étonnant compte tenu de la part autobiographique du film, et qu'il est important de bien saisir. Coppola est bien consciente de la nullité de son personnage, Johnny, qui se goinfre, se vautre dans son lit, s'enfonce dans un train-train jusqu'à se vider de tous sentiments. Au fur et à mesure du film, au cours des différentes rencontres qu'il peut faire, lui-même constate qu'il est un adolescent attardé qui gâche le peu de temps qui lui est offert par la vie. A la toute fin, il décide de sortir de sa Porsche, et de marcher vers de nouveaux horizons. Johnny devient enfin adulte, décide de se prendre en main, et probablement ses problèmes ne seront plus des petits questionnements existentiels bourgeois. C'est ce que semble dire la toute fin, malheureusement trop symbolique, trop attendue et surfaite pour conclure en beauté le film. Sofia Coppola fait également le choix de ne pas nous livrer clairement quel est le chemin que Johnny s'est décidé à prendre : celui d'une paternité enfin assumée ? On peut le deviner, ainsi peut-être qu'une ouverture aux autres, mais il s'agit là d'élucubrations somme toute personnelles. Peut-être ne le sait-il pas lui même, bien que décidé à changer de vie.

    Somewhere, tout comme l'existence de son personnage principal, n'est donc pas aussi vain qu'il en a l'air, il mène "quelque part" : derrière les longs plans silencieux de Stephen Dorff les yeux perdus dans le vague, il y a aussi un parcours qui se dessine tranquillement. Cela étant dit, il est évident que l'essentiel du travail de Sofia Coppola s'applique à retranscrire l'intime et le quotidien, ici souvent jusqu'à l'absurde. Comme dans la vie, on ne sait jamais trop ce qui peut nous arriver (Johnny voit, en sortant de son appartement, une voiture accidentée), mais généralement rien ne se produit d'exceptionnel - si ce n'est, au pire, un masseur qui se déshabille dans votre chambre d'hôtel. Cette lenteur, ce flottement qu'on trouve dans les films de la jeune réalisatrice peuvent rappeler le style de Jim Jarmusch (le lien stylistique est évident entre Lost in Translation ou Somewhere et Broken Flowers). Certains détails, comme l'auteur des SMS anonymes et le mystérieux conducteur du 4x4 noir, resteront inexpliqués et finalement sans importance. Ce choix artistique met en valeur l'humain et les relations entre les personnages, qui, perdus dans l'absurdité de la vie, se retrouvent grâce aux autres. "A deux, on va forcement quelque part" disait Madeleine dans Vertigo. L'amour mène quelque part (somewhere), qu'il soit homme-femme (amour apparemment impossible pour Johnny, trop volage pour maintenir un couple en équilibre), ou bien père-fille, comme c'est le cas ici. Johnny se décide progressivement à aller quelque part, hésitant, s'offrant des allées et venues. Somewhere peut se voir comme un film initiatique experimental, un road-movie éclaté. En Italie, face à l'absurdité des remises de prix auxquelles il ne comprend rien ("remake" du tournage de la publicité Japonaise dans Lost in translation), il désobéit aux conventions et part plus tôt que prévu. C'est tardivement qu'il part effectivement rejoindre ce "quelque part", sans trop savoir s'il l'atteindra, ni quel chemin il devra parcourir pour y parvenir. Encore une fois, il est regrettable que cette fin, scène majeure du film, soit traitée de manière caricaturale, avec pathos et musique qui s'amplifie, tuant le réalisme et la profondeur du film. Un silence, peut-être, aurait mieux convenu. Le reste du film est quant à lui est plus cohérent, semblant parfois abscond car moins poétique dans la description du banal que Lost in translation, mais assez envoûtant et élevé par sa très belle photographie (...), ainsi que par les performances de Stephen Dorff et Elle Fanning, remarquables.
    nestor13
    nestor13

