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    Mise à Mort du Cerf Sacré
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    191 critiques spectateurs

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    Clémentine K.
    Clémentine K.

    165 abonnés 1 427 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 28 mars 2018
    Un film très particulier mais vraiment pas mal! L’aspect aseptisé, très froid et le jeu très robotique des acteurs créent une vraie atmosphère glaçante. D’où la réussite de ce film. Il ne fait pas peur mais fait froid dans le dos à sa manière. Malheureusement je n’ai pas forcément compris le message sous cette histoire alors que dans Mother ce message est dévoilé à la fin.
    dagrey1
    dagrey1

    86 abonnés 655 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 novembre 2017
    Depuis quelques mois, Steven, chirurgien marié 2 enfants, a pris en sympathie Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Martin s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à proposer à Steven un marché inacceptable.

    Mise à mort du cerf sacré est un thriller dramatique de Yorgos Lanthimos (The lobster) sorti en 2017. Le réalisateur a obtenu le prix du meilleur scénario au festival de Cannes 2017.
    Ce film ne laisse personne indifférent. Afin de mettre le public dans le bain, le réalisateur grec commence par montrer les images d'une opération à coeur ouvert sur un fond musical omniprésent. Yorgos Lanthinos raconte dans son film une bien étrange fable morbide et radicale, celle d'un chirurgien qui doit faire face à un adolescent maitre chanteur qui menace les membres de sa famille.
    En effet, Martin accuse Steven, cardiologue (et alcoolique mondain) qui a opéré son père, d'avoir provoqué sa mort. Il veut donc sa revanche.

    Dans Mise à mort du cerf sacré, le réalisateur grec cumule les circonstances odieuses et contre nature poussant un homme qui a tout pour être heureux à commettre un infanticide. Son messager est un adolescent assez repoussant aux yeux porcins dont l'argumentaire est aussi choquant et inacceptable qu'il n'est implacable. Dans le même temps, face au péril, la famille bourgoise va se livrer à des calculs et perdre ses oripeaux de respectabilité pour tomber dans un registre charnel (Anna se livre à un jeu sexuel avec un collègue de son mari pour avoir des informations le concernant) ou primitif ("Tabassage" de Martin).

    The lobster ménageait quelques moments de respiration comiques, Mise à mort du cerf sacré est plus économe sur ce point à part peut être le jeu amoureux du couple (Anesthésie générale?).
    La réalisation fait penser à du Stanley Kubrick ou du David Cronenberg des débuts. L'ambiance du film est clinique, les 2 acteurs principaux, Nicole Kidman et Colin Farell, confrontés au pire des choix, dégagent beaucoup de froideur et de sens du calcul. Formellement, les longs travellings dans les couloirs des hopitaux et les effets de caméra en plongée laissent augurer du pire.

    Il s'avère au gré de l'histoire que Martin n'est pas un mythomane. Les 2 charmants enfants du couple vont tomber malades et souffrir de paralysie des membres inférieurs. Après maintes tergiversations et des scènes de tension croissante avec son épouse, il finira par tuer l'un des membres de sa famille dans une scène grand guignolesque digne de Funny games.

    Le spectateur du film n'est pas que spectateur, il est immergé dans une situation à laquelle il peut s'identifier, ressentir - et juger- les émotions des personnages de toutes les façons possibles et imaginables, l'expérience est pour lui subjective

    Le prix du sang et la loi du talion

    L'ambiance malsaine du film lorgne clairement vers le cinéma d'Haneke (Funny Games) et de Pasolini (Theoreme dans lequel le personnage de Terence Stamp couche avec tous les membres d'une même famille et la quitte, la laissant dans le chaos). Il y a quelque chose qui résonne du fond des âges dans le film de Lanthimos, quelque chose de très ancien remontant aux civilisations polythéistes d'il y a plus de 2500 ans, dans lesquelles tout avait un prix, tout nécessitait un sacrifice parfois institutionnalisé, le prix du sang. Le film est d'ailleurs inspiré du mythe d'Iphigénie.

