Après un Inglorious Basterds en dents de scie, j'attendais de Django qu'il me procure ces moments de jubilation totale disparus depuis le diptyque Kill Bill, et à plus forte raison depuis Pulp Fiction. Si Inglorious Basterds comportait malgré tout certaines scènes anthologiques, cela ne faisait qu'accentuer ses baisses de régimes. Le même schéma vient malheureusement de se reproduire, pointant du doigt la faiblesse d'un cinéaste souvent génial, mais dont le ton inimitable implique une quasi-perfection pour ne pas me faire regretter les choix de Tarantino, artiste si doué dans son travail sur l'image qu'il nous pondrait probablement chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre s'il s'adonnait à un cinéma plus conventionnel. Comprenez-moi bien, je ne souhaite surtout pas changer à Tarantino mais seulement vous faire comprendre que le génie mets en lumière la moindre faiblesse. Et visuellement donc, Django est une petite merveille. Certains plans sont jouissifs, le montage enchaine sans la moindre faiblesse et la photo est très soignée. Côté audio c'est encore mieux, et la recette de QT, qui consiste à piocher des thèmes (souvent cultes) à droite à gauche sans s’embarrasser d'un compositeur marche mieux que jamais. Un tour de force considérable dans un genre où les films cultes de Leone et consorts ont mis la barre si haut au niveau de la BO. On a donc droit a du Morricone, au thème du Django original, et même à du rap (si si, du hip-hop dans un western). Non seulement Tarantino ose donc tout mais ça passe comme un lettre à la poste, ce qui me donne une transition toute trouvée pour souligner à quel point ce réalisateur est à part, adoptant un ton une nouvelle fois unique. De l'humour, beaucoup d'humour, du second degré à foison, un mélange de genres toujours étonnant (bien que légèrement moins marqué qu'à l'habitude). Bref, c'est du Tarantino. Mais du Tarantino, ça veut aussi souvent dire une écriture de grande qualité. Et c'est principalement là que je reste sur ma faim ; le final est attendu, le scénario manque de génie, et les punchlines sont comme celles d'un grand boxeur certes, mais d'un grand boxeur fatigué. Alors quoi ? Tarantino est-il légèrement sur le déclin ou s'est-il assagi en acceptant un peu plus de maturité ? Bon c'est vrai, il reste excellent dans le domaine mais ce sont souvent ces failles là qui enrayent momentanément la machine, comme j'en ai parlé plus haut. Mais il y a pire pour Django, que le fait que son auteur soit passé de génial à seulement très bon. Ses personnages m'ont aussi paru moins finement dessinés (j'ai vu Django en VF, c'est vrai) même si Waltz et surtout Jackson sont très bons. Encore une fois, c'est du bon travail mais QT a déjà fait mieux, et j'attends de fait énormément de lui. Enfin, là ou le bât blesse vraiment, c'est au niveau d'un rythme inégal, le film retombant comme un soufflé dans une deuxième partie trop longue. Dans sa forme, Django Unchained est en fait purement génial, mais m'a moins emballé que je l'escomptais sur sa trame de fond. Ça reste du très bon, de l'inratable dirais-je même, mais peut-être pas le film de l'année. Sympa quand même, de voir Tarantino s'essayer à une dénonciation politico-historique peut-être pas menée à la perfection, mais quand même boostée par les inimitables fulgurances comiques de ce grand directeur. Et je n'oublie pas un gunfight d'une classe magistrale. Bref, un joli hommage au western spaghetti, terrain où Tarantino peut d'ailleurs laisser s'épanouir ses célèbres pulsions sanguinaires. Je ne vous ferai bien sûr pas l'affront de vous dire que Django Unchained est un film à voir...