Malgré les réclames pour EDF et la tour infernale 2, j’aime Eric Judor. Et sa promotion radiophonique de « Roulez jeunesse », sa mise à nu pudique, m’avait beaucoup touchée.
L’histoire est somme toute classique, celle d’un homme qui grandit et qui prend enfin sa place. Il n’a pas à la chercher, non sa place est là, offerte, juste devant lui, l’entreprise de dépannage de sa mère. Et puis une quête eût été probablement trop longue et incertaine pour un film de 1 heure et demie.
Son destin d’homme est devant lui, et il l’évite consciencieusement depuis toujours. Parce qu’il n’a jamais eu encore ni le courage ni les armes pour conquérir son émancipation. Parce qu’il est un peu lâche et un peu mou.
Et puis déboulent, dans son quotidien bien huilé de bon samaritain de la route, trois gamins. Une fratrie brute, trois enfants livrés à eux mêmes, bien plus meurtris par la vie, et donc bien plus adultes, que lui. De cet attachement aussi soudain qu’improbable, il va enfin naître, l’homme que tout le monde attendait, sa mère, ses collègues de travail, et surtout lui même. Comme Alex, le héros dépanneur, le film connaît un gros coup de mou en son milieu. Comme attendu, c’est quand il touche le fond qu’il prend la décision de donner un bon coup de rango pour enfin remonter à la surface. Et enfin agir comme il faut, et non pas à contre-temps. Et enfin aimer vraiment les autres, et non pas juste les secourir.
Un très joli film, qui fait sourire, pleurer, réfléchir et aimer. Et c’est déjà pas si mal.