On m’a bassiné avec ce film : un chef d’œuvre, le must concernant la mafia, une base, un Marlon Brando au top, mieux que Scarface (qui a cette réputation à cause des racailles selon moi) et parce que ce triptyque a sauvé Coppola tout en l’élevant au rang de réalisateur phare.
Hormis le fait que ce soit très pompeux et nourri aux superlatifs américains il faut avouer qu’il y a une part de vrai. Déjà niveau mafia force est de constater que je ne vois pas mieux. Casino s’en approche mais il viendra après et il avoue s’inspirer grandement de ce modèle (ça se voit). Scarface étant plus violent et moins consistant ce n’est pas comparable, puis Francis arrive à rendre le sujet intéressant ici. Malgré les longueurs et le rythme lent qui rappelle la chaleur italienne (sa marque de fabrique qu’il arrive fort bien à gérer) le récit se déroule posément et sans soucis, on ne se perd pas malgré les nombreux personnages. Toutefois je note que ça traîne parfois sans raisons alors qu’il y a des ellipses énormes (ce qu’il s’est passé en Sicile est éludé, le mariage de Michael aussi, personne de sa famille ne semble au courant, personne n’est puni non plus…).
Niveau casting on est pas mal quand même : Diane Keaton, Al Pacino, Marlon Brando, Robert Duvall, James Caan et la famille Coppola. Si Pacino y gagne là ses galons dans le domaine, passant magnifiquement de fils prodigue modèle limite mouton noir à Don respecté et établi (et d’acteur de théâtre inconnu à star bankable), les autres persos sont plus dans l’ombre (ou agaçants comme Constanzia). On en fait beaucoup autour de Brando et des ses artifices mais, s’il est certes iconique, il faut noter qu’il est peu présent et qu’on le comprend peu à cause des ses balles de coton. L’accent italien est bien fait mais là on sacrifie du texte au visuel, dommage car c’est bien écrit, avec des dialogues réalistes dont certaines phrases deviendront cultes (« on va lui faire une offre qu’il ne peut refuser »). S’il s’avère que la trame est assez classique on a quand même des décors top et c’est bien accompagné de belles musiques de Morricone, puis l’histoire nous accroche pour peu qu’on s’y mette dès le début (ça fait très tragédie grecque au passage).
Bref, malgré son auréole de louanges douteuses à priori « Le parrain » a réussi à m’alpaguer. Pas parfait mais très bon néanmoins, ça me permet de mieux comprendre la renommée acquise par certains. Il semble peu plaire à la gent féminine, la violence et la condition de celles-ci dans les familles latines doivent y être pour quelque chose, mais sorti de cela la fiction est gérée convenablement et l’histoire intéressante, avec un fond de vrai amené par un réalisme bien retranscrit. Je recommande ne serait-ce que pour la réalisation très juste de Coppola et sa vision de l’œuvre de Mario Puzo.