L’avantage d’aller voir un dessin animé au cinéma, c’est que : 1/ On ne connaît pas les acteurs (ça repose). 2/ C’est forcément bien joué (ça repose). Quand, en plus, le film est bon, alors c’est le bonheur.
CHICO & RITA est un « film d’animation » (c’est comme ça qu’on dit quand c’est un dessin animé pour les grands) qui nous promène des trottoirs de La Havane du Cuba pré-révolutionnaire aux soirées chics et blanches de Park Avenue et aux clubs de jazz en sous-sol du New-York des années 50 (le paradis perdu) où l’on pouvait, entre autres, écouter Dizzy Gillespie et Charlie Parker tout en sirotant tranquillement son rhum ou son whisky, à chacun ses goûts. Une histoire d’amour passionnée et passionnelle entre Chico le pianiste et la belle Rita, sur fond de chanson cubaine, de jazz langoureux et même … de Stravinsky, l’un à la poursuite de l’autre (ou serait-ce le contraire ?)
La force du dessin, quand il est réussi (et c’est le cas), c’est qu’il crée instantanément une atmosphère et décuple la puissance onirique d’un récit : un paquebot qui quitte un port, les avenues enneigées de Manhattan ou l’arrière-cour d’un quartier pauvre de La Havane, des images qui pourraient paraître banales (ou pour le moins déjà vues) prennent tout de suite une dimension extraordinaire et nous procurent les mêmes sensations, le même ressenti que lorsqu’on lit un livre. Je vous défie de ne pas être ému par les yeux de Rita ou la silhouette de Chico, courbé devant son clavier. D’une certaine manière, l’animation et la BD sont plus proches de l’écrit que de l’image, de la littérature que du cinéma ; les cordes sensibles ne sont pas exactement les mêmes. On est dans le domaine de la poésie, du rêve. Il y a dans CHICO & RITA, un charme, une innocence assez bouleversants. C’est une histoire simple, belle et triste. Des films tristes mais qui donnent de l’espoir : allez comprendre ! Pour ma part, j’ai versé ma petite larme. Et pas qu’une fois. Pour les sentimentaux (et pour les autres aussi).