    54 abonnés 1 222 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 janvier 2011
    Sofia Coppola n'a pas réellement fait dans l'originalité avec ce "Somewhere". La ressurection mentale et morale d'un homme blasé, qui possède tout ce qu'il veut mais redécouvre ce que sont les vraies choses au contact de quelqu'un qui lui est cher, ça ne me semble pas franchement neuf comme sujet. C'était d'ailleurs vaguement le thème de ce qui reste à l'heure actuelle son film référence, à savoir "Lost in translation" (tu m'étonnes, Bill Murray quand même). Toutefois, les aventures de cet homme qui tourne en rond au début mais qui va au final se remettre dans le sens de la marche ne m'ont pas tout à fait laissé insensible. Je ne dis pas cela forcément eu égard aux quelques jolies meufs qui aguichent le héros et le spectateur et dont certaines nous montrent quelques fermes paires de seins. Mais surtout parce que Stephen Dorff et Elle Fanning (soeur de Dakota), qui est une fort belle révélation, arrivent à créer une réelle étincelle de malice et de tendresse. Cette production familiale à tous les sens du terme (Roman et Francis Ford ont apporté leur écot) arrive ainsi à être parfois touchante, même si sa portée me semble assez pauvre. Bref, ailleurs c'est toujours quelque part...
    WardStradlater
    WardStradlater

    46 abonnés 469 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 mai 2011
    Comme la plupart des films de Sofia Coppola, Somewhere est un film minimaliste, et ne se regarde qu'une seule fois. Le rythme, très lent et voulu, veut mettre en évidence le mode de vie de ces "stars" hollywoodien, nouveaux totems ou dieux du XXe siècle. Cela parle de l'abondance et de l’accessibilité de chaque chose, dans un univers complètement déconnecté des réalités. Sur simple demande, tout est à portée de main. Alors on s'ennuie, et la liberté devient une illusion, puisque la personne est prisonnière de son contexte matérialiste.
    jeremie747
    jeremie747

    38 abonnés 484 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 14 février 2011
    A mesure que son oeuvre s'agrandit, il semble de plus en plus évident que Sofia Coppola se fait une spécialité de filmer l'ennui. Dans "Somewhere", on suit une star hollywoodienne, un acteur en promo qui ne fait absolument rien d'autre que s'ennuyer. Rien ne semble jamais le tirer de cet état un peu second dans lequel il est perpétuellement plongé : qu'il soit en train de faire l'amour, de regarder des jumelles faire du pole dance, de faire la promotion de son film, de recevoir un prix,... il ne quitte jamais sa mine triste et désintéressée de tout. On imaginerait que l'irruption de sa fille, qu'il voit très rarement et avec qui il a l'occasion de passer plusieurs jours, marquerait une rupture, un retour à la vie et au plaisir ; mais si le film oscille parfois dans cette direction, il refuse finalement cette respiration à son personnage. Très similaire, "Lost in Translation" était réussi car il proposait la rencontre de deux consciences et qu'il construisait de la matière, une relation, à partir du vide existentiel dans lequel évoluaient les personnages. C'est ce qui manque à "Somewhere" où les relations entre le père et la fille se résument à la mise en parallèle de deux ennuis qui n'arrivent jamais à se rencontrer. Il manque aussi cette touche d'humour que "Lost in Translation" devait sans doute plus à son casting (Bill Murray et Scarlett Johansson) qu'à son écriture. "Somewhere", filmé avec beaucoup d'élégance et enrobé par une bande originale aérienne, confirme certes le talent esthétique de sa réalisatrice mais le risque pour un film dont l'unique sujet est le vide et l'ennui, c'est, très vite, de devenir lui-même vide et ennuyeux. En définitive, on a le sentiment que Sofia Coppola dissimule l'absolue vacuité de son propos derrière un authentique savoir-faire pop, et ce film finalement sans scénario ni dialogues ressemble fort à une vaste fumisterie.
    Charles G
    Charles G

