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    Une nuit en enfer
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Une nuit en enfer" et de son tournage !

    De vieux complices

    "j’ai rencontré Quentin au festival de cinéma de Toronto en 1992" se souvient Robert Rodriguez; "chacun faisait la promotion de son film ; moi celle du Mariachi, et lui celle de Reservoir Dogs que j’avais vu au Festival de Telluride. On avait de quoi discuter pour le coup ! Il est allé voir mon film, je filmais la réaction du public et lui était assis à côté de moi. Sur la cassette, on n’entend que lui parce qu’il était près du micro. On a tout de suite vu une certaine affinité entre nos films. En général, les premiers films sont des drames personnels, les nôtres étaient dans le genre tordu. Quand j’écrivais Desperado à la Columbia Pictures et que lui écrivait Pulp Fiction pour Tristar, on était aux studios Sony. Je lui ai parlé de mon film d’action mexicain. Et lui de son script de film mexicain de vampires, Une nuit en Enfer. Sur le tournage, Q.T. m’offrait la chance de le réaliser en suivant mes propres idées, même s’il venait me murmurer parfois à l’oreille : "t’as pas besoin de faire ça, tu pourrais faire ça…", puis il me montrait tout son plan. En fait, plus j'y pense, plus je me dis que Quentin fonctionne un peu comme Obi Wan Kenobi. Tu as beau dire "ca ne fonctionne pas !", lui te répond "si ça fonctionne !" et tu finis par te dire "ouais en fait ca fonctionne !".

    Là où les frères Gecko passent, le commerce trépasse…

    Au début du film dans leur cavale, Richard et Seth Gecko s’arrêtent en rase campagne au bord de la route, histoire de faire quelques emplettes dans un magasin où peu de clients s’arrêtent. Après que la situation ait dégénéré, ils s’en vont, tandis qu’on voit en arrière plan le magasin prendre feu et exploser. Une scène dangereuse à tourner, comme l’explique Thomas L. Bellissimo, le coordinateur des effets spéciaux : "sur cette scène, on a emballé les bombes, on les a conçu, on les fabrique. On les amène sur le plateau, on fait partir tout le monde, parce que c’est parfois très dangereux". Clooney ajoute : "c’était une scène stressante, tourner alors qu’on était entourré de bombes prêtes à exploser. Tom était à l’intérieur du magasin avec nous,  il disait que si ca explosait, il ne voulait pas être le type qui aurait tué Quentin et George. Il préférait être mort !"

    Une danse culte et lascive

    Beaucoup gardent en mémoire la danse lascive de Salma Hayek, alias Satanica Pandemonium, avec un énorme python...Une scène qui ne fut pas loin d'être un calvaire à tourner pour l'actrice. "Salma a joué dans tous mes films, je lui ai dit que dans Une Nuit en Enfer, je voulais la voir danser avec un gros python, mais elle avait peur des serpents" raconte Robert Rodriguez. Et d'ajouter : "je lui ai répondu : c'est ça ou rien !". "Si Robert n'avait pas autant insisté, je ne l'aurais jamais fait" explique l'actrice. "Il faisait vraiment très chaud là-dedans, mais le serpent était froid..." En fait, le serpent fit sa mue et changea de peau...L'actrice fut horrifiée de se retrouver avec la peau morte du serpent entre les mains. Pour vaincre sa phobie des reptiles, l'actrice travailla pendant deux mois avec des thérapeuthes. A la base pourtant, son personnage ne s'appelait pas Satanica Pandemonium, mais Blond Death. C'est en la voyant dans Desperado que Tarantino décida de chercher plutôt une actrice Latino / mexicaine. Pour la danse à proprement parler, Hayek n'a eu aucun chorégraphe; Rodriguez se contenta de lui demander de danser "au feeling" avec la musique. Pour la petite histoire, le réalisateur utilisera la même technique avec Jessica Alba et sa danse rodéo sexy dans Sin City.

