Insensible à la bande annonce présumant un "fast & furious" édition 33 ap. JC, et conforté par la critique des spectateurs coutumiers au bon divertissement et dont la désaffection est souvent gage du peu d'intérêt que présente un ouvrage, j'ai boudé la sortie de BEN-HUR, dont la version menée par sieur Heston fut mon premier film en VHS (ahah, j'étale ma vie, fuyez pauvres fous!). Puis je suis tombé sur une critique, ici-même sur Allocine, d'un homme qui se prétendait d'une soixantaine passée et qui faisait bon accueil du film au regard de l'ancienne version. Trop intriguant pour ne pas oser l'aventure et résultat, que du plaisir !
Faisant fi des contraintes conventionnelles dont souffrent tous les films à gros budget qui imposent la conciliation, de ne pas choquer mais susciter l'adhésion (hé, ne rouspétez point ; c'est nous qui le demandons !), je me suis pleinement régaler de cette version. Il est, à mon sens, malvenu de l'estimer exclusivement par un rapport à la version première : il s'agit de la même histoire, certes, mais de conteurs et d'époques différentes.
Mais soit, je me prête au jeu. Un bon BEN-HUR (ahah, je vous avais dit de fuir) se résume en 4 étapes : la fracture fraternelle, la galère et son tambour, la course de char et le miracle. Pour la réunion de famille, le jeunot est gagnant avec un fatalisme plus présent là ou l'ancêtre penchait pour le manichéisme familial (Judah bien, Messala pas bien). Pour la galère et son tambour, c'est exéco (du latin ex aequo) : la tension du jeunot lors de l'éperonnage est terrifiante, mais on ne retrouve pas la scène d'entraînement et le regard tueur de Judah ramant sur les 3 cadences du tambour. Pour la scène de course de char, l'ancêtre est gagnant, d'une largesse incommensurablement abyssale : beaucoup plus dramatique et épique, couronnée par la fanfare mythique restant à jamais associée à l'imaginaire de la parade triomphale.
Pour le final miraculeux, mon coeur balance, induisant l'égalité. L'approche du divin offerte par le jeunot est intéressante, car là où le vieux jouait la partition de la sacralisation en ne dévoilant jamais le visage de Jésus, ici il nous est offert l'homme, difficilement identifiable à sa première apparition ("c'est qui ce clodot que croise Ben-Hur ? on lui a demandé son avis ? Ah, c'est Jizeuce ? je l'avais pas reconnu décoiffé"). Voilà, l'ancienne version domine par sa force mais le projet est différent sur la nouvelle version qui convainc par son humilité dont l'objet est absolu. Chacune des 2 versions possède ses propres moments puissants qui justifient au final leur coexistence dans l'univers du péplum. Bises.