Projet défendu depuis plusieurs années par Alain Chabat face à des producteurs très frileux à l’idée de s’aventurer sur ce qui est perçu, à l’instar de la Science-fiction, comme une chasse-gardée américaine, ‘Santa et Cie’ démontre au moins deux choses : tout d’abord, qu’il est possible de faire un “film de noël�, avec tout ce que ça implique de kitsch et de bons sentiments, qui tienne la route en France (ce qui, sur le long terme, n’est peut-être pas spécialement une bonne nouvelle, on est d’accord). Deuxièmement, qu’à l’heure où les comédies françaises mainstream sont de plus en plus souvent exagérément vulgaires, consternantes de stupidité ou extraordinairement beauf, il est encore possible de pratiquer un humour naïf, gentiment absurde et inoffensif, et de faire (sou)rire grâce à lui. Alain Chabat aime trop le cinéma américain pour se risquer à le trahir : famille unie et aimante, magie de noël et valeurs de partage et de générosité seront donc de la partie, au grand dam de ceux à qui cette débauche de sucre et de miel fait généralement horreur. Pour autant, Chabat parvient à donner une coloration personnelle à ce cadre restrictif, au moyen de ses traditionnels jeux de mots “Nul-esques� et de son sens de l’absurde un peu régressif. Conte de noël oblige, il n’y va pourtant jamais à fond et s’impose une certaine retenue : c’est sans doute la nature même du projet, plus que la faconde et l’imagination de son auteur, qui permet à la sauce de prendre, les menues sorties de routes de ce genre étant plus surprenante et appréciables dans le cadre d’ordinaire intangible du film de noël que dans une adaptation de BD comme le ‘Marsupilami’. Étonnamment, c’est au niveau de ce dont on n’attendait pas grand chose, le visuel, que ‘Santa et Cie’ marque tout particulièrement des points : les quelques scènes qui se déroulent dans “l’univers� du père noël, qu’il s’agisse de la fabrique de cadeaux ou de la hotte sont littéralement féérique, truffées de trouvailles originales et de fantaisie et pour ne rien gâcher, elles sont techniquement irréprochables ! Bref, si, sous la pression populaire et familiale, vous vous retrouviez contraint et forcé de regarder un Film de noël, faites tout votre possible pour orienter le choix en direction de ‘Santa et Cie’, bien plus comestible et divertissant que n’importe quel photocopie filmique en provenance des Etats-unis, avec un petit Billy orphelin qui trouve une famille et un chien qui parle le soir de Noël. D’ailleurs, après avoir maté la tête de gondole Netflix de la fin 2018, ces “Chroniques de noël� ni immangeables ni très digestes avec le revenant Kurt Russell, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’elles ont piqué pas mal de choses au film français...