"La villa" offre une réflexion tout en douceur sur le temps, la mort, la finitude humaine. A la manière d'Ulysse, des personnages reviennent chez eux à savoir là où ils ont grandi. Leur père a été victime d'une attaque cardiaque et se trouve entre la vie et la mort. Et dès lors des souvenirs vont revenir : le présent va se mélanger avec le passé. Mais n'est-ce pas notre vie ? Le passé est là, dans notre conscience, autant dire qu'il est présent.. Entre nostalgie, fraternité, regrets, le film nous dévoile progressivement l'itinéraire des personnages, et leur volonté de rester fidèle pour la plupart à un héritage, à des valeurs. Le film est à certains moments bouleversants, et généreux. On retrouve les idéaux de Guédiguian : la fraternité, le communauté des biens, la justice sociale, l’accueil des migrants. Mais rester fidèle à ces valeurs demeure difficile dans notre société, et en filigrane c'est bel et bien un film anti-moderne que réalise Guédiguian : en effet il fait l'éloge de ce qui dure, face à notre société liquide où tout passe, et où tout va de plus en plus vite. Peut-être que pour Guédiguian, vivre c'est résister, résister au monde libéral dans lequel nous vivons. Le contraste est fort entre d'un côté les deux jeunes qui travaillent, qui emploient des mots comme "déléguer"..qui se tournent vers l'avenir.. (mais quel avenir ?! : Guédiguian ne souhaite pas celui-ci) tous ces mots qui reflètent le libéralisme ambiant.. et de l'autre côté ceux qui résistent à ce monde, qui sont en rupture totale avec lui, et sont attachés à des valeurs. C'est sur ce dernier point parfois un peu manichéen qu'on peut déceler une limite du film, proche de la caricature à certains moments. Mais cela demeure un très beau film, très humain. La dernière partie du film offre bel et bien un chemin vers l'avenir : c'est celle de la générosité envers les migrants.