Vice-Versa était un film que j'attendais avec une grande impatience! Déjà parce que j'aime beaucoup le studio d'animation Pixar qui regorge d'idées originales, et parce que la base de l'histoire donnait vraiment envie. Faire vivre les émotions d'une petite fille, et voir comment elles réagissent suite à un événement bouleversant était une idée très prometteuse. Pixar n'était pas au top de sa forme ces dernières années avec Cars 2 dont je ne me souviens plus très bien mais qui semble n'être qu'un délire bien gamin, Rebelle qui gâche son potentiel en ne développant qu'une relation mère-fille alors qu'il semble bien plus fait pour une quête initiatique, et Monstres Academy qui est sympa mais dont l'histoire manque d'originalité. Mais avec Vice-Versa, Pixar fait son grand retour! L'histoire est pour commencer, tout simplement géniale:
Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût sont les cinq émotions présentes dans la tête d'une jeune fille appelée Riley. Elles veillent chacune sur elle, Joie s'assurant de son bonheur, Dégoût veillant à ce qu'elle ne se fasse pas empoisonner la vie, Colère s'assurant de la justice, Peur de sa sécurité, et Tristesse... ne sait pas vraiment elle-même à quoi elle sert. Riley vit heureuse avec ses deux parents, elle a de super amis, une super maison... jusqu'à ce qu'elle doive déménager. Elle perd alors ses repères, ne voit plus ses amis, a du mal à se sentir à l'aise dans sa nouvelle équipe de hoquey, n'aime pas sa nouvelle maison... C'est un grand chamboulement dans sa tête qui doit être géré par les émotions. Et déjà que ce n'est pas facile mais lorsque Tristesse et Joie se perdent dans les couloirs de la mémoire à long terme, cela devient encore plus dur pour Riley qui a perdu toute gaieté et qui ne se laisse pas aller à la tristesse pour se sentir mieux.
C'est donc une histoire très originale, et également très intelligente. Ce film regorge d'idées excellentes:
l'équipe cinématographique Rêves Productions qui s'occupe des rêves, le Train de la Pensée, les pensées abstraites, le Pays de l'Imaginaire, les ouvriers qui décident si Riley s'intéresse vraiment à certains souvenirs, le single débile qui te reste dans la tête (c'est drôle parce qu'avant de voir le film, j'avais des chansons qui me restaient coincées dans la tête aussi. Foutue Mary Poppins...), les billes contenant la mémoire à long terme ou la mémoire centrale, le petit copain qu'on s'imagine être prêt à donner sa vie pour nous (Mais bon, ça c'est complètement surréaliste. Je serais moins étonnée de croiser Godzilla que de croiser un mec pareil.) et aussi l'ami imaginaire mais je compte reparler de lui plus tard.
C'est dingue de voir à quel point ce film n'oublie rien, à quel point ce film arrive en l'espace d'une heure et demi à tout dire sur nos pensées, nos souvenirs et nos sentiments. Parlons à présent des personnages: Joie est pour moi un gros coup de coeur, mais en voyant les bande-annonces je m'y attendais. Son optimisme et sa surexcitation permanente la rendent vraiment attachante. Sa profonde affection pour Riley est touchante. Ce qu'elle souhaite plus que tout est que Riley aime la vie et c'est beau de voir à quel point elle y tient. Tristesse est également un super personnage. Avec ses pensées négatives, elle forme un très beau duo avec la positive Joie. Elle apporte de bons moments de rire en se morfondant tellement sur elle-même qu'elle ne parvient même plus à marcher. Et le fait qu'elle ne connaisse pas le sens de sa place, et que même Joie la considère comme étant inutile, font d'elle un personnage très intéressant. On ne peut en effet pas deviner facilement à quoi cela peut bien servir d'être triste. Après, on a Colère qui est vraiment hilarant à péter sans cesse des crises. Peur nous apporte également du rire en s'affolant facilement. Et on a Dégoût, très drôle elle aussi, jouant un peu le stéréotype de l'adolescente sans cesse dégoûtée de la vie. Pour ce qui est de Riley, on ne dirait pas comme ça, mais étant donné que l'histoire mette en scène ses émotions en tant que personnages, c'est un personnage difficile à faire. En effet, ses émotions maîtrisant ses réactions dans le Quartier Général, elle aurait pu nous apparaître comme un simple robot obéissant aux recommandations des personnages. Mais Pixar a réussi l'exploit de la rendre touchante.
Dans la scène où elle avoue en pleurs à ses parents que le Minnesota lui manque, on sent vraiment à quel point elle est chagrinée.
