Benjamin Murmelstein, le personnage principal du film, est le seul responsable du Conseil juif à avoir survécu à la guerre. Partout où ces conseils avaient été installés, les Nazis n'avaient laissé aucune chance aux "doyens", souvent déportés.
Le cheminement menant à la sortie d'un film est une science inexacte. Si Claude Lanzmann sort son film aujourd'hui en 2013, il en a tourné les images en 1975 à Rome, soit il y a 38 ans. Cette année-là, il avait passé une semaine en compagnie de Benjamin Murmelstein, qui s'était confié sans retenue. Cette rencontre avait été faite dans le cadre du tournage de son deuxième film, Shoah, sorti en 1985. Le réalisateur avait finalement décidé de ne pas utiliser les rushes et de les confier aux archives du musée de l'Holocauste de Washington.
Le titre du film reprend le surnom de Benjamin Murmelstein : "Le dernier des injustes". Ce surnom est une référence à l'oeuvre d’André Schwarz-Bart, "Le Dernier des Justes".
Créé en 1941, le camp Theresierenstadt, que Murmelstein a "dirigé", fut désigné comme le "ghetto modèle". Adolf Hitler et Adolf Eichmann se sont servis de cette ancienne forteresse tchèque comme d'un objet de propagande. Aussi, un film y a été tourné sous la contrainte en 1944 par le Juif Kurt Gerron sur ordre du SS Hans Günther afin d'y montrer que la vie y était paisible. Construiste entre 1780 et 1790 avec une capacité d'hébergement de 7 000 soldats, la forteresse de Theresierenstadt a accueilli jusqu'à 50 000 juifs au plus fort de son activité durant la Seconde Guerre mondiale.
Claude Lanzmann a passé la deuxième partie de son existence à raconter l'histoire de son peuple au travers de documentaires. Avant Le Dernier des injustes, il avait réalisé Le Rapport Karski, "2001 Sobibor", "14 octobre 1943", "16 heures" et surtout Shoah. Ce dernier se veut "un film épique", selon son réalisateur, long de 9 heures 30 ! La carrière de Lanzmann a été remerciée le 14 février 2013 par un Ours d'Or d'honneur au Festival International de Berlin.
Auteur et réalisateur engagé, Claude Lanzmann est médaillé de la Résistance avec rosette. Il a également été élevé au rang de Grand Officier de la Légion d’Honneur et de Grand Officier de l’Ordre National du Mérite.
Si Le Dernier des injustes relate des faits qui ont vraiment eu lieu, Claude Lanzmann tient à préciser qu'il s'agit avant tout d'un récit engagé : "Theresienstadt, c’est une histoire folle, c’est pour moi l’acmé de la cruauté. Quand j’étais à la gare de Bohusovice, je me suis dit que c’était moi qui devais exposer la chose. Je ne pouvais pas faire un film objectif là-dessus, ce n’était pas un film d’historien. C’est pourquoi j’ai commencé par : « Qui connaît le nom de cette gare ? »"