La première adaptation du roman éponyme de Thomas Cullinan a le mérite d’avoir été remis au goût du jour par le remake de Sofia Coppola en 2017. Sinon il est très probable que je serai passé à côté. En effet, cette production aujourd’hui endormie ne compte pas parmi les films majeurs de Clint Eastwood, principalement à cause de l’échec commercial amené par une très mauvaise promotion. Pourtant, c’est un film pas si mal que ça : le générique de début nous plante le contexte avec une efficacité redoutable, en faisant entrer le spectateur dans le contexte de la Guerre de Sécession par le bruit des pas cadencés, le sifflement d’un train, la musique, de vrais faux clichés photographiques d’archives, puis le déferlement des armes à feu et pièces d’artillerie. Puis vient ensuite la première maladresse, avec le secours un peu facile d’un soldat de l’Union par une jeune fille de tout juste 12 ans. Au moins, on ne peut pas dire que le scénario s’encombre d’entrée en matière des plus détaillées. Au contraire, on vient rapidement au fait et on a vite fait de deviner qui sont les proies. Et le développement de l’intrigue va suivre cette voie-là, sans s’attarder plus que ça sur l’évolution des blessures du soldat, ni sur la naissance des sentiments. Allons, allons, il n’y a guère d’opération de séduction avant que toutes ces femmes jeunes et moins jeunes ne tombent à genoux devant leur Apollon. Par je ne sais quel miracle, elles tombent toutes raides dingues de ce soldat. L'opération du Saint-Esprit sans doute... En revanche, et c'est assez paradoxal, la psychologie des personnages est bien travaillée, illustrée notamment par des flashbacks. Honneur a été donné à la dimension psychologique (devrais-je dire « l’emprise » pour être plus précis et mieux me faire comprendre) dans un pensionnat de jeunes filles sudiste dans lequel on enseigne bon nombre de choses, dont les codes de bonne conduite. L’avantage est que cette approche donne du liant au développement de l’histoire, en personnifiant l’objet de désir irrésistible, ce qui ne va pas manquer de perturber le bon fonctionnement de l’établissement, promu véritable vivier de proies faciles. Convoitises, désirs, rivalités vont peu à peu constituer le nouveau rythme de vie de ce havre de paix au féminin… au point de transformer ces femmes malgré elles en prédatrices ? En hébergeant un homme contrairement à leur éthique liée à leur appartenance politique, vont-elles finalement transformer leur invité impromptu en proie ? Vous trouverez la réponse en regardant ce film. Intéressant, mais il y a des choses qui auraient méritées d’être creusées, comme dit plus haut.