De plus, c'est une pré-adolescente très réaliste, cherchant à s'amuser mais cédant à des crises de colère ou de peur suite à ce bouleversement qu'est le déménagement. Et enfin, il y a encore un personnage dont j'aimerais parler. Il s'agit de Bing-Bong, l'ami imaginaire de Riley. En fait ce personnage, si je l'avais vu dans un autre film, où il vivrait une situation toute autre, où il ne serait pas un ami imaginaire... sans doute je ne l'aurais pas trop aimé. C'est un personnage très gamin, au physique tout aussi gamin... mais avec lui, on ne peut pas cracher là-dessus. Car c'est un personnage imaginaire crée par une petite fille. Il a un caractère un peu bébête? Normal, il a été crée par une petite fille! Il a un design gamin? Normal, il a été crée par une petite fille! Il pleure des friandises et a en guise de vaisseau un charriot qui fait des arc-en-ciel et qui fonctionne en chantant? On ne peut pas se permettre de dire que c'est ridicule, ça a été inventé par une petite fille! Tout comme les émotions, Bing-Bong est très attaché à Riley avec qui il s'amusait quand elle était petite, mais qui semble peu à peu l'oublier. Il est très attachant car il rentre complètement dans le délire crée par son "amie". Il a tout à fait le genre de caractère qu'un enfant donnerait.
Mais aussi, il vient apporter une touche de drame dans le récit. Il tombe dans le Gouffre de l'Oubli avec Joie, là où sont envoyés tous les souvenirs oubliés par Riley. Il se sacrifie pour Joie, l'aidant à remonter tout en se laissant disparaître. Sa dernière phrase "Emmène-la sur la lune pour moi!" est touchante car on y ressent tout le caractère enfantin et surréaliste que Riley lui a offert. Sa disparition m'a surprise. Je ne m'attendais à voir un personnage mourir dans un univers pareil, mais c'est vrai que la disparition d'un personnage suite à l'oubli de ce dernier est logique.
Après, avoir bien parlé des personnages, je tiens à dire que les doublages sont vraiment excellents! Il avait été prévu que ce soit Emmylou Homs, celle qui double Anna dans La Reine des Neiges qui s'occupe de Joie, et j'avais été déçue d'apprendre que ce ne serait finalement pas elle. Mais Charlotte Le Bon a fait un travail tellement remarquable que j'ai le sentiment que personne d'autre en France, (pas même Emmylou, c'est pour dire!) n'aurait pu mieux doubler Joie! Sa voix respire tout le positivisme nécessaire à cette émotion! Elle est vraiment hilarante, donnant envie de rire sans arrêt! Les autres doubleurs font également un très bon boulot, que ce soit Marilou Berry en Tristesse dont la voix grave fait ressentir une grande déprime permanente, Mélanie Laurent en Dégoût dont la voix a tout d'une ados ce qui va bien avec l'idée, Pierre Niney double parfaitement le gars apeuré (Après avoir vu les bande-annonces, je pensais qu'une voix aigüe aurait été mieux approprié à un personnage froussard, mais après avoir vu le film, je ne pense pas qu'une voix aigüe était si utile finalement.) et Gilles Lelouche est hilarant en Colère! Après pour un film parlant des émotions, le moins qu'on puisse dire c'est que le film manie les sentiments à la perfection! L'humour est superbe, durant ma séance j'étais sans arrêt morte de rire! C'est plein de bonnes répliques! Et les doublages sont tellement bons, que j'avais parfois envie de rire rien qu'en entendant le ton de certains personnages. (Je pense surtout à Joie en disant ça.) Mais aussi, le film sait parfaitement créer des moments plus dramatiques.
Que ce soit la scène où Joie est coincée dans le Gouffre de l'Oubli et pense ne plus jamais pouvoir rendre Riley heureuse, quand Bing-Bong se sacrifie, ou quand Riley avoue à ses parents ce qu'elle a sur le coeur. Toutes ces scènes m'ont donné envie de pleurer.
Visuellement, c'est très beau dans la tête de Riley. Ca regorge de belles couleurs, on en prend plein les mirettes. Mais dans le monde des humains, c'est un peu décevant. Quand on voit les visages de Riley ou de ses parents, on voit que ce n'est pas très travaillé, ça manque de détail. Pour finir, Vice-Versa est intelligent de nous rassurer sur nos émotions, nous prouver que la tristesse nous ait utile, nous rassurer si un souvenir qui nous était autrefois joyeux peut nous apparaître ensuite comme un souvenir triste, nous montrer que nos souvenirs ne peuvent pas être constitués d'une seule émotion, pouvant nous apporter tristesse et joie. Donc, Vice-Versa est un chef-d'oeuvre, un des meilleurs film que Pixar nous ait fait. Une petite pépite que je me ferai un plaisir de revoir!