    31 abonnés 627 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 janvier 2011
    Épurer. Le maître mot de Sofia est là. Pas de parole ni d'actions superflues. Étirer. Les plans, les séquences, les cadrages. Pour renforcer la solitude, l'ennui. Répéter. Les scènes, toutes semblables, pour renforcer la futilité, l'absurdité. Le tout dans un style trop académique (la première et la dernière scène en écho trop évident). Et puis à trop épurer, on se risque à proposer une œuvre un tantinet vide. Mais, cependant, le film touche du doigt la perfection à certains moments, comme lorsque Sofia parvient à filmer le regard incroyable d'Elle Fanning lorsque celle-ci tente de faire comprendre à son père que leur intimité a été violée par une jeune femme frivole.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 26 janvier 2011
    Malgré un scénario qui en apparence peux paraitre sans grand intérêt, le film devient intéressant asses rapidement même si le début du film est confus, car on ne voit pas bien ou la réalisatrice veut en venir, le principal atout de Somewhere est que l'histoire est simple mais trés efficaces car il n'y aucun superflus malgré le scénario qui pourrait paraitre superficiel, certaines scènes entre le pére et la fille sont émouvantes par leurs simplicités et par la qualités d'interprétations des deux acteurs.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 18 mai 2013
    La forme donne le fond, c'est long, un peu trop mais il y a ce qu'il faut par moments pour ne pas en faire un film d'auteur pompeux et trop chiant. Les deux acteurs sont charmants et attachants, d'ailleurs tout tourne autour d'eux. L'art de filmer l'ennui, sans être un chef d'oeuvre, Sofia Coppola prend des risques ici et ça ne plaira pas à tout le monde.
    GodMonsters
    GodMonsters

    1 218 abonnés 2 645 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 29 décembre 2011
    'Somewhere' est un bon film, Sofia Coppola reste une bonne réalisatrice, mais je suis beaucoup déçu car ça ne vaut pas 'Marie-Antoinette' (son meilleur film à mes yeux), 'Lost in Translation' ou encore 'Virgin suicides'... en clair, c'est son plus mauvais film (mais ça reste quand même bon) !! Certes, les acteurs sont bons, la réalisation est soignée et s'embellit encore plus grâce à une belle photographie et de beaux décors... mais le film est un peu trop monotone je trouve, je me suis ennuyé du début à la fin. Les autres films de la réalisatrice avait eux aussi un rythme lent, mais ils étaient beaucoup plus passionnants et efficaces !!
    Julien D
    Julien D

    1 102 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 6 septembre 2012
    Outre le fait que rouler tout droit est plus productif que tourner en rond, ce film semble être totalement vide de sens... Sans doute Sofia Coppola s’inspire t-elle d’un drame familial inspiré de souvenirs personnels (mais alors est-ce elle ou papa Francis qu'elle représente à travers cet alcoolique antipathique dépressif aux mœurs tendancieuses?) ou une critique de l'univers hollywoodien, qu’elle connait visiblement mieux que la culture pop nipponne, pour nous plongé dans le quotidien de cet hôtel californien où les rapports non payés semblent impossibles. Dans un cas comme dans l'autre, l'absence totale d'émotions et d'actions quelconques (outre de longs strip-teases ne servant que de clips aux chansons de Phoenix et une partie de Wii-fi pleine de suspense) en font un pauvre moment d'ennui et surtout une grande déception de la part de la jeune réalisatrice.
    Christoblog
    Christoblog

    741 abonnés 1 613 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 6 janvier 2011
    Sofia Coppola filme très bien l'ennui. Si bien qu'on finit par s'ennuyer ferme en regardant son film.

    Résumons nous : un acteur hollywoodien qui a tout (Ferrari, alcool et blondasses a gogo) ne trouve pas beaucoup de sens à sa vie. Sa fille de 11 ans avec qui il va vivre quelque temps lui fait sentir ce qu'il a raté. Voilà. C'est tout. (Ici baillez).

    On a connu Sofia Coppola (un peu) plus subtile que dans ce film. Illustration : premier plan fixe sur un circuit de voiture, la Ferrari noire sort et entre dans le champ une dizaine de fois. Baillez. Encore plus lourd : pour illustrer l'incommunicabilité entre le père et sa fille, le film fait crier au père "Excuse moi de ne pas avoir été là" alors que ce dernier se trouve sous un hélicoptère qui envoie les décibels comme 10 groupes de heavy metal. Et tout est à l'avenant. Autre tic insupportable : les répétitions de scène (je joue à la Wii, puis je rejoue, je me douche, puis je me redouche, je me trompe de nom en baisant une fois, puis deux, je reçois un message d'insultes, puis un deuxième, puis un troisième). Re-baillez.

