Rarement un film n’aura autant fait ressentir la colère que « Les chatouilles ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : de la hargne et de la colère d’Odette (Andrea Bescond), jeune femme danseuse professionnelle, ayant dans son enfance, subie des violences sexuelles de la part du meilleur ami de la famille(Pierre Deladonchamps, mielleux à souhait). Cette colère qu’elle n’arrive pas à contenir même en se jetant à corps perdu dans la danse, la drogue et le sexe. Pour se libérer de ce lourd secret, elle va être aidée par une psy (Carole Franck) qui non sans mal va l’emmener jusqu’au bout du processus (révélation, plainte, et procès), ainsi que par l’amour de son compagnon et par l’amitié se son copain d’enfance. Et c’est l’annonce faite par son violeur, aujourd’hui futur grand-père, de l’arrivée prochaine de deux petites -filles, qui servira de détonateur. « Les chatouilles » est tout sauf un film tranquille car Odette est une jeune femme au comportement explosif dont les souvenirs d’enfance sont bien évidemment empreints d’une violence sous-jacente. La tension ne se relâche jamais et en cela, la mise en scène d’Andrea Bescond et d’Eric Metayer est terriblement efficace ainsi que le montage fluide entre les scènes fantasmées ou réelles et les allées-venues entre présent et passé. Eric Metayer, homme de théâtre, marque surement ce film de son empreinte, notamment dans la jolie dernière scène ou Odette, apaisée, se réconcilie enfin avec son enfance. Avant cela, le spectateur aura été secoué par le procès (avec l’incroyable puissance du témoignage de la sœur de l’accusé- grand numéro d’actrice) ainsi que par la colère du père d’Odette (Clovis Cornillac, impeccable) et extrêmement ému par son pardon. Puis aura été choqué par l’incroyable déni de la mère (Karin Viard, monstrueusement excellente). Vous l’aurez compris, « les chatouilles » est un film coup de poing adressé au spectateur. Un film destiné à nous alerter. Un film utile !