Avis sur Place aux jeunes

La profonde sincèritè et la dèlicatesse avec laquelle Leo McCarey approche l'univers privilègiè de l'amour nous font penser au cinèma de Frank Borzage! il faut donc mentionner ici, pour sa frappante parentè avec Borzage, un des chefs d'oeuvre de McCarey, dans lequel on dècrit avec autant de tendresse que de cruautè la dernière rencontre des vieux Barkley (Victor Moore) et Lucy (Beulah Bondi). Avant d'être sèparès par leurs enfants, tous deux revivent avec èmotion le jour de leurs noces, de nombreuses annèes auparavant! il est difficile de ne pas être èmu jusqu'aux larmes en regardant "Make Way for Tomorrow". C'est de McCarey que Jean Renoir reconnaissait qu'il savait comprendre la nature humaine, lui tèmoignant toute son admiration! Cette profonde comprèhension, elle donne tout son prix à ce film particulièrement intense et bouleversant, une œuvre èternelle dont la mise en scène force l’admiration! Victor Moore et Beulah Bondi, aussi, deux comèdiens inoubliables qui resteront à jamais dans nos mèmoires! L'affiche française avec ce panneau d'interdiction n'est pas terrible, l'affiche amèricaine est beaucoup mieux! Mais qu'importent les diffèrences si l'èmotion est là...

Un très gros merci au grand Leo McCarey d'avoir réalisé cette source d'inspiration essentielle et incontestable qui a permis la naissance du chef d’œuvre absolu du grand Yasujiro Ozu, "Voyage à Tokyo". Et puis surtout un très gros merci d'avoir réalisé ce film tout court car "Place aux jeunes" fait partie de ce qu'Hollywood, et puis zut de ce que le cinéma tout court, peut faire de plus réaliste et de plus émouvant (surtout que c'est un film tourné à Hollywood pas du tout hollywoodien !!!). D'autant plus que le McCarey a choisi comme chevaux de bataille la sensibilité et l'intelligence, pas con... Pas de misérabilisme, pas d'exagérations, pas de moralisme, pas de manichéisme, on présente les choses et les personnages tels qu'ils sont. La sobriété qui en ressort ne peut jamais laisser indifférent ; la séquence de la conversation au téléphone lors des parties de bridge est un modèle absolu de subtilité dans l'émotion à elle seule. La fin aussi dans ce domaine mérite d'être soulignée, elle arriverait à arracher des larmes à un sac en crocodile. Quand à l'interprétation, surtout celle du couple de vieux formé par Victor Moore et Beulah Bondi, elle est merveilleuse tout simplement. Peut-être avec le Ozu, le plus beau, le plus juste et le plus fort film sur l’inévitable fossé entre les générations. Oh et puis mince un chef d’œuvre...et tu m'étonnes que c'était le film préféré de son réalisateur et un de ceux d'Orson Welles.

(VIDEO) Un sujet toujours d'actualité... Mais le film ne semble jamais démarrer, et ne fonctionne d'ailleurs sur aucun ressort dramatique. Bref, un bel ennui.

Quand Leo McCarey se met en mode en mélo, cela donne « Elle et lui » bien sûr, mais également « Place aux jeunes », vibrante déclaration d'amour aux « petites gens », mais hommage surtout à un sujet que l'on n'évoque que rarement au cinéma : la vieillesse. C'est d'ailleurs cet équilibre qui fait toute la force de l'oeuvre, cette difficulté de vieillir, surtout lorsque l'on rencontre des problèmes financiers des plus importants. Cela pourrait être misérabiliste, pesant, ennuyeux... C'est beau, émouvant, sensible, d'une pudeur extrême et d'une délicatesse admirable. Si bien que tout ceci a beau être au fond assez déprimant, preuve d'une volonté de s'inscrire dans une démarche sociale (très convaincante d'ailleurs), nous préférons retenir ce lien indéfectible unissant les héros du film, joués de manière épatante par Victor Moore et surtout Beulah Bondi. Du grand cinéma, élégant, à hauteur d'homme et nous laissant un magnifique souvenir : merci M. McCarey.

Dans la mecque du cinéma déjà et incurablement atteinte de jeunisme, Léo Mc Carey, le plus méconnu des grands d'Hollywood, va oser le contre pied en suivant le parcours dramatique de deux septuagénaires au crépuscule de leur existence, un couple de vieillards victimes de revers financiers qui vont être contraints de dépendre de leurs enfants. La première décision de ces derniers sera de les séparer afin de répartir les inconvénients liés à leur hébergement... lorsque la séparation deviendra définitive, ils parviendront à se dire adieu dignement dans une scène magnifique se déroulant sur le quai d'une gare, retrouvant, dans le souvenir de leur amour, la force d'envisager la vie l'un sans l'autre avec sérénité... Le regard de Mc Carey n'est ni misérabiliste ni complaisant, il fait le choix de la sincérité dans un cinéma débordant de tendresse et de vérité...