    Michael Parks, le fidèle

    Une nuit en Enfer marque la première apparition du personnage culte Earl McGraw, le Texas Ranger incarné par Michael Parks et créé spécialement pour lui par Quentin Tarantino. Un personnage qui sera récurrent dans la filmographie du réalisateur, puisqu’on le retrouvera dans Kill Bill, Boulevard de la mort, Planète Terreur de Roberto Rodriguez"C’est à lui que je pensais en écrivant le scénario" explique Q.T. dans le commentaire audio du DVD du film ; "j’ai dit à Robert que je n’écrirais plus pour un acteur en particulier parce qu’ils me donnaient des notes. Au moment du casting, si l’acteur sent qu’il doit se battre pour avoir le rôle, il demandera à son agent de t’appeler, à sa mère même. Mais si on leur dit "j’ai écrit ça pour toi, qu’en penses-tu ?", ils reviennent avec des notes, en disant "ce n’était pas ce que j’imaginais". Dans la scène d’ouverture, on pourrait croire que Michael Parks est la star du film. On dirait un film de Jack Nicholson, et c’est lui Jack Nicholson.  On lui donne toute la force d’un personnage principal. Je connais son débit, c’est une des choses que j’aime dans ses films". Un enthousiasme que partage largement Rodriguez : "à l’origine, cette scène faisait six pages. Mais Michael lui donnait tant de poids que je n’ai pas voulu quitter la scène. Elle a fini par faire 11 minutes, ça fait plus d’une bobine, sans doute la plus longue séquence d’ouverture avant le générique !"

    Le Casting

    George Clooney ne fut pas le premier choix de la production pour incarner Seth Gecko. Quentin Tarantino et Rodriguez proposèrent d’abord à Tim Roth, Steve Buscemi, Christopher Walken, Michael Madsen, John Travolta. Presque tous refusèrent en raison de conflits dans leur emploi du temps, excepté Travolta : Tarantino lui parla de ce rôle à l’époque de Pulp Fiction, et l’acteur ne se montra pas intéressé pour jouer dans un film avec des vampires… Ils proposèrent finalement le rôle de Seth Gecko à George Clooney, parce qu’ils étaient fans de sa prestation en Dr Ross dans la série culte Urgences. Petite ironie savoureuse soulevée par Q.T. d’ailleurs, il trouvait amusant que son personnage envoie ses victimes aux urgences, contrairement à la série où il est censé sauver ses patients.

    Dans la scène d’ouverture, celui qui tient le magasin Benny's World of Liquor est Pete Bottoms, incarné à l’écran par John Hawkes. Bien qu’excellent dans ce rôle, quoique court, il n’était pourtant pas le premier choix du duo de réalisateurs, qui avait plutôt en tête Tim Roth et Steve Buscemi ( y compris pour le rôle de Seth Gecko donc). Mais ceux-ci n’étant pas disponible, ils proposèrent le rôle à Hawkes. Petite anecdote savoureuse en prime : pris en otage par les frères Gecko, Pete dit dans sa scène qu’il  "devrait avoir un putain d’Oscar pour avoir joué de manière super naturelle". 15 ans plus tard, il obtiendra une citation à l’Oscar du Meilleur second rôle pour sa prestation dans Winter’s Bone.

    Le ton du film

    Comédie ? Film d’horreur ? Thriller ? Tout cela à la fois en réalité. Pour Robert Rodriguez, l’idée et le ton de Une Nuit en Enfer était clair dès le départ  : "On établit très bien dès le début que ce film est un vrai Drive-In, une vraie parodie dans laquelle il faut s’attendre à tout. La vision « Superman » de la séquence du générique arrive au bon moment. Car le générique doit établir que ces types sont des salauds de première. Une fois que c’est fait, on voit la vieille dame dans le coffre. Et là, on comprend qu'en fait, ils sont encore pire que ce qu’on croyait. Ca nous a d’ailleurs posé aucun problème avec la censure, parce qu’ils ont compris dès le départ quel était justement le ton du film. Ce n’est pas Henry : Portrait of a Serial killer ; il y a des moments plutôt sombres mais il garde ce ton Drive-In".

    Keitel le dominateur

    Si Rodriguez et Tarantino furent satisfaits du choix d’Harvey keitel pour incarner le pasteur en proie aux doutes Jacob Fuller, Tarantino craignait que le jeu et la personnalité de l’acteur écrase littéralement ceux qui devaient lui donner la réplique. Il explique : "il y a une chose qui m’a plu dans le fait que ce soit Harvey. Au départ, dans les films du genre La maison des otages, le personnage qui m’est difficilement sympathique auquel j’ai du mal à m’identifier, c’est le père, le patriarche, qui est pris en otage. Toute cette situation où il doit prendre soin de sa famille. Va-t-il se laisser dominer par sa famille ? Ca, ce sont les personnages que l’on a le plus de mal à respecter. Or, Harvey se montre fort, il ne va pas choisir la faiblesse, même en tant qu’acteur. C’est l’impression que donne Jacob. Ce n’est pas une lavette, il attend le bon moment. Il reste très serein. Ce qui me faisait peur, c’est que moi et George devions dominer Harvey. Or j’ai vu des tas de films où les acteurs étaient censés le dominer. Et ca ne passait pas parce qu’ils en étaient incapables. Pour tout dire, en préparant mon rôle pour tenir tête à Harvey, je me suis mis à le mépriser dans ma tête !"

