Five est-il réellement une comédie française différente de celles qui pullulent sur nos écrans ? Oui...et non. Oui, car le film de Igor Gotesman possède un côté dynamique, jeune et quelque peu rafraîchissant. Et non, Five n'est pas tellement différent des autres comédies lambdas de l'Hexagone. C'est en voulant se prétendre différent et neuf que Five s'enfonce vers des chemins éculés et épuisants pour le spectateur.
L'idée de départ est plutôt bonne et originale : après que son riche père lui ait coupé les vivres, Samuel doit trouver de l'argent au plus vite pour payer le loyer de l'appartement qu'il occupe avec ses 4 amis d'enfance et pour cela, plonge dans le trafic de drogue. Sauf que le scénario peine à démarrer, préférant ouvrir son film sur la présentation caricaturale de ses personnages. Tout y passe dans cette bande, du mec crétin (François Civil), au serial fucker, à la nana de service courtisée par ses compères masculins, au gosse de riche (Pierre Niney) jusqu'au "Monsieur parfait" du film, Igor Gotesman aussi réalisateur, et qui s'est visiblement octroyé le beau rôle dans ce groupe d'amis. Et c'est là que Five commence à énerver et s'enfoncer.
Le film aborde clichés sur clichés dans la caractérisation des amis et dans leurs diatribes ponctuées d'engueulades. Monsieur "j'ai le beau rôle mais aussi la casquette de réalisateur" est malheureusement aussi à l'écriture du scénario et des dialogues ! Alors, tel un ado de 12 ans, Igor enchaîne sans temps mort les "vannes" au niveau de la ceinture encore et toujours. Apparemment les parties intimes de ces messieurs-dames est un puits incroyable pour faire rire, se dit Igor ! Mais lui, dans son personnage infaillible à la morale indéboulonnable de bonté et de respect, est chargé de remettre toute sa petite bande d'amis, vulgaire et débiles sur les bords, sur les rails, ne manquant pas de leur faire la leçon et de les rappeler à l'ordre quand tout part en vrille. Un ami comme ça...
Alors le film n'est plus qu'un enchaînement de péripéties qui, certes s'imbriquent plutôt bien dans le récit lorsqu'il s'agit du trafic de drogue, mais qui est complètement détruit par ces échanges bas de plafond. Pourtant, l'histoire est prenante et aurait pu jouer du comique de situation et de l'idiotie assumée mais sans jugement des personnages (un peu comme chez Edgar Wright et ses protagonistes barrés et attachants dans Hot Fuzz).
Mais Igor préfère leur faire la morale et nous rappeler qu'on ne parle pas comme ça à une fille ou qu'on ne plonge pas dans le trafic de drogue pour se payer le super appart' en plein Paris. Le scénario en devient lourd, réducteur, agaçant de tant de réprimandes et d'un tel personnage qui se regarde faire le beau.
Dommage car si les comédiens sont au top, ils n'ont pas la place pour s'exprimer pleinement, la faute à une écriture pauvre et superflue de leurs personnages (celui de Hanriot en tête). Reste alors un duo génial incarné avec malice et déconne par Pierre Niney et François Civil. Dès que le duo se plonge dans le trafic, les situations sont drôles et les répliques délivrées avec une justesse comique imparable. Malheureusement, les deux comédiens ne peuvent à eux seuls sauver une comédie aux blagues salaces, aux dialogues mal écrits et au(x) personnage(s) condescendant(s).