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    Les Versets de l'oubli
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Les Versets de l'oubli" et de son tournage !

    2 traumatismes

    Plusieurs événements ont profondément touché Alireza Khatami et l'on ainsi conduit à écrire Les Versets de l'oubli. Parmi eux, la guerre Iran-Irak qui a fait des centaines de milliers de morts des deux côtés. Beaucoup de soldats ont disparu lors des innombrables batailles. Le gouvernement les a surnommés les "sans trace" [Mafghood’al Asar]. Le metteur en scène se rappelle : "Le fils de notre voisin était l’un d’entre eux. Pendant 15 ans, ses parents ont espéré qu’il soit encore en vie. Un jour, l’armée a retrouvé une de ses bottes. C’est tout ce qu’ils ont retrouvé de leur fils. Je n’oublierai jamais le jour où j’ai assisté à l’enterrement. Tout le monde savait qu’il n’y avait qu’une botte dans le cercueil. Encore aujourd’hui, ça me brise le coeur."

    Un autre événement a profondément marqué Alireza Khatami. Le futur réalisateur avait sept ans lorsque le père de son meilleur ami a disparu. Il explique : "Nous étions voisins. J’ai interrogé mon père qui, le visage sombre, m’a fait promettre de ne plus jamais poser de question à ce sujet. Il m’a fallu 15 ans pour découvrir ce qui s’était passé. Durant l’été 1988, cinq à six mille prisonniers politiques ont été exécutés et enterrés dans des fosses communes en Iran. La société a réprimé le souvenir de ces jours sombres. Cette amnésie collective a ouvert la voie à la répétition de la même tragédie pendant le soulèvement de l’été de 2009. J’ai donc très tôt constaté cette tendance culturelle locale à occulter ou réprimer la récente histoire sociale en Iran. J’ai dû m’inventer une relation critique avec la mémoire politique et sociale de mon pays. Cela m’a naturellement conduit à faire mes premières armes d’activiste en 2000 alors que j’étudiais l’ingénierie à l’université de Shiraz. J’ai vite compris que, pour analyser les vicissitudes de l’histoire, il me fallait acquérir de grandes connaissances théoriques. Ma curiosité intellectuelle m’a alors entrainé vers la philosophie et l’histoire. Bientôt, mes activités sociales et politiques ont éveillé l’attention des autorités et j’ai dû quitter l’université. Fasciné par le cinéma, j’ai étudié la réalisation et rejoint l’industrie cinématographique iranienne où j’ai eu la chance de travailler avec les plus grands maitres. Cette expérience m’a permis d’explorer ma passion pour un cinéma poétique et philosophique profondément ancré dans une réalité concrète et quotidienne."

    Quitter l'Iran

    Alireza Khatami a ensuite parcouru le monde et découvert des tragédies similaires à celle décrites ci-dessus. Depuis les prisonniers politiques au Chili jusqu’à l’autoroute des larmes au Canada, en passant par la noyade quotidienne des migrants en Méditerranée. En 2004, son passé d’activiste l’a rattrapé, le poussant à quitter le pays pour s'installer en Malaisie et y étudier le Multimédia. Le metteur scène se souvient : "J’ai eu la chance de travailler avec plusieurs réalisateurs malais engagés et, avec eux, j’ai appris à traduire mes idées dans un langage universel, celui du cinéma. Pour ma thèse, j’ai réalisé un court métrage sur le rôle de la mémoire et du fantasme dans la construction de notre subjectivité. Ayant passé les onze dernières années de ma vie en exil, j’ai découvert de semblables tragédies partout dans le monde et notamment en Amérique du Sud."

    Lieu de tournage

    Lorsqu'il a commencé à développer Les Versets de l’Oubli avec les producteurs français de la société House on Fire, Alireza Khatami a su qu'il ne pourrait pas tourner en Iran. Il a alors écrit l’histoire pour un pays inconnu, ce qui lui a permis de reconstituer les événements dans un autre contexte tout en gardant l’esprit de son histoire personnelle. Le cinéaste précise :

    "Lors de mon séjour à la résidence de la Cinéfondation à Paris pour écrire le scénario, je me suis lié d’amitié avec un résident chilien, Jairo Boisier. Mon histoire lui était étonnamment familière. « Cela aurait pu se passer au Chili ». Cela m’a conforté dans l’idée que Les Versets de l’Oubli pourrait se passer dans tout pays connaissant ou ayant connu une dictature. Une des productrices, Dominique Welinski, qui était en repérages au Chili, m’a envoyé quelques photos. Les similitudes avec les paysages iraniens étaient étonnantes ! La terre sèche, le désert à l’infini, le ciel bleu d’un horizon à l’autre et les villes densément peuplées... Les textures, les couleurs et l’ambiance étaient semblables. Santiago sur fond de cordillère des Andes pourrait être la ville jumelle de Téhéran, aux pieds du mont Damavand. Le Chili résonne en moi à d’autres niveaux beaucoup plus profonds. Les Versets de l’Oubli raconte l’histoire des massacres des étés 1980 et 1988. Ces événements tragiques sont des secrets publics. Tout le monde sait et personne ne parle. Une décennie plus tôt, les mêmes atrocités ont eu lieu au Chili. L’Iran s’est toujours senti en empathie avec le Chili et a vécu les évènements chiliens comme dans un miroir. Salvador Allende est adulé en Iran. Les chansons de Víctor Jara circulent sous le manteau de foyer en foyer. Il est le symbole de la lutte pour les droits humains et la justice sociale."

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