    Le casting du film est impeccable notamment Sully Suljic (Bobby le fils du couple) et Raffey Cassidy (Camille la fille du couple), victimes désignées et innocentes du "péché" de leur père et du bras vengeur de Martin (Barry Keoghan).
    brunocinoche
    brunocinoche

    69 abonnés 1 072 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 mars 2018
    Le nouveau film de Yorgos Lanthimos confirme l’univers particulier du cinéaste grec et son originalité.
    Reparti curieusement avec le Prix du scénario à Cannes, le film séduit plus sur la forme que sur le fond.
    Car, cette histoire de vengeance, empreinte de faits irrationnels et incontrôlables n’est pas toujours convaincante, manquant de rigueur et d’explication.
    C’est sur la forme que le film parvient à captiver : mise en scène froide dans des décors dépouillés à l’extrême (on n’est pas loin du « Caché » de Haneke par exemple).
    L’interprétation y est aussi pour beaucoup : les 3 enfants sont très justes dans des rôles vraiment pas évidents. Les 2 stars américaines sont inspirées et sont rentrés dans l’univers du cinéaste avec conviction : Colin Farell, déjà dans le précédent film du cinéaste grec est prenant en père dépassé par le drame irrationnel qui le frappe. Nicole Kidman, de nouveau très troublante, est aussi inspirée ne épouse sacrifiée que dans le « Eyes wide shut » de Kubrick.
    Padami N.
    Padami N.

    59 abonnés 514 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 novembre 2017
    l'histoire est à la limite du fantastique et du mystique. l atmosphère tendue est réussie et le jeune acteur est remarquable. dès la mise en place de l'intrigue.la mise en scène est trop longue et sans rythme. on l'a devine rapidement...et mon ennui demarre.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 14 octobre 2019
    Plus absurde que la forme du scénario, son fond : une tragédie sarcastique...ça ne fonctionne pas.
    Un humour et une mise en scène à froids, convaincants et efficaces, bien que très lourds, desservent au final totalement le mythe que le film semblait souhaiter honorer. Le rire supprime la tragédie dans une perversité inepte...
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 25 février 2018
    Si je pouvais mettre 1 quart d'étoile, ca serait encore trop bien noté.

    Aucune histoire, pas de fin, pas d'explication, on s'ennui a mourrir.

    Surement le film le plus pourri que j'ai pu voir ces dernières années. Pour dire a quel point; habituellement, je n'ecris pas d'avis... Mais là, c'est tellement nullissime que je me dois de le faire.
    Nathalie R
    Nathalie R

    21 abonnés 144 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 décembre 2017
    La force de ce film repose dans son fort pouvoir de suggestion. Une menace est bien présente, on ne la comprend pas, la famille semble l'accepter mais l'appréhende sans la comprendre. On craint en permanence une violence invisible, l'ambiance devient glaçante et l'issue de ce drame nous laisse pantois. Yórgos Lánthimos a osé aller au bout de son idée folle, il n'avait pas le droit d'en faire autrement, mais il nous impose une souffrance psychologique puisqu'on veut savoir où on nous amène, on accepte de s'immicer dans cette attente folle, on est fasciné, on se laisse surprendre à rire de certaines situations. On se demande si on a le droit d'en rire, le malaise s'installe, le scénario est parfait, Lánthimos a gagné.
    Romain C.
    Romain C.

    75 abonnés 867 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 décembre 2017
    Une première ,j'ignore si c'est bien ou pas donc je met bien même si ça vaut plus ou moins.
    Un film très étrange mêlant le drame ,le thriller ,le fantastique et l'épouvante qui lui est surtout dût aux musiques du film qui sont extrêmement utile et angoissante même si la scène ne l'ait pas.
    Un film que je ne peux pas forcement conseiller puis ce que je ne peux pas le raconter mais ça reste un film à voir par sa complexité.
    Un sujet vraiment très originale qui est à la limite du n'importe quoi.
    Des personnages travaillé.
    Une histoire dans laquelle il se passe énormément de choses mais nous, nous n'avons que très peu d'explication sur ce qui se passe ,pourquoi et qui sont vraiment certains personnages.
    Un scénario méritant amplement son prix.
    Un dialogue pas banales que personnes n'utilises mais qui est parfait pour l'ambiance du film.
    Colin Farrell ,Nicole Kidman ,... sont grandioses.

    Si vous comprenez ce que j'ai écrit ,BRAVO.
    M P.
    M P.

    1 critique Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 novembre 2017
    Ce réalisateur parle toujours de quelque chose de plus, mais pas forcément tout le monde va le comprendre. Ici, on parle de la famille (comme toujours), des priorités et des secrets des parents, de la politesse, de la communication entre les membres d'une société. De la justice, des classes sociales...Bref, plein de trucs à comprendre dans un film qui montre plus de choses de ce qui raconte...
    Fenet C.
    Fenet C.

