La première fois que j’avais entendu parler de ce film et de ses bases, à savoir une Amérique sans violence ou la haine et la rancœur de chaque individu pourraient être évacué en l’espace d’une seule soirée, j’avais trouvé l’idée aussi malsaine qu’absurde, déjà parce que ça me semble totalement improbable car la majorité de la population n’est pas sujet à des troubles psychotiques ou mentaux et aussi parce que cette idée est inhumaine, l’être humain peut devenir dangereux et abominable certes mais ce n’est pas un comportement qui est naturel, on devient violent, agressif et dangereux pour plusieurs raisons (une mauvaise influence de ses parents, un milieu de criminalité ou un pays en pleine guerre, etc…) car, dans notre société actuel la plupart des gens répugnent ou ne sont et ne seront jamais décidé à tuer par leur propre volonté, sauf si on les force à le faire ou qu'ils aient vraiment une excellente raison de le faire (une vengeance ou un acte de défense par exemple).
Mais ça c’était avant de devenir cinéphile : il y a peu, avant de le voir, je me suis dit que ça pouvait donner quelque chose de sympa, une bonne comédie noire, une bonne satyre ou un road movie d'horreur sympathique à personnages et qu'il y avait moyen d'en faire quelque chose de sympa voire même intéressant. Malheureusement, la première chose que j’ais lâché lors du générique de fin c’est : quel gaspillage ! Que ce soit pour faire peur ou être un Thriller d'épouvante fort, ça échoue sur toute la ligne sans même réussir à faire peur un seul instant.
Le problème de la purge, c’est qu’on nous donne uniquement les grandes lignes du concept, on n’a rien sur son origine, les premières réactions de la population face à cette nouvelle loi et on ne sait pas non plus qui a décidé de mettre en place cet évènement, à part le gouvernement mais avoir des noms, c’est bien aussi. Et pendant les vingt premières minutes, le personnage principal James Sandin nous rabâche avec cette idée (5 fois environ)
que la purge est une bonne chose pour l’Amérique et sa population et que "ça marche",
mais on ne nous explique pas plus, on ne cherche pas de raison approfondi pour justifier ce rite qui se déroule une fois par an. On nous montre uniquement des faits pour indiquer que la criminalité et le chômage ont baissé et c’est tout.
La musique est pas mauvaise en soi, mais elle est beaucoup trop discrète pour installer un vrai sentiment de tension et de suspens pour le public, je ne sais pas quel autre musique a composé Peter Gvozdas mais là c’est trop transparent pour qu’on s’en souvienne. Par contre, l'idée de mettre de la musique douce sur des images violentes ici avait l'air plus prétentieuses qu'autre chose, le contraste est là mais il y a un souci dans tout ça : ce n’est pas la première fois qu’on voit ce contraste, depuis Stanley Kubrick ce n’est pas inconnu et monté comme c’est ici, ça ne nous met pas mal à l’aise, ça passe pour quelque chose de vaniteux (d’ailleurs, est-ce que je suis le seul à être surpris de voir Michael Bay à la production ?).
Pour ce qui est des acteurs, Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder et Adelaide Kane s’en sortent bien, mais le problème vient plus de leurs personnages que des acteurs. Rhys Wakfield avait l’air de bien s’éclater dans son rôle de jeune psychopathe, Edwin Hodge ne montrait rien de catastrophique mais rien de vraiment bon non plus et comme il apparaît trop peu, impossible de l’évaluer. Mais du coup comment peut-on prendre ce film au sérieux si les personnages deviennent bêtes comme des poêles à frire ou des stéréotypes de films d’horreurs ?
Celui de Max Burkholder par exemple, Charlie Sandin, est le cliché typique du crétin de gosse qui finira par prendre les mauvaises décisions après avoir fait la première connerie
en faisant entrer un SDF qui était pourchassé par des citoyens de la bourgade, ce qui attirera la sa bande à la baraque.
Alors au début c’est compréhensible et acceptable, ce n’est encore qu’un enfant qui ne veut pas assister à la mort d’une personne et qui remet en question les soi-disant bienfaits de la purge, mais quand la famille se retrouve menacé
à cause de cet individu sauvé de justesse, le protéger n’est pas la meilleure chose à faire, c’est même un choix très stupide quand tu sais que ta famille peut se faire tuer et envahir à tout instant par un groupe de jeunot psychopathes voulant simplement profiter de la purge pour assouvir leurs fantasmes criminels.
James n’aide pas lui non plus puisqu’il est le cliché typique du père convaincu que le système mis en place est une bonne chose et qu’il ne le remet pas en question, mais c’est aussi le stéréotype du crétin de père qui n’accepte pas que sa fille ait une relation avec un amoureux et ça, on a bien envie de s’en passer et il prend une décision sans justification
en décidant de ne pas livrer le SDF, sans raison vraiment valable alors que sa vie et celle de sa famille en dépend… alors la raison est peut être développé lorsque Mary lui dit qu’elle et lui passent pour des monstres en maltraitant leur hôte surprise, mais ça ne vas pas plus loin, ce n’est pas forcément un mauvais choix moralement parlant, mais c’est aussi argumenté que de dire que la purge fonctionne mais sans consistance derrière.
Zoey, elle, est aussi raté car elle n'a pas grand chose pour elle, à part pleurnicher et être amoureuse de son petit ami
qui se fera tuer après avoir tenté de tuer le père de l’autre nana.
