"Les têtes de l'emploi", sous ses traits d'humour noir, dénonce bien l'absurdité de ce fameux établissement public dont on ne souhaite pas croiser le chemin, que ce soit sur les radiations injustifiées pour faire baisser le taux de chômage, les offres inexistantes ou encore l'incompétence des "conseillers". L'idée de base est très bonne, le film joue avec la caricature, principalement sur ses personnages, tous décrits comme l'archétype du cas social (la famille de beaufs de Franck Dubosc, le chat empaillé et la femme déficiente mentale de François-Xavier Demaison, la vie de merde d'une Elsa Zylberstein en cruel manque de sexe etc...). "Les têtes de l'emploi" a le mérite de bien tailler Pôle emploi (et même faire un petit tacle à La Poste au passage, ça c'est cadeau). Mais malheureusement, le film freinera la cadence rapidement, et prendra la direction d'une trame trop classique, allant même jusqu'à livrer des passages niais (de reconquête entre autres) qui n'auront pas leur place ici, à défaut de se concentrer sur une totale absurdité décapante. Et donc, malgré l'originalité et la fraîcheur de son sujet, ce scénario socialement barré collant pourtant bien à l'actualité et ressortant limite crédible, n'arrivera pas à perdurer sur la durée en matière d'humour (hormis deux ou trois scènes, notamment celle de la boucherie). Le film aurait donc mérité un aspect plus percutant, et surtout plus drôle et décalé (à l'image de la présentation de ses personnages et de leurs entretiens), en exploitant davantage son sujet, notamment dans la partie sabotage des commerces locaux. On appréciera en tout cas de voir Elsa Zylberstein tenter l'exercice comique, sa prestation dans ce rôle atypique étant agréable à découvrir, on ne pourra qu'espérer la revoir dans ce type de registre.