En général, les productions Jason Blum se divisent en deux catégories. D’abord il y a celles qui sont purement mercantiles et vraiment bas de gamme, destinées à faire fonctionner la machine à cash selon l’équation, concept simple plus petit budget est égal à gros rendement. La qualité n’étant pas toujours le maître mot du bonhomme et de ses productions comme le prouvent, entre autres, « Oui-Ja », « Action ou vérité » ou encore les suites de « Paranormal Activity ». Des produits presque où on rentre plus dans une simple logique commerciale à la chaîne. Mais, et il est important de la souligner, le monsieur utilise certainement ses bénéfices pour produire et nous offrir des petites séries B très réussies (« American Nightmare », « Split », …) comme des pépites horrifiques (avec la meilleure d’entre elles niveau horreur, « Sinister »), des films transgressifs et originaux (« The Hunt », « Get Out », …) ou même des films d’auteur (« Whiplash »). Bref en général c’est tout ou rien. « Hush » fait figure d’anomalie car il se situe dans un entre-deux qu’on ne connaissait pas chez Blumhouse.
En effet, rien de révolutionnaire dans la trame que nous propose Jason Blum associé à l’un des meilleurs réalisateurs de son écurie, Mike Flanagan : un tueur masqué, une maison isolée, une femme seule et le principe du home invasion couplé au slasher. Rien de bien innovant donc et on se plaisait à espérer une révision du genre mais il n’en sera rien. Le seul petit détail qui fait la différence : l’héroïne est sourde et muette. Ce qui en fait une proie bien plus facile (à priori) mais aussi permet des astuces de mise en scène non négligeables. Ce handicap est bien optimisé même s’il aurait pu être encore plus poussé, notamment dans le travail sur le son. En revanche, Kate Siegel est impeccable et porte le film sur ses épaules, elle est toute aussi bonne que dans « The Haunting of Hill House », déjà de Flanagan. Une série qui avait marqué davantage par son aspect dramatique et ses belles images que par ses frissons.
D’ailleurs Flanagan montre encore avec cette minuscule série B qu’il est un superbe faiseur d’images. L’inédit mais très bon « Oculus » comme l’excellente et mésestimée suite de « Shinning », « Docteur Sleep », avait montré l’étendue de son talent et ses goûts esthétiques raffinés et évidents. Moins en valeur ici, il montre néanmoins une excellence dans la manière de jouer du décor unique de ce huis-clos et du handicap du personnage principal. En revanche, si le film est court et nous tient en haleine, il manque parfois de rebondissements et « Hush » menace souvent de tourner en rond, la faute à un scénario déjà-vu qui capitalise uniquement sur ce handicap pour surprendre. On regrette aussi que le méchant ne reste pas plus mystérieux (en gardant son masque par exemple) mais on apprécie l’absence d’invraisemblances notables. En bref, pas le meilleur Blum mais un petit divertissement à frissons tout à fait honorable.
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