    Allez. Je lance la vacherie attendue (je ne serai pas le seul) : il fallait probablement avoir couché avec le président du jury (Tarantino) pour avoir le Lion d'Or cette année. C'est d'autant plus triste que ces dernières années Venise s'était distingué par la sûreté de ces choix (par exemple le magnifique The Wrestler en 2008).

    Finalement, Sofia Coppola filme le milieu qu'elle connaît avec les moyens de ce même milieu : le résultat n'est pas dérangeant (comme peuvent l'être les romans de Bret Easton Ellis par exemple), il est simplement vain et auto-parodique, comme un collage raté de ses trois films précédents.

    Bien sûr, certains esthètes pugnaces aimeront. Je peux deviner ce qu'ils écrireront. Ca ressemblera à ça :
    Sofia Coppola réussit parfaitement à donner cette sensation de vide qui emplit petit à petit l'esprit du personnage principal par une succession de vignettes originales et poétiques, qui flottent dans le temps comme autant de bulles irisées. La jeune Cléo apporte une gravité virevoltante dans ce vide abyssal et le remplit comme elle remplit l'espace de la patinoire par ses arabesques et celui de la piscine par ses singeries expressives, et bla, et bla... je pourrais continuer comme ça pendant une heure.

    Mais au final (l'homme gare sa Ferrari en plein désert et part, seul, marchant sur la route tel un lonesome cow-boy post-moderne) croyez moi : vous re-re-baillerez !
    D'autres critiques sur Christoblog : http://chris666.blogs.allocine.fr/
    ygor parizel
    ygor parizel

    200 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 10 août 2012
    Pas le meilleur film de Sofia Coppola mais bien dans son style (lenteur, errance et vide). Le portrait d'une star de cinéma qui s'ennui (malgré qu'il soit entouré de filles superbes, qu'il ait de l'argent et qu'il soit célèbre) et qui revit le temps que sa fille de 11 ans viennent lui rendre visite. Stephen Dorff et Elle Fanning sont très nature, cela fait plaisir aussi de voir Chris Pontius joué dans un film sérieux.
    Parkko
    Parkko

    134 abonnés 2 020 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 janvier 2011
    Le film est terriblement vain. L'émotion ne passe pas, contrairement à un Lost in Translation. Sofia Coppola recycle les principaux aspects de ses trois films mais en fait quelque chose de moins bien.

    C'est dommage, car il y a des scènes où la réalisatrice semble en état de grâce, l'espace de quelques secondes, voire quelques minutes, on retrouve tout d'un coup la magie qui faisait son cinéma.
    Ce n'est pas mauvais en soi, mais le rendu est terriblement décevant pour ceux qui, comme moi, aiment le cinéma de la réalisatrice.

    A noter que le casting est tout de même réussi. La BO, par contre déçoit, pas qu'elle soit mauvaise, au contraire, mais l'emploi de la musique se fait, à mon avis, bien trop rare.
    Rotten Tomatoes
    Rotten Tomatoes

    91 abonnés 695 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 9 janvier 2012
    Miss Coppola a trop de confiance en soi pour oser sortir un navet pareil. Premier plan : caméra fixe qui film une auto tournant en rond. Pourtant grand fan de ses précédents films, j'attendais. Quelque chose... Et rien n'est venu. Voila le problème des grands d'Hollywood : ils se permettent de sortir un film inutile qui n'apporte rien, si ce n'est du vide et une perte de temps et d'argent. Je ne critique pas la musique, je ne critique ni les acteurs ni les décors, je suis juste déçu que cette mise en scène de la vacuité qui n'apporte ni questionnement, ni réponse. Notons néanmoins une Elle Fanning prometteuse.
    Uncertainregard
    Uncertainregard

    94 abonnés 1 285 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 avril 2011
    Elle nous a déjà offert du très bon mais je dois dire qu'ici Sofia Coppola prend du galon. Superbe! Comment a-t'elle imaginé une mise en scène pareille avec si peu de matière? C'est d'une telle simplicité et d'une telle beauté que je le qualifirais presque de comtemplatif. J'ai été complètement absorbé et je pense ne pas avoir beaucoup cligné des yeux tant ils étaient écarquillés. Elle va pas tarder à rattraper le papa...
    Alexis D.
    Alexis D.