Difficile de parler de ce film sans émotion, aussi unique dans l'histoire du cinéma que peut l'être ''La nuit du chasseur '' bien entendu pour des raisons fort différentes. Unique d'abord parce que c'est McCarey aux commandes et que lorsqu' on a vu les deux « Elle et lui » on connaît sa sensibilité,sa bienveillance sur les sentiments,sa tendresse,sa nostalgie du temps qui passe et son expressivité à savoir nous restituer tout cela. Unique ensuite par la façon dont le sujet est traité. A la fois réaliste mais dans la douceur et romantique au possible tant dans les souvenirs que dans le présent. Comme dans beaucoup de chefs d'oeuvres l'action va crescendo et mieux le spectateur s'attache au contexte et plus il en sera récompensé artistiquement dans la dernière période de film qui constitue un point d'orgue inégalé sur la condition humaine. C'est bien sur un film social mais surtout moral comme l'indique le carton du départ, car sans vraiment prendre ouvertement partie ,le réalisateur nous montre où vont ses préférences et nous fait profondément réfléchir au comportement que nous devons avoir vis à vis de nos parents lors de leurs vieillesses. Ce coté moral ressort sur de nombreux détails dont le film est émaillé...La tentative du baiser qui échoue faute d'intimité,la valse interrompue qui reprend grâce à la bienveillance du chef d'orchestre,la pudeur sans cesse présente,tout cela chez un vieux couple destiné à être séparé. C' est vraiment un grand, très grand moment de cinéma.

Le réalisateur américain catholique Leo McCarey livre une œuvre pathétique et larmoyante, mais chargée de réflexion. Qu'en est-il de la dignité d'un homme qui se sent devenir inutile une fois arrivé le terme de sa vie ? Devenu un fardeau pour leurs enfants, un couple de personnes âgées est contraint de se séparer pour faciliter à l'égoïsme et la cruauté des personnes de leur entourage. Leo McCarey arrive à imprimer les émotions les plus fortes sur un écran de Cinéma, grande preuve de talent, et même de génie poétique.

Voila un film qui montre bien que ce ne sont pas toujours les plus Grands films qui perdurent, bien que ce film provoquait une très forte nostalgie à l'Hollywood des années 50, l'âge d'or. Car il s'agit d'un somptueux chef d'oeuvre de la part de McCarey (le meilleur Marx brothers, Duck Soup, une géniale comédie, L'extravagant Mr Ruggles, la comédie romantique absolue, An affair to remember...). Il comprend les situations des gens "normaux" (ici personne n'est méchant, ce qui n'empeche quelques situations difficiles) comme Ozu a pu le faire en état de grace (Tokyo monogatari, Bakushu). Les parents ne peuvent plus être autonomes, que faire? Leurs enfants ont de l'affection pour eux, il est hors de question de les laisser tomber. L'argent ne débordant pas, ils vont vivre séparément...
A partir de la, on observe les deux personnes âgées vivre loin l'une de l'autre, et dans leur famille d'accueil, avec leurs enfants. La première situation nous montre à la fois la face horrible du mariage, et sa face magnifique. D'abord, on se rend compte d'une dépendance de l'autre qui est destructrice et façonnée par le temps et dangeureuse car il est trop tard pour y pallier. En même temps, la complicité qui lie les deux êtres est telle que l'un possède désormais tout ce qui manque à l'autre, leur existence individuelle étant finalement remplacée par une existence commune. Et c'est avec ceci en tête que la deuxième situation fait très mal. Car les deux vieillards sont inaptes à toute autre vie. Et pourtant ils vont essayer d'exister dans leur nouvelle famille, provoquant gêne, honte, dérèglant les habitudes, devenant un poids malgré la bonne volonté et l'affection. Alors se joue une merveille de non-dits, qui conduit à la séparation, avant que la situation n'empire, illustrant le titre du film et donnant naissance à un sentiment de culpabilité et d'ingratitude blessant chez les enfants. La pudeur, la sensibilité, l'intelligence de ce film atteignent largement ceux de Tokyo monogatari.

Délicatesse, profondeur, puissance émotionnelle caractérisent cette oeuvre bouleversante et sincère.

Une oeuvre hors norme dans l'histoire du cinéma hollywoodien, par son sujet et la délicatesse de son traitement sur un sujet sensible et qui bien sûr, aujourd'hui encore, est d'une si forte actualité: la fin de vie telle qu'elle est acceptée ou non dans nos sociétés "jeunistes" qui vouent un culte à l'efficacité et au progrès.
Qu'elle est cette folie qui considère qu'il y a un progrès de l'humanité dans son ensemble. De tout temps ce qui a transcendé l'existence de chacun c'est l'amour sincère et sans artifice qui a divers degrés a rapproché les êtres. Ce couple amoureux, après cinquante ans de vie commune, est un exemple plus vivant que jamais de ce qu'est le sens même de la vie.

Un très grand film d'une subtilité rare et plus que jamais d'actualité 75 ans après sa sortie. Les scènes sont d'une grande justesse et l'émotion palpable. Bravo M. Mc Carey !