Gladiator est quasiment un remake de "La chute de l'Empire Romain", un péplum des années 60 encore plus monumental qui bénéficiait d'une distribution étoilée. Le film de Scott est très beau et son histoire, sur le fond, est passionnante. Mais je regrette l'inculture des scénaristes et des spécialistes du repérage qui ont écrit et préparé ce film, contrairement au premier dont la préproduction avait durée deux ans.
La magnifique bataille d'ouverture, filmée avec réalisme est censée se passer en Rhénanie (vallée du Rhin), or quand Comode assassine son père, Marc Aurèle, et arrête Maximus pour le faire abattre, ce dernier s'enfuie, vers l'Espagne. Désolé, mais en ce temps-là, l'Espagne n'existait pas, elle s'appelait l'Hispanie. Maximus en fuite doit donc traverser seul la Bellovaquie (Belgique), la Gaulle du nord-est au sud-ouest, théoriquement en prenant les sentiers d'une profonde forêt couvrant 70% de la région à cette époque, puis, une pinède méditerranéenne, semblable au Parc naturel de la montagne Sainte-Victoire avant d'atteindre son pays. Dans le film, on a l'impression qu'il se ballade dans la Monument Valley tellement le paysage qu'il traverse est vide d'arbres. Quand il est emmené en Afrique du nord pour y devenir gladiateur, on découvre une cité mauresque dans un désert, avec des marchands Arabes. A cette époque, le Sahara et le nord de l'Afrique étaient recouverts d'une savane déclinante, certes, mais d'une savane. Les peuples qui habitaient cette région étaient essentiellement des "Berbères" et des sujets des Empires noirs du sud, les "Numides" le tout, sous la houlette Romaine. Les Arabes sont arrivés là 200 ans plus tard. Dans l'arène, le public acclame Maximus en l'appelant "l'Espagnol", alors qu'il aurait plutôt scandé "l'Ibère"
. Le film est donc constellé d'une belle série d’anachronismes, qui dénaturent complètement son contexte historique et le crédit qu'un spectateur moyen, intéressé superficiellement par l'Histoire Antique, est apte à lui porter. De plus, on note un relâchement dans le cadrage des scènes de combat entre l'épisode de la Rhénanie, puis celui des arènes où les caméras sautillent et parfois-même, sont catatoniques. Dommage, le film est tout de même bon, il aurait pu être génial.