Hard Paint : les secrets du tournage

Filipe Matzembacher et Marcio Reolon (nés tous les deux à Porto Alegre, respectivement en 1988 et 1984) sont deux réalisateurs et scénaristes brésiliens. Ils se sont rencontrés en étudiant le cinéma à la PUCRS (Université Pontificale Catholique de Rio Grande do Sul) et depuis, ils travaillent toujours ensemble. En 2010, Filipe et Marco montent leur société de production Avante Filmes. Ils sont aussi tous deux professeurs d’art dramatique et travaillent en tant que programmateurs pour deux festivals. Marcio est aussi acteur, il s’est produit dans plusieurs films et sur scène. En 2015, Filipe et Marcio réalisent leur premier long-métrage Beira-Mar, présenté au festival de Berlin dans la section « Forum ».

Pour les réalisateurs Filipe Matzembacher et Marcio Reolon, l’idée initiale vient d’un sentiment d’abandon. Ils vivent dans une ville de taille moyenne (Porto Alegre). Après leur adolescence, bon nombre de leurs amis sont partis dans des villes plus grandes au Brésil ou même à l’étranger. "Pour ceux qui sont laissés derrière, comme nous, il y a les souvenirs, et l’impression de rester dans une ville abandonnée par tant d’autres. Et le contact virtuel que l’on peut garder avec certaines personnes nous semble insuffisant. C’est notamment cette idée de non-matérialisation et de création d’une identité fictive qui nous a motivé pour certains aspects du personnage principal, Pedro, en particulier la question de la dualité entre le monde matériel et le monde virtuel représenté par « Neon Boy ». Enfin, notre processus d’écriture a été affecté par un turbulent mouvement politique et social, caractérisé par l’affaiblissement de la démocratie brésilienne et la montée en puissance du conservatisme, en plus des vagues de préjugés au Brésil et dans le monde. Cela nous a rempli de colère et de désespoir qui ont imprégné le film. Ces sentiments nous ont guidé pendant l’écriture du script."

Filipe Matzembacher et Marcio Reolon sont tous les deux acteurs, donc le travail avec les comédiens est toujours un élément central de l’élaboration de leurs films. Ils ont eu de longues périodes de répétitions, avec une approche presque plus proche de celle du théâtre que du cinéma. "On a dû prendre notre temps avec l’acteur qui joue Pedro. On voulait quelqu’un qui venait de notre ville natale. Mais par-dessus tout, il devait avoir un look fragile avec une certaine agressivité latente. On devait croire que, dans une situation particulière, il serait capable de commettre un acte violent. On a rencontré Shico Menegat à une fête, et on a vu en lui les caractéristiques qu’on recherchait. Il n’avait jamais joué avant mais il était très intéressé par ce défi. Ensuite on a répété pendant sept mois. Au troisième mois, Bruno Fernandes (Leo) nous a rejoint. Il était étudiant en art dramatique et membre d’une troupe de théâtre importante dans notre ville, mais il n’avait jamais joué face à la caméra. Depuis la première fois que nous l’avions vu sur scène, on désirait travailler avec lui et le personnage de Leo était la bonne occasion pour ça. C’était un processus très riche et intense d’échange, de conversations et beaucoup de répétitions."

Filipe Matzembacher et Marcio Reolon voulait que le titre soit en relation avec le personnage principal. "Pedro a un côté fragile et délicat, mais aussi une pulsion agressive en lui. Le titre fait référence à cela. Cependant, il correspond aussi à l’existence de l’individu queer. La peinture, elle, accentue le côté « performance » loin des standards établis, de quelqu’un qui se démarque de l’ordinaire, mais est constamment menacé par un monde hostile et violent."