Après Trainspotting, Acid House et Ecstasy, le romancier britannique Irvine Welsh voit une autre de ses œuvres adaptée à l'écran. Cette fois-ci, c'est le super trash "Une Ordure" qui est transposé à l'écran par le rookie Jon S. Baird (l'inédit Cass). Nous retrouvons donc dans cette magnifique Écosse où un inspecteur de police va devoir élucider une enquête difficile. Et pour compliquer les choses, notre policeman s'avère être l'homme le plus dépravé de tout le pays : obsédé sexuel cocaïnomane, pervers ripoux, misanthrope à la limite de la pédophilie, toujours entre une gueule de bois et des hallucinations. Aucun doute, on est en plein dans du Walsh... Filth est un long-métrage soigné, visuellement somptueux, regorgeant de passages déjantés au rythme effréné. Des couleurs chaudes pour une ville froide, une photographie éclatante, une musique orchestrée par le grand Clint Mansell, une mise en scène inspirée et surtout une galerie d'acteurs incroyablement possédés. Le héros de Filth, c'est Bruce Robertson, incarné par un James McAvoy qu'on ne croyait pas autant fantastique. Jonglant entre la folie, le sadisme et l'humour, l'acteur interprète un anti-héros comme on en a rarement vu, une ordure qu'on a pas envie d'aimer mais qui cache si bien son jeu aux yeux de tous qu'il en devient sympathique. Une prestation de génie qui prouve que le comédien est un véritable caméléon. Pourtant, Filth reste difficile à regarder. Premièrement, l'accent écossais est très spécial et met le spectateur anglophone dans l'embarras face à un langage rapide, bourré d'expressions et d'argot souvent impossibles à déchiffrer. De plus, l'intrigue (la vraie) avance très lentement, le long-métrage se constituant principalement de la descente aux enfers de ce flic tout sauf intègre qui, outre ses innombrables farces et son sens de l'humour noir comme du charbon, s'autodétruit de plus en plus. Mais la force du récit, aussi complexe est-il à saisir, devient limpide et bouleversant en fin de parcours, lorsque l'on constate un réel effort dramatique autour de cette pitrerie gigantesque. À l'instar de Trainspotting presque vingt ans auparavant, Filth est un film-choc, une comédie féroce et un statut culte qui ne demande qu'à émerger.