    94 abonnés 873 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 juillet 2020
    Ce film reprend le thème de la solitude moderne et urbaine déjà abordé par Sofia Coppola dans "Lost in Translation". "Somewhere" : Hollywood, capitale du spleen, du toc, du rien. Ici Sofia Coppola évoque la relation entre un acteur qui doute et sa fille de 11 ans, qu'il découvre. Le père, Francis Ford, incarna la fuite en avant opératique du nouvel Hollywood des seventies. Une génération plus tard, Sofia, la fille, joue son prénom sur la partition ténue d'un spleen post-hollywoodien, avec "Virgin Suicides" (1999), "Lost in Translation" (2003), "Marie-Antoinette" (2005). Il fallait bien un film pour nous raconter comment, chez les Coppola, se transmit le flambeau. Comment la flamme cinématographique familiale passa du feu dévorant l'épopée collective américaine à la mèche vacillante du solipsisme mélancolique en milieu protégé. Ce film existe désormais : il s'appelle "Somewhere". Dans l'indéfini de ce "quelque part", quelque chose de cette histoire intime, en même temps que de l'Histoire tout court, transparaît. Au premier chef, les rapports d'un père et de sa fille à l'ombre d'Hollywood. Pas nommément Francis Ford et Sofia, bien sûr, mais deux personnages qui, par certains aspects, peuvent y faire penser. Lui est acteur, il est beau, il est jeune, il se nomme Johnny Marco. Précisons : plus tout à fait beau, plus tout à fait jeune, mais suffisamment pour faire illusion à tout autre qu'à lui-même. Gloire éphémère au royaume du rêve industriel, Johnny traverse une crise. Conscience diffuse de la vacuité de son état, beuveries discontinues, sexe velléitaire et triste : on appellera cela une dépression. Le voici réfugié, pour un break salutaire, au mythique Château Marmont, hôtel feutré de la cité des Anges, où le tout Hollywood se retrouve entre soi. En matière de retraite, ce sera la première ironie de l'histoire, c'est le degré zéro du dépaysement. Poules de luxe, starlettes dénudées, mondaines hystériques, agents artistiques débiles et collègues décavés hantent couloirs, salons et ascenseurs. Par ailleurs, le service est convivial et haut de gamme. Encas goûteux et strip-tease de jumelles blondes en jupettes de tennis girls sont livrés sur simple appel dans la suite de Johnny, qui s'endort au milieu des uns et des autres. La pulpeuse naïade de la chambre d'en face se livre, quant à elle, gratuitement. La Ferrari, noire, dort rutilante dans le parking, sauf pour les sorties qui ne mènent nulle part. Une séance photo ridicule en ville, une conférence de presse avec des journalistes ineptes, une séquence de maquillage qui le transforme en momie agrémentent la déconfiture de Johnny. C'est le drame de l'opulence, l'aliénation du happy few : le désir, perpétuellement comblé, se rabougrit. Un beau matin, entre en scène la fille de l'acteur, fruit d'une mère invisible à l'écran et d'une union qui semble n'avoir jamais existé. Cléo a 11 ans, une douce innocence peinte sur le visage, la maturité et la tristesse d'une enfant à la fois protégée et abandonnée. Pour Johnny, qui la réceptionne à la faveur d'une absence impromptue de sa mère, elle est quasiment une étrangère. Le film met en scène les quelques jours qu'ils passent ensemble. Dans une œuvre plus conventionnelle, il aurait fallu ajouter "pour apprendre à mieux se connaître". Dans "Somewhere", c'est pour tuer le temps commun qui leur est compté : jeux vidéo, patins à glace, virée en voiture. En prime, un voyage en Italie, façon Sofia Coppola. L'allusion au couple disjoint du film de Roberto Rossellini semblera audacieuse. C'est pourtant de cela dont il s'agit, quand bien même l'humour de la séquence dissipe la note incestueuse. Père et fille partagent la suite d'un palace à la faveur de la remise d'un équivalent du César d'honneur à