Au moment où j’écris ce texte, j’ai déjà vu le film huit fois (en Allemagne). Et non, personne ne m’a payée. 3 jours à Quiberon – un voyage que je veux faire à nouveau et à nouveau. Malheureusement, je n’étais pas en Bretagne, moi, je suis juste allée au cinéma. Bien que ce ne soit pas « juste » un film.
Avant que le film ne soit réellement sorti, je l’avais déjà vu trois fois. La première fois – il n’aurait pas pu y avoir plus beau cadre – lors de la Berlinale, festival du film allemand à Berlin en février. Ce soir-là, je n’étais pas la seule à verser une larme. Pendant le générique de fin, des bruissements de mouchoirs, des sanglots et des applaudissements.
Deux mois plus tard, je revois une partie de l’équipe pour un questions-réponses, tout d’abord la réalisatrice Emily Atef, une femme tout aussi sympathique que douée. Si une réalisatrice donne autant de passion et d’empathie à ses projets qu’Emily Atef, le résultat ne peut qu’être un film incroyablement émouvant, comme celui-ci.
Et puis l’avant-première à Düsseldorf, cette fois aussi en présence de Marie Bäumer, qui incarne Romy Schneider. Oui, elle ressemble à l’icône du cinéma, mais c’est avant tout son rôle dans ce film. Tout comme Romy Schneider n’était pas Sissi, Marie Bäumer n’est pas Romy Schneider. Mais c’est un détail que j’oublie complètement pendant ces 115 minutes et cela veut tout dire. Ce n’est pas à cause d’une ressemblance évidente, visible à la surface, mais parce que l’on ressent quelque chose, des émotions, à l’intérieur. Et cela, le film, les acteurs, la réalisatrice le réussissent dès la première seconde.
En général, j’oublie tout pendant ces deux heures. Je partage la souffrance de cette Romy. Sa peur, sa rébellion, je suis troublée, inquiète, révoltée, pompette, perdue, sauvée, prisonnière, libérée. Je vis tout cela, moi aussi, dans ma chaise de velours rouge dans cette salle de cinéma assombrie. Bien qu’elle ne soit quasiment jamais seule, la solitude de cette femme me brise le cœur.
Je suis furieuse contre ce journaliste hardi. Je désespère avec son amie Hilde. J’aimerais bien appuyer ma tête contre l’épaule forte de Robert Lebeck, tenant toujours dans ses mains le petit appareil photo. J’entends la mer, la musique… je suis de retour en Bretagne.
C’est ainsi que je me retrouve là, dans ma chaise de cinéma, et chaque fois, le film m’emporte de nouveau entièrement. 3 jours à Quiberon est un gros plan qui se rapproche parfois si près que cela en fait mal. Mais il ne suffit que d’un sourire de cette Romy sur l’écran et tout de suite le bonheur jaillit. Et l’espoir. Mais cela aussi fait un peu mal.
Pendant le générique de fin, je suis accablée par mes émotions. Cette femme, je supporte à peine de la laisser seule avec son triste destin. Je sais ce qui va lui arriver et je sais que je ne peux rien y changer. Car elle est morte, il y a 35 ans. Romy non plus ne me laisse pas seule et m‘accompagne encore dans mes pensées pendant des jours.
Caractéristique de la première d’un film: les réalisateurs et les acteurs sont présents. Tu sais que tu es „fan numéro 1“ d’un film lorsque la réalisatrice te recconait car elle t’a parlé à l‘occasion d‘une autre première, dans une autre ville… il y a une semaine. Quelle chance, quel bonheur de vous revoir Madame Atef! Merci (encore une fois) pour cette rencontre, pour ce film incroyable, le meilleur à mon avis.
Et bien sûr: Merci Madame Bäumer. Emue pendant l’applaudissement à la fin, elle raconte le tournage, et on sent qu’elle est une actrice passionnée. Bien qu’elle soit très enrhumée ce soir, elle prend son temps pour que chaque fan ait son autographe. Elle est tellement naturelle, sympathique, humble, reconnaissante pour toutes ces réactions, et équilibrée – contrairement à son rôle dans le film.
Pour qu’un film transporte des émotions, pour qu’il soit touchant, il faut beaucoup plus qu’une ressemblance optique. Il faut un talent d‘actrice énorme. Et tout cela est présent, chez Marie Bäumer. Je la vois devenir cet être humain troublé et je réalise que moi aussi, je suis humaine. Capable de ressentir de la douleur, mais aussi du bonheur. Marie Bäumer a ce certain talent de toucher en montrant tous les facettes de la vie humaine, ce que quelqu’un d‘empathique comme moi ne supporte presque pas. Cette actrice que j’admire énormement, depuis mon enfance et encore plus après ce soir. J’aurais aimé lui dire cela personnellement, mais pour tout cela, il n’y avait pas le temps, pas non plus le courage. Bon, la prochaine fois, peut-être.
Ce film m’a touchée au fond de mon cœur. Il m’a rendue heureuse et triste et mille choses entre les deux. Et c’est pour cela qu’on va au cinéma, au final, c’est pour les émotions. Mais j’arrète maintenant. Allez voir ce film. Après, vous me comprendrez.