Comme pour beaucoup de critiques que j'ai pu lire, celle-ci sera la première en ce qui me concerne.
Qu'est-ce qui peut bien décider un fan de science fiction qui a largement dépassé la quarantaine à poster sa première critique ? Soit une révélation, soit une déception.
Hélas, c'est une déception. Et quelle déception !
Comment est-il possible de rater un film lorsque que la profondeur de son univers est si dense, si riche et alors que le budget est, tout comme l'impatience des fans, tellement élevé ? C'est juste incompréhensible.
Que dire du scénario ? Si l'on en retire tout ce qui a déjà été porté à l'écran, et notamment dans le film de 1977, il ne reste rien que quelques scènes banales et sans profondeur. On pourra nous dire que ce film est un clin d'oeil à la première génération de fans, qu'il est nécessaire pour préparer une suite qui, nécessairement, sera -elle- originale à tous points de vue. On nous dira aussi que c'est la transition entre la première génération de héros vieillissants et celle des héros qui émergent. Peut-être. Sauf qu'un tel clin d'oeil s'appelle du racolage actif, que la nouvelle génération est terne et qu'elle n'est qu'un vague copier-coller des bonnes vieilles recettes qui fonctionnent.
Les personnages sont creux, sans profondeur, peu attachants. Ah si, l'un d'entre eux est attachant : le robot BB8, avec ses bruitages à la Wal-E qui vous tirent des larmes des yeux ou les seuls sourires crispés que plus de deux longues heures de supplice ont vite fait de vous faire oublier. Même les anciens ont l'air de ne pas être à leur place. Chewbaca est le seul à ne pas avoir un poil blanc. C'est normal pour des héros qui ont vieilli de 30 ans, mais perdre la pêche à ce point n'est pas le seul fait de l'âge mais bien celui d'un scénario bête à pleurer.
La réalisation est "classique", oui, mais de la part d'un JJ Abrams qui avait réussi à donner à la franchise Star Trek un véritable second souffle, c'est déjà décevant. Ont-ils bridé JJ Abrams ? Où sont passées ses lumières saturées qui créaient des effets visuels tellement intéressants ? Il y a encore quelques plans assez renversants, notamment ceux d'un faucon millenium slalomant entre les carcasses de croiseurs impériaux en ruine mais, dans l'ensemble, c'est désespérément banal.
Reste la caricature : le nouvel ordre en néo-nazis risibles, le méchant capricieux comme un enfant de 6 ans, l'héroïne qui se découvre des pouvoirs en 15 minutes et parvient à surpasser celui qu'un travail acharné aurait dû mettre à l'abri de la défaite, même avec une main dans le dos et un bandeau sur les yeux.
Les 6 premiers films se gardaient bien de tomber dans le piège de la facilité. L'effort y était décrit comme une vertu cardinale que les apprentis Jedis apprenaient avant tout autre chose. La discipline était vantée et seuls ceux qui se montraient persévérants et constants dans l'effort parvenaient à la maîtrise de la "Force". Dans ce nouvel opus, le troupier de base devient un génie militaire, la ferrailleuse s'improvise pilote d'élite et Jedi l'instant d'après. Les anciens suivent, peinent à tenir le rythme. Pas de quoi rendre les nouveaux héros sympathiques aux yeux des anciens fans. Il aurait mieux valu que les nouveaux héros passent par le rite initiatique du "voyage du Héros" de Joseph Campbell dont Georges Lukas s'était largement inspiré, et avec bonheur. Dans ce nouvel opus, c'est plutôt "pousse toi de là, le vieux, tu vois bien que tu gènes !", c'est aussi : A bas l'effort, vive le pouvoir jetable instantanément appris ! C'est finalement le reflet d'un monde dans lequel tout ou presque est à portée de click et ou plus rien n'a besoin d'être appris ni retenu puisque le moindre savoir est disponible en le demandant poliment à son smartphone.
C'est pour ça que les nouveaux personnages ne sont pas attachants : ils n'apprennent pas, ils savent. Ils ne font pas d'effort, tout leur tombe tout cuit dans la bouche. Oh, certes, ils ont souffert, mais ça ne suffit pas à leur donner de la légitimité ni à les rendre sympathiques.
Bon, y'a aussi des effets spéciaux. Y'en a. Voilà.
Et il y a aussi la musique de John Williams.
Et aussi des duels -poussifs- au sabre laser. A ce propos, Alec Guinness avait au moins le mérite d'avoir 63 ans lorsqu'il ferraillait dur avec Vador. Les trois derniers films de la franchise nous avaient habitués à des duels bondissants et époustouflants de prouesses virevoltantes. Là...euh, comment dire...? Bah c'est mou. Mais moooouuuuuuu !!!! Deux chamallows avec des sabres. Et des fois, ils se battent ! tchic, tchac ! Voilà.
Bref, c'est le film de trop, le film qui gâche tout et dont il n'est pas certain qu'il parvienne à fidéliser autre chose que des admirateurs inconditionnels, c'est à dire ceux qui admirent sans condition.
Pour les autres, passez votre chemin. Ou acceptez de verser une larme de rage après 2h30 d'une torture que vous vous serez volontairement infligée.
C'est triste.