Diplômé en cinéma de l'université des Arts Industriels et du Design d'Helsinki, Aleksi Salmenperä a décroché de nombreux prix avec son court métrage Ferry Go Round. Après avoir réalisé Freefall pour la télévision finlandaise, ses deux premiers films, Producing adults et Un travail d'homme, sont remarqués par la critique et nommés et récompensés aux Jussi, l'équivalent des Oscars en Finlande.
Pas facile d'être un réalisateur en Finlande où très peu de films sont produits chaque année. Cependant, cela a presque été un avantage aux yeux d'Aleksi Salmenperä : "Mes trois longs métrages ont été réalisés de façon très espacée. Je pense cependant que c’est une bonne chose car j’ai eu ainsi le temps de me concentrer sur les histoires que j’avais vraiment envie de raconter, plutôt que de réaliser le premier scénario venu."
Le réalisateur a puisé l'inspiration dans son expérience personnelle : "Cette histoire m’est venue à l’esprit quand j’ai commencé à réaliser que j’avais parfois une attitude étrange dans la manière d’élever mes enfants. (...) J’ai peur de me sentir blessé si mes enfants ne grandissent pas comme je l’avais imaginé. C’est pathétique. Ce paradoxe, de savoir quel serait la chose à faire et d’agir inversement, me préoccupe. C’est à partir de ces sentiments que j’ai commencé à construire mon histoire. "
Lorsqu'il a écrit son scénario, Aleksi Salmenperä avait déjà en tête Ville Virtanen pour interpréter Mikael. Pour le cinéaste, il est important de fonder sa relation avec les acteurs sur la confiance. Pour cela, il a passé beaucoup de temps avec eux et a discuté longuement du scénario pour qu'ils se l'approprient totalement. Par ailleurs, il a également encouragé les comédiens à "ne pas se cacher derrière un personnage, mais à incarner ce personnage en restant plus ou moins eux-mêmes."
Le réalisateur avoue vouloir se rapprocher le plus possible de la réalité à travers ses films : "Je n’aime pas du tout jouer sur la forme. Si je devais écrire une séquence de rêve dans un film, je devrais être soit totalement ivre, soit somnambule. Il va falloir que je change ça, mais pour l’instant, je garde la caméra stable et je raconte des histoires de manière linéaire. (...) certains réalisateurs rappellent aux spectateurs qu’ils regardent quelque chose d’artificiel. A mon sens, ce n’est pas ce que devrait rechercher un film."
Pour le réalisateur de Tous les chats sont gris, difficile de faire entrer son film dans une case. Une volonté de la part du cinéaste qui construit ses longs métrages à l'image de la vie : "Ils combinent à la fois des éléments comiques et de drame. Cette alternance est pour moi une façon naturelle de raconter une histoire. C’est comme ça que je vois la vie. (...) Pour moi, ce serait frustrant de me contraindre à respecter les limites imposées par un genre. Je préfère ne pas me plier à un genre."
Tous les chats sont gris est produit par le cinéaste finlandais Aki Kaurismäki à qui l'on doit entre autres L' Homme sans passé, récompensé à Cannes et nommé aux Oscars comme meilleur film étranger. Sa notoriété a facilité la tâche du réalisateur Aleksi Salmenperä qui a pu trouver plus facilement des financements pour son film. Cette collaboration a débuté de manière plutôt simple : "Il y a quelques années, Aki m’avait dit qu’il aimerait produire un de mes films. Il m’a appelé au beau milieu de la nuit, de Turin, et m’a demandé si j’avais une idée de film. Je lui ai pitché celui-ci (...) et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à écrire Tous les chats sont gris." Kaurismäki lui a par ailleurs laissé beaucoup de liberté : "Aki a été pour moi le producteur idéal. Je n’étais pas obligé d’expliquer aux financiers quelles étaient mes intentions. (...) En tant que réalisateur, il m’a laissé libre de mes choix et m’a encouragé à faire confiance à mon style personnel et à ma vision."
Tous les chats sont gris a été présenté au 60e Festival international du film de Berlin.