A l’heure des souvenirs : les secrets du tournage

À l'heure des souvenirs est adapté du roman "Une fille, qui danse" de Julian Barnes, paru en 2011. Lauréat du Man Booker Prize l’année de parution du livre, Barnes offre, via cet ouvrage, une réflexion sur les inexactitudes de la mémoire. "D’un côté, c’est un thriller psychologique que les lecteurs lisent assez rapidement. De l’autre, c’est un roman qui leur cache des choses", précise l'écrivain.

Lors d'un festival se déroulant à San Francisco, Ritesh Batra a bu un thé avec Julian Barnes avant de commencer le tournage du film. Le metteur en scène était tellement nerveux qu'il raconte avoir oublié la majorité de leur conversation, excepté une phrase que lui a dit l'écrivain au sujet de l'adaptation cinématographique de son roman : "Allez-y, trahissez-moi !".

Julian Barnes a donc donné carte blanche à Ritesh Batra et au scénariste Nick Payne pour adapter son roman en un film. L'écrivain confie ainsi avoir toujours pensé que la meilleure façon pour un réalisateur de rendre hommage à une histoire est d'en trahir le livre. Par ailleurs, comme "Une fille, qui danse" adopte le point de vue de Tony, Batra et Payne ont dû étoffer les seconds rôles pour en faire des personnages à part entière. Ils se sont aussi inspirés de la façon dont Tony perçoit les autres personnages pour pouvoir exploiter au mieux le potentiel émotionnel de chaque scène.

A l’heure des souvenirs se déroule à deux époques différentes et repose sur deux points de vue opposés du personnage principal. Il fallait donc des acteurs capables de restituer l'innocence du jeune Tony et les regrets du Tony plus âgé. Jim Broadbent a d’abord été engagé pour incarner le Tony plus âgé et il a ensuite été rejoint par le débutant Billy Howle, dont c'est le premier rôle au cinéma. Bien qu’ils interprètent le même personnage, les deux comédiens n’ont pas voulu réfléchir outre-mesure à la manière dont leur jeu s'harmoniserait à l'écran.

Ritesh Batra admet que le fait de ne pas être anglais lui a permis de mieux comprendre l’âme britannique en posant sur elle un regard extérieur. "En tant qu’étranger, on se fait une certaine idée du système de classes sociales britanniques mais on en comprend réellement les mécanismes non seulement grâce à l’histoire et à ses personnages, mais en travaillant sur place avec des Britanniques. C’est très enrichissant de l’étudier de si près", explique le réalisateur.

Ritesh Batra trouvait également primordial de tourner A l’heure des souvenirs à Londres pour pouvoir appréhender l’histoire au mieux : "On ne peut pas connaître Londres sans y travailler ou sans y poursuivre un projet quel qu’il soit. Je ne pense pas qu’on puisse connaître Londres si l’on est un simple spectateur ou touriste. Ça doit avoir un lien avec la réserve britannique et cette façon qu’ont les Anglais de ne jamais vraiment dire ce qu’ils pensent mais d’avoir de drôles de façons de l'exprimer."