Holly motors est un véritable hommage à l'art cinématographique, tant qu'aux grands maîtres qu'à ses éventuelles descendants. Carax multiplie les références sans s'en cacher à Georges Franju, Jean Luc Godard (Le mépris -la maison au début-), Stanley Kubrick (Shining -l'hôtel à la fin-, L'ultime razzia -les mannequins à la Samaritaine-, 2001, Odyssée de l'espace avec le vieil homme alité) voire David Lynch (la voiture la nuit le long des routes sombres). Holly motors, malgré ses faiblesses (certains passages au milieu du film, les dialogues parfois simplistes), n'a pas à pâtir de la comparaison avec ses aînés. La grande force du film tient à la virtuosité de sa mise en scène, la fluidité qui permet la transition souvent réussie entre les différents segments. La beauté de la photographie est indéniable (Paris la nuit, ses routes sombres, les lumières, la magnifique scène de motion capture...) Peu prolixe en musique, Léo Carax sait les distiller aux moments justes, quasi paroxystiques, l'air de Kelly Minogue (bonne actrice lors de la plus belle partie du film, gràce aussi à l'idée de tourner à la Samaritaine) reste ancré dans notre esprit, sans compter la chanson de Danset qui conclue au mieux la trajectoire du personnage en lui donnant, de même qu'au film, une immense humanité. Le cinéma donné ici par Carax est aussi fait de simulacres, que se cache t-il derrière les masque ? et dessous les vêtements ? Denis Lavant fournit une performance inoubliable (oubliée à Cannes), casse gueule, rarement pathétique. Il nous montre aussi des qualités de mime, de gestuelle, de souplesse de corps quasi exceptionnelles. La souplesse d'un corps sauf sa teub, belle érection, lol. Beau rôle aussi pour Edith Scob qui conduit le film et son héros, d'une certaine façon. Piccoli fait une brève mais décisive intervention. Eva Mendes, stoïque, se demande ce qu'elle fait là par contre. A l'inverse de Cosmopolis, aucune prétention ici et une voiture fascinante et vivante ! bien mieux filmée que dans l'insignifiant film de David Cronenberg. D'ailleurs comme le disent Les Cahiers du cinéma, Holly motors apporte à la question "où vont dormir les limousines la nuit ?" évoquée dans Cosmopolis une réponse poétique et sensible. A noter aussi, le prologue du film (l'homme qui se réveille et se retrouve au cinéma) : un des plus beaux moments qui m'a été permis de voir dans une salle de cinéma. Holly motors frôle le chef d'oeuvre (excepté le corps à poil et les fesses de Lavant) !