    5 abonnés 4 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 janvier 2018
    J'avais apprécié "the lobster" uniquement pour l'originalité du scénario. Par contre, "Mise à mort du cerf sacré" est beaucoup plus abouti. J'ai été captivé du début à la fin du film. J'adore l'atmosphère anxogéne qui gagne en intensité plus l'histoire avance. La direction d'acteur est très particulière. On a l'impression d'entrer dans monde dont les habitants sont "désensibilisés", entretenant entre eux des rapports incertains. Je ne trouve pas que ce film soit choquant ; je dirais plutôt surprenant.
    gribouille.gogotte
    gribouille.gogotte

    17 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 5 novembre 2017
    très partagée, un peu perplexe. Les acteurs jouent merveilleusement bien, une ambiance particulière dès le début, des personnages qui semblent sans émotions, monocordes, le suspens se fait sentir dès le début. Pour la 1ère partie je dirai que c'est un peu long. Pour la seconde, très étrange et parfois insupportable mais l'intrigue est présente. Si vous allez peu souvent au cinéma, n'y aller pas, choisissez un autre film.... pour les autres tentez le, mais pas un jour où vous n'êtes pas en forme car la climat qui y règne est très très particulier.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 23 novembre 2017
    Le roi Agamemnon tue un cerf dans un des bois sacrés d'Athénée. La déesse, plein de colère, fait arrêter le vent, ce qui empêche la flotte du roi de partir à Troie. Pour que le vent se lève, il faudra sacrifier Iphigénie, la fille du roi, à la déesse. Le mythe a des différents dénouements selon la source. Quelques sources soutiennent que la femme avait été sacrifiée. Par contre, des autres versions du mythe racontent que la déesse Artémise échangea la femme pour une biche au dernier moment, cachant la fille du roi dans une île. En tout cas, les bateaux auraient pu partir.

    Le film est un réussit technique de travellings et zooms qui mettent en évidence le raffinement du cinéaste grec depuis les surprenants Canine ou Alps, lesquels, contrairement à Mise à mort du cerf sacré, montraient grande quantité de plans fixes. Aussi, la violence explicite était abordée d'une façon réaliste et en toute froideur au style de Michael Haneke, source d'inspiration du grec. C'est pour rien que Lanthimos lui rend hommage avec le dénouement de ce film, très similaire à une des moments les plus angoissants de Funny games.

    On peut dire que Lobster n'était qu'une transition vers cette maturité technique qui nous rappelle à Kubrick. Non seulement à cause des couloirs de l'hôpital, qui recréent ceux de l'hôtel de Shining ou de la navette de 2001. Non seulement aux reflets du corps de Nicole Kidman sous une lumière soignée au détail, telle on la voyait dans Eyes wide shut. Sinon grâce aussi aux cadres ouverts tournés à l'intérieur, si froids comme parfaitement enregistrés même en mouvement, technique que Kubrick maîtrisait dans ses dernières œuvres. Même dans les plans les plus statiques, Lanthimos met en marche des ventilateurs qui empêchent un moment de repos pour l'image, comme si le tourbillonnement des machines contribueraient à agiter les entrailles des spectateurs et des personnages face à l'orage qu'on voit arriver.

    Un chirurgien devient ami du fils d'un de ses patients, mort au bloc opératoire. Le jeune s'immisce dans la vie familiale du médecin jusqu'au jour qu'il annonce une prophétie, ce qui obligera au chirurgien de prendre une décision si drastique comme douloureuse.

    Lanthimos encadre la tragédie grecque dans le monde médical de nos jours. La croyance du fatum face à la technologie. L'impossibilité de l'homme actuel d'utiliser les avances scientifiques pour se sauver de ce qui est déjà écrit, une situation illogique pour nous tous. Le réalisateur imprègne cette production britannique de ses origines helléniques. Il met une famille occidental exemplaire face aux dilemmes de l'Antiquité. La culture classique contre la contemporaine. La rancune d'un jeune comme force du destin, inévitable. La chasse du cerf comme mauvaise praxis médicale.

    Les personnages du film, comme dans tous les films du réalisateur, récitent leurs lignes avec le poids tragique qui caractérisait l'amphithéâtre grec. Si bien les muses du réalisateur, Angeliki Papoulia et Ariane Labed, ne jouent pas dans le film, Colin Farrell joue son rôle avec souplesse. Pareil pour les adolescents du film, qui maîtrisent son profil froid et apathique. Mention spéciale à Alicia Silverstone, actrice semi-disparue, victime du cliché de la teen-star des années 90 qui réussit à donner un ampleur surprenant à un personnage d'une seule scène.

