Avis sur A midnight clear

Le film accuse son âge et nous traine dans un faux rythme durant tout le film, cependant, la seconde moitié est excellente par son idée et, j'imagine, la véracité de ces escarmouches loin des fronts. Rien que pour ça le visionnage de ce film de guerre hors-norme, à la réalisation moyenne et au jeu d'acteurs décevant vaut tout de même le coup! Une curiosité en dehors des circuits...

Méconnu au point de n'être jamais sorti en France, il était temps de découvrir « Section 44 », que Sidonis a eu l'excellente idée d'éditer récemment. Si le tournage a manifestement été agrémenté de divergences artistiques entre le réalisateur Keith Gordon (vous savez, le gamin maltraité se vengeant dans « Christine » ? Ba c'est lui) et les producteurs, un léger manque de maîtrise se faisant parfois ressentir, il serait toutefois vraiment dommage de passer à côté de ce film de guerre original et surprenant. Si elle n'échappe pas à quelques maladresses, la voix-off fait preuve d'une réelle sensibilité, retraçant avec justesse le parcours éprouvant de soldats moralement lessivés, d'autant plus choqués par l'espoir qui était né de cette étonnante situation pacifique. S'offrant même une parenthèse rappelant « Joyeux Noël », le drame qui s'ensuit n'en est que plus dur, reposant qui plus est sur un malentendu total. Il y a quelque chose d'assez fort dans ces décors neigeux, la constante perplexité semblant gagner chaque personnage, que l'on prend soin de représenter comme des gars normaux, des bons mecs pris en étau par une guerre dont le sens, surtout en 1944, leur échappe totalement. L'interprétation homogène, dont ressort néanmoins Ethan Hawke, émouvant, finit de nous convaincre du bien-fondé d'un titre longtemps injustement ignoré, n'ayant sans doute pas l'ampleur des chefs-d'œuvre, mais abordant sous un angle inhabituel et profondément humain l'absurdité d'un conflit ayant amené aux situations les plus tragiques. On aurait aimé voir un peu plus souvent le nom de Keith Gordon au générique d'un projet ambitieux.