Neuilly sa mère, sa mère : les secrets du tournage

Depuis toujours, Djamel Bensalah cherche à écrire des films qui traitent de la jeunesse en prenant à contrepied la perception de la société sur le sujet. Son premier film, Le Ciel, les oiseaux et ta mère !, était déjà une réaction à la La Haine de Mathieu Kassovitz ou de Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet. Le metteur en scène / scénariste voulait opposer à ces films coup de poing, majeurs, qui montraient des banlieues à l’avenir sombre et sans perspectives, une autre vision, plus drôle, plus colorée, loin du bitume et sous le soleil de Biarritz. Djamel Bensalah raconte :

"Plus tard, dans Il était une fois dans l’Oued, j’ai choisi d’aborder le thème du déracinement et du sentiment d’acculturation ressentis par toute une génération. Je racontais les aventures d’un jeune Français dit de « souche » qui à force de vivre dans une cité où la mixité sociale est un voeu pieux, finit par épouser la culture dominante pour éviter le sentiment d’exclusion. Il s’auto convainc que ses racines sont algériennes et se faisant, devient plus royaliste que le roi, et décide de retourner vivre chez lui, en Algérie, pour devenir épicier."

"Bien que ces tous films soient avant tout considérés comme des comédies légères, ils ont su séduire par leur forte capacité d’imprégnation du contexte politique et social. Ils captaient l’air du temps et traduisaient un sentiment partagé par toute une population qui n’était jamais racontée au cinéma. Ces comédies n’avaient pas pour ambition de juger et de donner des leçons, elles voulaient seulement témoigner de leur temps. En 2009, avec Neuilly sa mère ! j’ai souhaité raconter les années bling-bling, tout en traduisant à l’écran le sentiment d’inégalités territoriales partagé par une grande partie du public. Ce film jetait des ponts entre les communautés, lesquelles se côtoient mais jamais ne se rencontrent vraiment."

Neuilly sa mère, sa mère conserve le metteur en scène du premier film, Gabriel Julien-Laferrière, et bien sûr ses deux scénaristes, Marc de Chauveron et Djamel Bensalah. Les acteurs principaux sont eux aussi à nouveau de la partie, ou presque : Samy Seghir, Jérémy Denisty, Denis Podalydès, Joséphine Japy, Chloé Coulloud, Valérie Lemercier, Farida Khelfa, Booder ou encore Steve Tran. Petite nouveauté cependant : Rachida Brakni, qui jouait Djamila de Chazelle (la tante de Sami) dans Neuilly sa mère !, a été remplacée par Sophia Aram.

En 2009 lors de sa sortie en salles, Neuilly sa mère ! avait attiré environ 2,5 millions de spectateurs en France. Une très bonne affaire pour ce film au budget de 4,9 millions d'euros.

Si Djamel Bensalah s'est longtemps interrogé sur l'idée de faire une suite à Neuilly sa mère !, le scénariste a finalement sauté le pas en raison du paysage politique qui a, selon lui, profondément changé ces dernières années. Il explique : "J’ai été attristé de voir l’état de la France se détériorer, la vie politique s’altérer et constater que la crainte du déclassement social s’accroît de jour en jour dans l’esprit des Français. En donnant une suite à « Neuilly sa mère ! », je ne propose pas un remède à la crise, j’essaie de toucher du doigt les problématiques actuelles et d’offrir un message d’espoir et d’espérance à partager avec l’ensemble des spectateurs."