    ////////////// Encore plus de fautes et d'erreurs sur hommecinema.blogspot.fr
    Antonio Peress
    Antonio Peress

    7 abonnés 315 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 octobre 2022
    Un parfait mélange atypique. Si on est préparée à tomber dans l'étrangeté, le shamanisme, et le suspens ce film est plus que correct. En effet, des prises de vues peu communes, une histoire à la fois basique et très étrange lorsque qu'elle se lance enfin, une musique parfois folle et non balancée. Une sorte de mélasse dans laquelle le spectateur vient s'embourber, des scènes très longues et une lenteur latente permettant de relié l'ensemble des petites étrangeté et specialité, permettant d'atteindre un rendu particulier mais plaisant. Bref, un film dans son monde mais qui le maîtrise extremement bien.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    916 abonnés 4 837 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 octobre 2019
    Un film qui absorbe complètement le spectateur. Je n'ai pas voulu dire qui envoûte car il y aurait cette pensée positive. Ici c'est plutôt le côté horrifique qui surnage.
    Cette froideur et cette logique absurde totalement digne de Sitcom chez Ozon.
    Dérangeant et imprévisible
    Ewen Blake
    Ewen Blake

    133 abonnés 1 166 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 janvier 2021
    “Do you understand? It’s metaphorical” Honnêtement non, j'ai pas tout compris mais The Killing of a sacred Deer est une œuvre d'art puissante.

    Regarder The Killing of a Sacred Deer c'est être perdu pendant deux heures, mais sans en perdre une minute. D'abord parce-que même déboussolé, cela ne m'a pas empêché d'apprécier la beauté ahurissante des plans et l'ambition de la réalisation. Ensuite parce que je l'ai d'abord vu comme un thriller et ai essayé de percer ce que je pensais être le plan machiavélique d'un gamin dérangé cherchant à venger son père. Mais j'avais tout faux, car quelques recherche Google plus tard, j'ai une interprétation qui me plait. La voici avec du spoiler en pagaille.
    D'abord ce titre pompeux n'est pas anodin : c'est bien l'histoire d'un sacrifice destiné à compenser / rétablir un équilibre dont il est question ici. Ensuite comme pour The Lobster je crois que cette histoire ne se déroule pas dans notre réalité, il s'agit d'un monde dystopique, très proche du notre mais avec une différence essentielle : ici l'univers veille à conserver un équilibre et le mal est sanctionné par une force incoercible. C'est comme si la religion (complètement absente du film) qui nous promet que le bien et le mal s'équilibre dans l'au-delà appliquait ici son jugement et sa sentence sans que l'on puisse s'y opposer. Martin est un personnage ambigu avec des problèmes psychologiques évidents qui cherche à profiter de la situation mais à aucun moment il n'est en contrôle. Il n'est pas hypnotiseur, empoisonneur ou doté de pouvoir occulte : son rôle se limite à expliquer à Steven (et nous) les règles du monde. S'il était vraiment un manipulateur sain d'esprit pourquoi fini-t-il par se bouffer son propre bras ? Et souvenez vous surtout de la façon dont il détaille les 3 phases à Steven : paralysie, famine, larme de sang. Il n'invente pas, il ne menace pas, non c'est plutôt comme s'il rappelait à Steven des règles qui semblent évidentes. Et d'ailleurs que fait il en amont de la discussion ? Il lui offre un cadeau. Afin de rétablir un certain équilibre (ce qu'il énonce d'ailleurs distinctement). Cela me permet de poursuivre sur la nature de ce monde : il est transactionnel, tout se résume à "un donner pour un rendu ou plutôt "oeil pour oeil, dent pour dent".

    Dans ce monde, le réalisateur caricature jusqu'à la nausée des personnages complètement aliénés par une vie ritualisée réduite à sa partie comptable et logistique : il faut promener le chien, mettre son casque en moto, se couper les cheveux. On est dans la performance (la fille au chant, le fils au piano) et surtout on parle... mais pour ne rien dire. Les conversations sont artificielles et insignifiantes : les frites, la montre et son bracelet ou au contraire dévoilent le très intime "our daughter started menstruating last week" mais tout est dit et reçu de la même façon : comme des robots. Les dialogues débités traduisent la névrose du vide existentiel qui traverse les personnages, figurants de leur propre vie.
    Il n'y a plus d'humain, d'émotion, de vie. Notre famille parfaite de bourgeois, épitome de l'american dream semble tout avoir pour être heureuse mais les liens les unissant sont factices ("we all have lovely hair") et ils n'ont aucune empathie l'un pour l'autre : Le père manipule son fils paralysé comme un pantin, la mère annonce à sa sœur que son frère est à l'hôpital. Pourquoi ? Comment ? Est-ce grave ? elle n'en saura rien pas plus qu'elle ne s'en émouvra, par contre sa mère lui rappelle une chose : elle va devoir arroser les plantes. Quelques scènes plus tard : "Can I have your MP3 player when you're dead? Please. Please. Please."
    Je ne me souviens pas d'un film dans lequel il est à ce point impossible de s'identifier aux personnages, on nous refuse ce vecteur émotionnel.

