Reaching for the Moon : les secrets du tournage

Après que son ex-femme ait mis en scène un monologue autour d'Elizabeth Bishop, Bruno Barreto, le réalisateur, s’est intéressé au livre, dont sa mère a racheté les droits plusieurs années auparavant : Rare and commonplace flowers de Carmen L. Oliveira. Ainsi plongé dans l’univers de Bishop, Barreto décida de faire un film, mais plus qu'une adaptation, il a souhaité s'y coller en optant pour un angle particulier. « Je n'ai pas décidé de faire un biopic sur Elizabeth et Lota. J'ai décidé de faire un film sur la perte, et Elizabeth et Lota en seraient les personnages ».

Pour Bruno Barreto, l'histoire d’Elizabeth et Lota est universelle. Pas l'histoire d'amour, mais le fait d'être confronté à la perte. Dans cette optique, le réalisateur a voulu donner à ses personnages une intemporalité. Ainsi, une première date est mentionnée au début du film, mais ensuite plus rien. Reaching for the Moon retraçant 15 années de la vie de Bishop, Barreto souhaitait « que le spectateur se rende compte du temps qui passe, mais qu'il ne sache pas précisément en quelle année l'action se déroulait ».

Fait assez rare pour être mentionné, Reaching for the Moon repose sur un trio féminin (Miranda Otto, Gloria Pires et Tracy Middendorf). A ce sujet, Miranda Otto, qui incarne Elizabeth Bishop, explique : « C'était très intéressant de lire un scénario où les trois rôles principaux étaient féminins. Trois personnages riches et complexes, et parfois totalement imprévisibles ».

Reaching for the Moon a été doublement nominé : au Festival du Film de Berlin 2013 dans la catégorie « Panorama » et au Festival du Film de Tribeca 2013 à New-York. 

L’un des poèmes d’Elizabeth Bishop qui a particulièrement inspiré Bruno Barreto s'appelle One Art.

"Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître;

tant de choses semblent si pleines de l'envie

d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.

(…)

Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste

que j’aime) je n’aurai pas menti. A l’évidence, oui,

dans l’art de perdre il n’est pas trop dur d’être maître

même si il y a là comme (écris-le !) comme un désastre".

Reaching for the moon est le troisième film de Bruno Barreto qui s’inspire de personnages réels. Il y a d’abord eu Quatre jours en septembre (1997) qui retraçait le kidnapping de l’ambassadeur du Brésil aux Etats-Unis, Charles Burke Elbrick, en 1969. Puis en 2008, Rio, Ligne 174, qui se base sur l’histoire de Sandro Rosa do Nascimento. 

Durant toute la production, Bruno Barreto voulait appeler son film "The art of losing", en référence au thème mais surtout aux premiers mots du poème d’Elizabeth Bishop One Art. En revanche, les distributeurs préféraient Reaching for the moon. Finalement, c’est eux qui ont eu le fin mot de l’histoire. 

Sur le tournage de Reaching for the Moon, Bruno Barreto a fait face à trois femmes intelligentes et passionnées (Miranda Otto, Gloria Pires, Tracy Middendorf) qui n’ont cessé de lui poser des questions sur les personnages et la mise en scène. Il avoue d’ailleurs n’avoir jamais été aussi fatigué que sur ce film.