Un nouveau film de Robert Guédiguian, on s'y précipite dès qu'on peut. On s'enthousiasme souvent (et surtout, dans mon cas, pour "Marius et Jeannette" et "Les neiges du Kilimandjaro) et on est rarement déçu ("Le fils de l'ingénieur" et "le voyage en Arménie" en ce qui me concerne). De nouveau, dans "La villa", on retrouve ce qu'il est convenu d'appeler la troupe de Guédiguian : Ascaride, Darroussin, Meylan, Boudet, Demoustier, Stévenin (Robinson), Tregouët. Une fidélité qui lui permet d'ailleurs d'aller piocher une séquence d'un de ses premiers films "Ki lo sa ?", tourné, comme "La villa", dans la calanque de Méjean (Pour les non provençaux, c'est un coin de paradis qui se situe sur la Côte Bleue, entre Marseille et Martigues), ce qui permet de voir Darroussin, Ascaride et Meylan rajeunis de 32 ans sur fond de Bob Dylan chantant "I want you".
Angèle (Ascaride), Joseph (Darroussin) et Armand (Meylan) sont réunis dans la villa familiale suite aux très graves problèmes de santé de leur père. Autour d'eux, des amis, des voisins, l'armée qui est sur place car un bateau de migrants a été aperçu. On parle d'amour, du passé et des rancœurs qui y trouvent leurs sources, de la fidélité à ses convictions. "C'était mieux avant", s'enflamme Joseph "Tu fais chier", lui répond Bérangère (Demoustier), sa "fiancée, 30 ans de moins, sur le point de le quitter.
On sent que, pour Guédiguian (et pas seulement pour lui !!), l'époque dans laquelle on vit n'a pas grand chose d'exaltant : omniprésence du fric et de la "réussite" sociale, individualisme, égoïsme, etc. D'où le fait que "La villa" respire la nostalgie et un grand pessimisme, à peine tempéré par l'arrivée dans la villa de 3 jeunes enfants kurdes arrivés en France sur ce fameux bateau. Le problème, c'est que, comme Ken Loach (cf. l'immense pessimisme de "It's a free world"), Guédiguian est à son meilleur lorsqu'il montre des gens optimistes et joyeux qui se battent ensemble pour améliorer leur quotidien, il l'est beaucoup moins lorsqu'il verse dans le pessimisme, quand bien même ce qu'on vit actuellement nous y conduit très naturellement. Certes, il y a de bonnes choses dans "La villa", mais ce film est loin de donner le même plaisir que "Marius et Jeannette" et "Les neiges du Kilimandjaro". Après "It's a fee world", Ken Loach n'avait pas tardé à retrouver sa verve et son esprit combatif. Espérons qu'il en soit de même pour Robert Guédiguian, on a vraiment besoin qu'il nous fasse à nouveau rire et rêver !