, cette fille est inutile à l'histoire sauf pour être agaçante. C’est triste de voir une actrice se limiter à faire aussi peu dans ce film alors qu’elle est peut être capable de plus que ça. Et pour la mère c'est pas tellement mieux, Mary, elle, pense que la purge est un mal nécessaire pour le pays, alors que
dans le feu de l’action elle est proche de perdre tout ses moyens
et elle devient tout aussi inintéressante que le reste de la famille de riche que l’on suit pendant tout le film dans un huit clos alors qu’il aurait été plus intéressant de faire un tour en pleine ville pour voir la purge et ce qui s’y déroule de plus près, ou même de suivre une famille de pauvre qui est confronté à la purge annuel.
Quant au personnage déclencheur du film, à savoir le SDF, on n’en sait pas assez et il aurait pu être l’un des principaux personnages qui aurait pu servir à montrer une morale ou à faire passer un message au spectateur. On ne sait absolument rien de lui, alors qu’il y avait plein de possibilités sur ce personnage pour apporter de la richesse au scénario, ça aurait pu être un membre du gouvernement qui a été renvoyé pour d’être opposé à la Purge, un espion qui cherchait un moyen de lutter contre cet évènement mais qui s’est retrouvé dans une situation délicate ou même un immigrant qui a été impliqué là-dedans sans savoir ce qui se passait. Mais il n’y a presque aucune interaction avec lui, il n’apparaît même pas pendant 10 minutes durant tout le film et il garde la bouche fermé la plupart du temps. Et puis
ça aurait été un meilleur retournement de situation final que de voir les voisins des Sandin arriver en groupe après avoir massacré le groupe de jeune, parce que dés le début du film ça se sent, le peu de discussion qu’auront Mary et James avec eux montrent clairement que ces voisins ne sont pas digne de confiance et qu’on les reverra tôt ou tard,
et le SDF qui aurait pu servir comme représentation des pauvres dans ce film est complètement délaissé, ce qui fait de tout ça un énorme défaut d’écriture et de scénario.
Le seul personnage intéressant est celui du chef de groupe qui est une sorte de petit hommage à Alex d’"Orange Mécanique". Au moins c’était un bon taré comme on les aime bien même si il faisait cliché en tant que psychopathe et il divertissait à chaque fois qu’on le voyait à l’écran, je ne sais pas si l’acteur prenait son personnage au sérieux ou pas, mais au moins il était hilarant à suivre. En fait, il est la preuve à lui seul que ce film n’aurait peut être pas dû se prendre au sérieux une seule seconde, "American Nightmare" aurait dû être soit une comédie noire, une satire sur la société ou un film d’exploitation mais pas un film à concept qui a pour seul but de montrer que la purge est une mauvaise chose... alors que ça ne risque pas d'arriver dans notre monde actuel, en tout cas pas pour le moment et espérons que ça n'arrivera jamais.
Et quand le scénario est trop basique, ça n’aide pas le reste à devenir plus développé et on a quand même pas mal d’absurdités qui rendent ce film encore plus bancale :
pourquoi le groupe d’Henry se contente d’assiéger une maison seule au lieu de s’en prendre aux autres maisons aux alentours, ainsi qu’aux SDF et autres faiblards qui sont encore en ville ? Ce n’est pas comme si la famille Sandin était forcément le centre d’attention de cette purge. Lorsque les assiégeurs entre dans la maison, on voit Zoey caché sous un lit et un des assaillants entrer dans sa chambre… comment peut-il ne pas avoir l’idée de voir sous le lit alors que c’est le premier endroit ou l’on cherche quand on traque quelqu’un dans une pièce ? Autre connerie dans le même genre, comment le soleil peut-il se coucher en 62 minutes alors qu’au moment ou on nous indique qu’il reste 62 minutes avant la purge, on est encore en plein après-midi ? Tant qu’on y est, c’est quoi cette attitude de parler paisiblement avec ses voisins avec la purge alors que ça risque de tourner au bain de sang à tout instant, c’est trop décalé avec le contexte et le concept ! Et aussi, ce n’est qu’un détail mais : C’EST QUOI CETTE BOURDE DE PARLER DE SES FUTURES CRIMES A LA RADIO ??! Le mec qui a dit vouloir tuer son patron va surement se faire virer sans s’en rendre compte à mon avis. Et enfin, pourquoi ces jeunes délinquants ont coupé le courant s’ils savent que le SDF est dans la maison, ça ne va pas aider la famille à le retrouver ?
Et enfin, je crois qu’il est difficile d’avoir un climax aussi mou et décevant que ça :
le SDF intervient, sauf la situation et Mary décide de passer le reste de la purge autour d’une table avec leurs voisins qui avaient tenté de profiter de la situation pour descendre la famille.
Je ne sais pas ce que James DeMonaco a réalisé et scénarisé avant, mais si tous ses films sont comme celui-là, ça n’est pas très motivant.
Au final : "American Nightmare" est un film ou le souffle glacial qu’on attendait n’arrive jamais, c’est sans goût et sans saveur, avec un concept qui est tellement peu développé qu’il en perd toute logique et qu’il n’a même pas lieu d’exister dans ce futur. Il y avait tellement de possibilités dans ce film, que ce soit avec les protagonistes principaux, l’intrus dans la maison, le développement du concept mais c’est tellement basique et forcé que le film n’a plus rien pour lui, la major partie du film est sans engagement et ça n’arrive même pas à être divertissant ou à faire suffisamment d’effort pour être un bon film.