    La réalisation elle-même accentue cette déshumanisation par l'utilisation de grands angles. Notre regard est celle d'une présence extérieure qui surveille d'en haut ces personnages (voir de très haut à l'hôpital) ou les traque quelques mètres derrière eux.
    Lanthimos pousse également les marqueurs de classe jusqu'à l'absurde : les enfants sont trop bien élevés, excessivement courtois et on leur demande de se tenir droit (jusqu'à ce qu'ils perdent leurs jambes). Les parents donnent des ordres à tout le monde y compris à leurs collègues ou leurs amis (Drink that cocktail you've ordered. Get yourself home.). Lanthimos s'amuse également continuellement avec les symboles, son film sur des humains sans cœur, il l'ouvre avec un gros plan sur ce même organe qui pulse avant d'enchainer avec une conversation sur les montres dont le tic tac renvoi à ses battements. Un mot sur les corps : vous voulez du subversif ? Imaginez des gamins qui rampent au sol, un père qui enfourne un donuts dans la bouche de son fils ou Anna qui attend comme morte que son mari lui fasse l'amour après avoir lancé "general anesthetic ?" Quelqu'un a dit nécrophilie ? Kidman est d'ailleurs parfaite dans ce rôle froide et hautaine mais la prestation ambigüe de Keoghan touche au génie.

    Dans la dernière partie du film, toute la famille a compris les règles du jeu (pas moi j'étais vraiment paumé). Il faudra un mort dans la famille de Steven pour "compenser" la mort du père de Martin. Steven va à l'école demander au proviseur lequel de ses enfants il doit sauver "If you had to choose between them, which would say is the best?". Femme, fils et fille vont quand à eux tenter de sauver leur peau sans scrupule : la fille manque sa tentative d'évasion et une fois ramenée à la maison prétend qu'elle veut être sacrifiée dans un jeu de dupe qui vise à justement montrer qu'elle est trop bonne pour l'être. Le fils est encore plus explicite : il se coupe les cheveux, affirme vouloir devenir chirurgien pour épouser les ambitions de papa et fini même par proposer d'arroser les plantes (alors qu'il est paralysé). [Aparté plus j'y repense, plus ce film aurait pu être drôle : - Not even the kids. - Poor kids ou bien : "I won't let you leave until you've tried my tart.]. Pour Anna c'est encore pire : Martin tente d'abord de la remplacer par sa mère mais cela échoue. Et là où on s'attend à ce qu'une mère se sacrifie pour son enfant elle oppose le raisonnement suivant : tuons un de nos chiard car nous pourrons en faire un autre! Là encore un comportement à la fois logique, comptable et complètement dénué d'émotion. Et Steven ? L'idée de se sacrifier ne lui vient même pas à l'idée. La fin du film consacre donc ce que l'on pressentait depuis le départ : cette tragédie va mal finir. Il n'y aura pas de happy end, notre héro ne va pas résoudre la situation qui lui est opposée. Il n'y aura pas de justice non plus, et pas de moral puisque Steven va finir d'exploser les codes en assassinant son enfant en s'en remettant au hasard (aux dieux). Il ne fera jamais le choix auquel on tente de le contraindre (ce qui pourrait expliquer la dernière scène ?). Les dieux choisissent en tout cas de priver le père du fils comme il a privé le fils de son père. Quel drôle de film tout de même, The Killing fonctionne à l'inverse des codes du cinéma habituellement si moral, si pourvoyeur de justice. Pas de méchants qui perdent ici, juste un héros vaincu et une Anna dont on attend tout le film qu'elle tombe malade... mais ne le fait pas. Au final un grand Oui pour cet ovni dont on ne sait pas où il va après 30min et dont on ne comprend pas par où il est passé après l'avoir visionné. Un film qui reste en mémoire longtemps.
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