    Titty Twister, bar cul(te)

    Le décor du Titty Twister a été réalisé à Barstow, en plein désert de Californie, et devait, selon les termes de Rodriguez, ressembler à "l'Antichambre de l'Enfer avec ses portes". 5 tonnes de bois furent nécessaires à sa construction. Il faut dire que le résultat à l'écran est assez hallucinant, et très éloigné de ce qu'il devait être à la base. "Dans le scénario, c'est juste un bar mexicain, rien de spécial. Les filles dansent en écoutant la radio. Plutôt pathétique ! Le groupe ZZ Top, qu'on entend chanter dans la scène où le camping car de jacob arrive sur le parking du Titty Twister, a justement fait tous ces bars au Mexique. Quand ils ont vu celui-ci, ils ont demandé : "c'est où ? On veut y aller ! L'endroit idéal pour un spectacle !" Pour le look du Titty Twister, Rodriguez a opté pour des éléments de décors rappelant la culture de vampire maya et aztèque (oui oui !). "J'ai appris qu'ils séduisaient les gens avec des serpents, qu'ils avaient des rituels...J'en ai donc fait ce temple énorme. A un moment, on a même parlé de monter une chaîne de Titty Twisters dans tout le pays" !

    Menace de grève

    Alors que le tournage d'Une Nuit en Enfer était déjà bien entamé, une vive polémique éclata. Motif ? La production avait employé des techniciens non syndiqués. Un gros problème aux Etats-Unis. "Le film de Miramax produit pour 18 millions de dollars, Une Nuit en Enfer, au cœur de la tourmente" écrivit Variety, le magazine spécialisé sur l’actualité d’Hollywood. En fait, c’est d’abord le producteur exécutif Lawrence Bender qui était dans la ligne de mire du syndicat des techniciens, mené par Lyle Trachtenberg. "Ils disent que je suis un dictateur, dans un sens" explique le producteur devant la caméra de Sarah Kelly, qui tourne alors le Making of du film, Full Tilt Boogie ; "ils ont dit : la première chose qu’un dictateur fait, il se débarrasse de la police et des syndicats". Agacé, Tarantino, producteur exécutif du film, déclare : "ils ont le syndicat / Woody Guthrie de leur côté ; l’opinion publique se renverse. Ils disent : "Quentin se fait 2 millions, et ce machiniste peut pas se payer sa moto. Qui est le méchant ? Résumé comme ça, je suis un salaud ! En fait le syndicat des techniciens ne vise pas le film parce que des membres de l’équipe ont appelé pour se plaindre. Non, c’est moi et Lawrence qu’ils visent. Le syndicat devrait répondre aux gens au lieu de s’emparer de tout le monde. Mettons qu’ils ne fassent pas exprès d’attaquer, mais qu’ils soient après tous les projets de 10 millions ou moins. On ne serait pas concerné, parce qu’on dépasse les 10 millions. Si encore c’était le cas, très bien. Mais ils ne réagiraient pas à moins que l’équipe le leur demande, si les conditions étaient mauvaises. Ils ne feraient pas exprès d’attaquer". La conclusion de ce bras de fer entre le syndicat et Miramax, c'est que toute l'équipe technique a obtenu une assurance maladie; tous ceux qui travaillèrent sur le film pour une période entre 10 et 20 jours ont obtenu 3 mois de services médicaux. Entre 20 et 30 jours, ce fut 6 mois. Et une participation à plus de 30 jours de tournage était une année complète de services médicaux.

    Hommages au cinéma de genre

    Rodriguez et Tarantino sont des fans absolus du cinéma de genre, auquel Une Nuit en Enfer se veut être un vrai hommage. A cela s'ajoute volontiers des  auto-références. Par exemple les Kahuna Burgers et les cigarettes Red Apple, deux marques présentes dans Pulp Fiction : Uma Thurman ne fumait que cette marque, tandis que Samuel L. Jackson discutaient en voiture avec John Travolta des mérites de la marque de Burger. Autre référence, le "Precinct 13" posé sur le Tee Shirt de Ernest Liu, alias Scott Fuller : un hommage direct au grand maître John Carpenter et son film culte Precinct 13, à qui le tandem de réalisateurs a même piqué un dialogue. Dans le dernier tiers du film, lorsque les personnages font face à la horde de vampires, Scott Fuller suggère à son père adoptif Jacob de lier deux bâtons en croix (finalement un fusil à pompe et une batte !), car "c'est comme ça que Peter Cushing triomphe de Dracula". Il faut également rajouter un hommage plus "vivant" : la participation en tant qu'acteur du légendaire Tom Savini dans le rôle cultissime de "Sex Machine"; un des grands noms du maquillage et des effets spéciaux des films d'horreur aux côtés de Rick Baker.

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