Johnny. L'Italie y apparaît comme la caricature provinciale d'Hollywood, un sommet de kitsch, de vulgarité et de phallocratie. Le comportement de Johnny, qui invite une vestale locale à partager sa nuit, est à l'unisson. Mais le film, qui se partage entre le regard de la fillette recherchant l'affection de son père et celui de la cinéaste qui les filme, donnera néanmoins, tendrement, à Johnny une chance de se racheter. Auréolé d'un Lion d'or à la Mostra de Venise en septembre 2010, "Somewhere" est le film le plus minimaliste de Sofia Coppola, le plus osé aussi, tant pour le sujet que sa forme. Si une lecture autobiographique s'impose, elle n'est pas la seule. Le film est aussi le constat d'un changement d'époque. Dominée par la durée réelle des actions, les plans-séquences, et la succession de temps faibles, son esthétisme particulier donne tout son charme au film, à travers de belles images et des décors joliment filmés. Mais ces figures de la radicalité cinématographique des années 1970 ne nourrissent plus, dans "Somewhere", la moindre révolte, la moindre inquiétude sociale, le moindre appel à un monde différent. Comme dans chaque film de Sofia Coppola, elles servent tout au plus l'ironie délicate qui vise la déliquescence d'un univers de happy few auquel elle appartient. Ce courage qui l'honore est en même temps une souffrance qui la hante et une fidélité qui l'entrave. "Somewhere" l'aidera-t-elle à couper enfin le cordon ? Il y a trois personnages dans ce film, Johnny, Cléo et Le Château Marmont qui les réunit. On croise pour notre plus grand plaisir Benicio Del Toro et notre frenchie Aurélien Wiik dans une soirée bercée par le son de Sébastien Tellier. A la sortie du parking une voiture s’encastre dans le mur d’en face sans doute en référence à Helmut Newton qui trouva la mort dans sa Cadillac. On ressent cette atmosphère si particulière aux grands hôtels cultes comme le Chelsea à New York, un mélange de décadence et de grandeur, nostalgique d’un temps révolu et pourtant lieu de toutes les convoitises. Une odeur de tabac froid, de chlore, d’huile solaire, de parfum entêtant. Il est toujours question de solitude dans les films de la cinéaste, d’un spleen, d’une mélancolie lancinante. Parfum de notre époque, le propos est le même que dans "Lost In Translation". Une impossibilité d’être complet, le sentiment d’avoir toujours un manque impalpable et de se perdre dans des échappatoires faciles. Il est regrettable qu’elle soit parfois aussi explicative. La scène du début répond à la dernière du film. Johnny fait des tours de pistes avec sa voiture de course, illustration de son angoisse existentielle. A la fin il roule sur une route de campagne, arrête le moteur et sort marcher vers l’horizon. Cliché trop facile pour nous faire comprendre qu’il s’est révélé à lui-même. La photographie de Harris Savides ("Elephant") rend le film moins pop que dans les précédents, la mise en scène est plus minimaliste avec de longs plans fixes, et il y a peu de dialogues. Et cette manière de concevoir le cinéma peut agacer car c’est sans doute un peu trop arty, trop formaliste, se regardant le nombril au soleil sur un transat dans un maniérisme appuyé. Mais Sofia Coppola arrive à saisir quelque chose qui traverse l’atmosphère viciée de ces chambres d’hôtels. Johnny a changé. Imperceptiblement il s’est vu dans les yeux de sa fille. Je repense souvent à la tête de Scarlett Johansson sur l’épaule de Bill Murray et je vais aimer me souvenir de Stephen Dorff partant à la dérive sur un matelas gonflable jaune. Pour finir, mention spéciale à Elle Fanning qui interprète brillamment son rôle de Cléo et qui est une vraie révélation pour moi. Trop sous-estimé, "Somewhere", s'il n'est pas le meilleur film de Sofia Coppola, mérite tout de même d'être découvert
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